Benoit-et-moi 2017
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Le Pape Anathème 1er

Un court article italien, qui fait le point sur la "stratégie bergoglienne" (12/6/2017)

>>> Cf. Les homélies de Sainte Marthe (comment elles définissent un nouveau magistère et préfigurent l'Eglise du futur)

Qu’aiment donc, chez Bergoglio, les ennemis traditionnels de l’Eglise ? Qu’il est le plus efficace des démolisseurs de l’Eglise. Une ville se prend plus facilement avec un cheval de Troie qu’avec un assaut de l’extérieur. Et Bergoglio est exactement ce cheval de Troie.

Le Pape Anathème Ier

Antonio Righi
26 mai 2017
www.libertaepersona.org
Traduction d'Isabelle

* * *

Il se passe, aujourd’hui, quelque chose d’inédit pour des millions de catholiques : aux assauts d’une culture hostile, nihiliste et athée — à laquelle, désormais, les Européens sont habitués depuis plus ou moins deux siècles, — s’ajoute le feu nourri quotidien tiré de leur propre camp. Jusqu’il y a quatre ans d’ici, l’Eglise avait son unité. Les hérétiques, c’est-à-dire ceux qui visaient à détruire en profondeur le patrimoine de la foi, n’y manquaient certes pas. Ils n’ont d’ailleurs jamais manqué, pas plus que les profiteurs et les hypocrites. Mais ils étaient, en quelque sorte, contraints au camouflage. Aujourd’hui, cela n’est plus nécessaire : médias laïcistes et siège apostolique chantent toujours la même chanson. Allumez «Radio radicale» : l’idole est Bergoglio. Lisez la Repubblica : l’idole est Bergoglio. Ecoutez les discours des champions du mondialisme : vous y trouverez à coup sûr un tribut obséquieux à l’actuel locataire de Sainte-Marthe. Ceux qui détestaient Benoît et l’Eglise vénèrent aujourd’hui Bergoglio.

Qu’aiment donc, chez Bergoglio, les ennemis traditionnels de l’Eglise ? Qu’il est le plus efficace des démolisseurs de l’Eglise. Une ville se prend plus facilement avec un cheval de Troie qu’avec un assaut de l’extérieur. Et Bergoglio est exactement ce cheval de Troie. Chaque jour, il défonce un petit mur, détache une poutre, égratigne un dogme… Toujours de manière ambiguë, toujours en connivence avec la culture dominante ; toujours en se présentant comme un novateur à l’écoute des temps, différent de ses prédécesseurs. L’Islam ? Une « religion de paix ». L’immigration sans limites, qui cache l’exploitation et le commerce d’êtres humains ? Une « bénédiction ». La culture gay ? Ou bien le silence, ou bien des phrases ambiguës du type : « Qui suis-je pour juger ? ». Quant aux catholiques qui demeurent fidèles à leur femme, à la doctrine, à l’enseignement qu’ils ont reçu ? Des « sépulcres blanchis », des « pharisiens », des « cœurs durs » ... Un ami qui voudrait ne plus aller à l’église, tant il se sent trahi, a rebaptisé Bergoglio : « Anathème Ier ». Bien trouvé, puisqu’à toute ouverture ad extra correspond une violente invective ad intra.

Paul VI parlait d’« autodémolition de l’Eglise par ses propres ministres » et de « fumée de Satan dans le temple de Dieu » : il savait bien qu’en utilisant ces termes, il rappelait les prophéties qui ont toujours annoncé l’apostasie dans l’Eglise comme un signe apocalyptique.

Cette apostasie peut exister, dans une mesure plus ou moins grande, à toutes les époques ; mais aujourd’hui, elle est plus évidente que jamais. Les prêtres fidèles sont persécutés, les infidèles récompensés. A Rome, m’assurent de nombreux témoins amis qui vivent de l’intérieur les intrigues vaticanes, la cour ne fut jamais aussi « courtisane » : Bergoglio promeut systématiquement ceux qui défendent sa propre vision et écrase ceux qui ne la partagent pas. De ce qu’il avait promis (IOR, pédophilie…), il n’a rien mis concrètement à exécution ; il ne remue pas le petit doigt devant les scandales financiers qui touchent ses protégés comme Mgr Paglia ou Mgr Mogavero, mais il utilise le couperet ou affiche un mépris grossier à l’égard de qui ose formuler une question ou soumettre un doute légitime. En attendant, chaque fois qu’il le peut, il nomme des évêques qui souscrivent aux parties les plus controversées d’Amoris Laetitia, qui pratiquent le dialogue avec l’Islam ou font de l’ouverture tous azimuts à l’immigration leur priorité.

