Benoit-et-moi 2017
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Le Pape "Jésus II"

Une blague papale... d'un goût douteux, c'est le moins que l'on puisse dire. A. Socci nous explique comment il va apporter des "changements irréversibles" à l'Eglise. Ou du moins essayer (25/9/2017)

>>> Voir sur le blog de Jeanne Smits: La correction filiale adressée au pape François par des laïcs et des théologiens catholiques.

(...) à Sainte Marthe circulent aussi d'autres idées «révolutionnaires». L'une d'entre elles est même l'abolition de l'État du Vatican, ce qui permettrait au pape argentin de passer à l'histoire comme celui qui a définitivement balayé d'un seul coup la Curie du Vatican et le «pouvoir temporel» de l'Église.
C'est un objectif très difficile à atteindre. Mais puisque toute cette révolution met déjà en émoi et sur le pied de guerre une grande partie du monde catholique, et qu'il est prévisible qu'elle finira par entraîner un soulèvement du Collège des Cardinaux, Bergoglio fait étudier, dans les replis du droit canonique, l'exceptionnalité de situations qui lui permettraient de nommer son successeur, dépossédant les cardinaux et rendant sa révolution véritablement «irréversible».

Ce passage, effectiveement stupéfiant, fait réagir le P. Scalese, qui a lui-même écrit récemment un article sur le caractère irréversible des réformes de François.
Son dernier article est ici:
querculanus.blogspot.fr/2017/09/quale-conversione-del-papato....
A suivre.

Ce qu'a fait et ce que veut faire le "Pape Jesus II", le démolisseur

24 septembre 2017
www.antoniosocci.com
Ma traduction

* * *

Ce matin a été publiée la lettre que 40 intellectuels catholiques du monde entier (ils sont déjà devenus 62) ont remise au Pape Bergoglio le 11 août dernier. «Une démarche qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire moderne de l’Eglise»
écrit Sandro Magister car «il faut remonter à 1333 pour retrouver un épisode analogue, c’est-à-dire une "correction" publique adressée au pape pour des hérésies soutenues par lui et ensuite effectivement rejetées par le pape de l’époque, Jean XXII. Les hérésies dénoncées par les signataire de la lettre sont au nombre de sept. Et elles se trouvent toutes, selon eux, dans le chapitre huit de l’exhortation apostolique "Amoris laetitia", dont ils citent les passages incriminés».

Aucun pape n'avait osé jusqu'à présent s'attribuer le nom de saint François d'Assise, l'alter Christus. Bergoglio l'a fait.
Mais lui - dans le livre interview avec Dominique Wolton,"Politique et societé" qui vient de paraître - comme une "excusatio non petita" (parce que personne ne le lui avait demandé) il dit en plaisantant que ce n'était pas un acte d'orgueil, mais plutôt d'humilité, parce qu'il aurait pu aussi s'appeler "Jésus II". Il souligne évidemment qu'il plaisante (même Harlequin s'est confessé pour rire...).
Mais il [plaisante aussi sur] la présomption argentine («Savez-vous quelle est la meilleure affaire? Acheter un Argentin pour sa valeur et le vendre pour la valeur qu'il croit avoir. Il ajoute qu'un Argentin se suicide en se jetant du haut de son propre Ego.....
Bref, il étale beaucoup d'auto-ironie sur l'ego argentin, tellement qu'il montre clairement qu'il doit y avoir là un problème. Peut-être même un gros problème qu'a essayé en vain - de résoudre la psychanalyse il y a des années.
C'est peut-être même de sa part une façon inconsciente de demander de l'aide. Mais l'homme semble désormais prisonnier de cette machine de guerre appelée Ego-latrie sous la forme d'une papolaterie planétaire.

La caractéristique déterminante de ce pontificat est l'énormité des ambitions.
Bergoglio semble vouloir "refonder" l'Eglise et presque se proposer réellement comme un "pape Jésus II", ce qui veut dire d'une certaine manière évincer le vrai Fondateur, le Christ, qui - connaissant ses poulets - avaient averti que ses paroles et ses commandements restent pour toujours et ne changent pas avec le temps (Mt 24,35).
Jésus alla jusqu'à frapper de ses foudres le premier pape en l'appelant "Satan" quand Pierre se mit à penser «selon l'homme et non selon Dieu» (Mc 8,33). Le risque est toujours présent.
Aujourd'hui, nous assistons à la refondation bergoglienne qui "corrige" Jésus lui-même, en l'adaptant aux temps et aux hommes.
Dans Amoris laetitia, il prétend en effet être plus miséricordieux que le Christ (qui était un rigoriste, contrairement aux Pharisiens qui étaient "bergogliens").
L'ambition du pape argentin a même été proclamée par l'un de ses plus proches collaborateurs dans une interview avec le "Corriere della Sera" du 10 mai 2015 [NDT: cf. benoit-et-moi.fr/2015-I].

IRRÉVERSIBLE
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Victor Manuel Fernandez, son bras droit, disait textuellement : «Il faut savoir qu'il (Bergoglio) vise des réformes irréversibles».
Une phrase qui peut avoir une interprétation très révolutionnaire et hétérodoxe pour l'Église.
Car l'Église appartient à Jésus-Christ, et non au pape. Les papes ne sont que des gardiens temporaires, pas les propriétaires: ils n'ont pas un pouvoir qui s'étend au cours des siècles comme Jésus-Christ.
Par définition, seule est "irréversible" la Loi de Dieu, qui se trouve dans l'Écriture Sainte et dans le Magistère constant de l'Église.
Les papes sont soumis à cette loi, ils n'en sont pas maîtres. Ils doivent être comme les conducteurs de la voiture qui conduit l'Épouse (l'Église) à la rencontre avec l'Époux (le Christ lui-même).
Si un conducteur s'appropriait la mariée, changeant irréversiblement son destin et ses caractéristiques, cela signifierait qu'il remplace le véritable époux. Comme si c'était un "Jésus II".
Mais ceci n'est pas permis au chauffeur de la mariée. Jésus est un marié jaloux, dit le Cardinal Biffi.