Entendre parler le nouvel évêque de Ferrare, Mgr Perego rend très perplexe, mais est en même temps très instructif : là où Benoît XVI avait placé un homme comme Mgr Luigi Negri, orthodoxe et rigoureux, Bergoglio a installé, pour le remplacer, un prélat qui en est, trait pour trait, l’exact contraire.
Pour ne rien dire de Mgr Galantino et de tous les colonels et officiers, qui participent à la démolition de l’Eglise, qu’ils transforment en une ONG politisée, et se gardent toujours d’élever la voix quand le parlement promeut l’euthanasie, la libéralisation de la drogue et le mariage gay…

Comment tout cela peut-il arriver ? Dans un climat « courtisan », comme nous l’avons qualifié : il y a quantité de prélats qui ont compris que l’ancien cursus honorum n’est plus en vigueur. Les congrégations ne décident plus rien ; les évêques en titre et les nonces sont entendus juste pour la forme ; la synodalité n’est qu’un terme vidé de son sens, un simple flatus vocis. François décide de tout : il faut donc entrer dans ses bonnes grâces, le flatter et se mettre à l’abri de ses colères soudaines ; il faut le renforcer dans sa conviction d’être réellement un grand réformateur, comme François, ou Luther, ou comme Castro (pour Bergoglio, qui ne brille certes ni par sa culture, ni par sa finesse théologique ou philosophique, c’est la même chose !)

On voit ainsi naître des carrières inattendues : des hommes qui surgissent tout à coup et disparaissent de manière tout aussi soudaine (avec en poche la nomination qu’ils briguaient) ; des prêtres que Bergoglio a rencontrés une fois ou deux, dont il « s’amourache », et qui se trouvent d’un coup récompensés, chouchoutés, dorlotés, jusqu’à recevoir des emails personnels. Oui, l’Eglise est une monarchie, mais une monarchie « constitutionnelle ».
« Si, dans l’Eglise, il n’existe plus ni depositum fidei, ni respect pour le magistère précédent, ni droit canon, ni tribunaux ecclésiastiques … », me confie un important et saint prêtre, « alors l’Eglise devient non plus une monarchie mais une tyrannie. Et la manière dont Bergoglio se comporte avec les personnes est la même que celle dont il traite la doctrine, qu’il devrait connaître et dont il devrait être le serviteur et non le maître ».

« Pourquoi - lui demandé-je -, dites-vous "devrait connaître" » ?
« Vous voyez bien - me répond-il -, que lorsqu’on lui pose une question qui mériterait une réponse nette et à contre-courant, il renvoie au catéchisme ou bien, comme dans le cas de la bio-éthique, dit qu’il ne s’y connaît pas ? A l’entendre, il est compétent en ce qui concerne le climat, l’environnement, l’immigration, la sociologie, le trafic d’armes…, mais pour ce qui est de la foi, soit il renvoie à un texte que les journalistes ne connaissent pas, soit il proclame son ignorance. Selon vous, pourquoi?»

Le dos au mur, je suis bien obligé de répondre : « Pour le catéchisme on voit bien qu’il ne le connaît pas, qu’il ne l’aime pas — mais il ne peut pas le dire ouvertement — et enfin qu’il évite de le citer explicitement, pour éviter de s’attirer l’inimitié de ses fans laïcards ».

« Vous savez pourquoi le pape ne répond pas et ne répondra jamais aux dubia ? », conclut mon interlocuteur.
- Pourquoi ?
« Je vous le dis : parce que, s’il répondait, il deviendrait évident qu’Amoris Laetitia rompt brutalement avec deux mille ans de tradition ; lui veut cette rupture, mais sans le dire, en bon jésuite. Et pour une autre raison : en ignorant superbement non pas quatre, mais de très nombreux cardinaux, il affirme clairement que c’est lui qui décide de tout et qu’il ne tient pour rien le collège des cardinaux. Vous imaginez : si Pierre avait ignoré les dubia de Paul ? L’Eglise serait morte à sa naissance…»