En effet, le mandat que Jésus a donné à Pierre et à tous ses successeurs n'est nullement celui de "changer" l'Église (surtout de manière irréversible"), mais - au contraire - celui de la "garder" (en gardant le "depositum fidei" et en confirmant ses frères et ses sœurs dans la foi).
Le pape - par définition - ne peut être que "conservateur", sinon il n'est plus pape. Son ministère est de préserver la foi de l'Église dans l'intégrité. Pas d'en faire une femme de la rue à la merci du monde.

COMME UNE ONG DE SOROS
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Venons-en donc aux changements «irréversibles» du bergoglisme. Le plus frappant est la transformation de l'Église - aux yeux des gens - d'une réalité surnaturelle qui conduit au salut éternel à une agence humanitaire qui professe une religion entièrement sociale et politique centrée sur la migration de masse comme Bien Suprême, l'écologisme catastrophiste et l'étreinte acritique à l'Islam.
L'Eglise de Bergoglio, centrée sur ces "droits de l'homme", a noté Ernesto Galli della Loggia [NDT: intellectuel italien libéral, il est l'époux de Lucetta Scaraffia, la "féministe" de l'OR, comme dit La Croix] sur le Corriere della Sera il y a quelques jours, «se superpose à d'autres présences organisatives, idéologiques et politiques qui n'ont rien à voir avec sa tradition. A commencer bien sûr par les grandes agences internationales comme l'ONU ou la FAO».
Galli ajoute qu'«il existe une large superposition du même type avec les composantes, pour ainsi dire, laïco-progressistes, propres à l'univers idéologique politique des pays occidentaux, composantes qui elles n'ont plus n'ont rien à voir avec la tradition catholique» et qui ont des programmes, en particulier en termes de moeurs, «qui sont certainement étrangers» à «l'Église de Rome».
Galli della Loggia poursuit en notant que les thèmes de l'Eglise bergoglienne recoupent cette idéologie humanitaire «qui anime aujourd'hui la présence publique débordante de quelques figures richissimes et extrêmement influentes de "philanthropes mondialistes" - je ne saurais pas comment les appeler autrement: Soros ou Zuckerberg ou Bezos [NDT: PDG d'Amazon] - désormais promus au rang d'autenthiques prophètes médiatiques: eux aussi ne sont pas seulement étrangers, mais sans aucun doute hostiles au christianisme catholique».
Une telle transformation de l'Église était espérée depuis longtemps par tous les ennemis de l'Église. Comme Ludwig Feuerbach (1804-1872), qui a écrit que «pour tuer le christianisme», il n'est pas nécessaire de recourir à la «persécution», laquelle «au contraire le nourrit et le renforce». Sa destruction ne peut se produire que d'une autre manière: «Ce sera à travers la transformation irréversible du christianisme en humanisme athée, avec l'aide des chrétiens eux-mêmes, guidés par un concept de charité, qui n'aura rien à voir avec l'Évangile».

DÉMOLITION
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Nous y sommes donc. Mais d'abord, il faut achever de détruire la cathédrale bimillénaire de l'Église catholique.
Après Amoris laetitia, qui - selon des cardinaux et des évêques catholiques - mine trois sacrements fondamentaux (la confession, l'Eucharistie et le mariage), un autre coup de massue est venu avec le récent Motu Proprio sur les traductions de livres liturgiques, fait derrière le dos du Cardinal Sarah, qui est le Préfet de la Congrégation du Culte.
Selon beaucoup, c'est l'ouverture du chemin pour légitimer une attaque finale contre l'Eucharistie et le sacerdoce. On risque d'aller vers une fusion progressive avec les rites protestants, ce qui serait «l'abolition du sacrifice» et la fin de l'Église catholique elle-même (du reste, il est devenu normal parmi les bergogliens de qualifier la Réforme protestante de bénédiction pour l'Église).

Mais à Sainte Marthe circulent aussi d'autres idées «révolutionnaires» (l'adjectif que Scalfari applique toujours à Bergoglio). L'une d'entre elles est même l'abolition de l'État du Vatican, ce qui permettrait au pape argentin de passer à l'histoire comme celui qui a définitivement balayé d'un seul coup la Curie du Vatican et le «pouvoir temporel» de l'Église (argument sur lequel Scalfari lui-même revient toujours dans ses entretiens avec Bergoglio).
C'est un objectif très difficile à atteindre. Mais puisque toute cette révolution met déjà en émoi et sur le pied de guerre une grande partie du monde catholique, et qu'il est prévisible qu'elle finira par entraîner un soulèvement du Collège des Cardinaux, Bergoglio fait étudier, dans les replis du droit canonique, l'exceptionnalité de situations qui lui permettraient de nommer son successeur, dépossédant les cardinaux et rendant sa révolution véritablement «irréversible».
Au fond, Mgr Fernandez avait déjà prévu quelque chose de ce genre dans son interview au Corriere: «Les cardinaux eux-mêmes peuvent disparaître, en ce sens qu'ils ne sont pas essentiels. Le Pape et les évêques, eux, sont essentiels».
Et encore: «La Curie du Vatican n'est pas une structure essentielle. Le Pape pourrait même aller vivre en dehors de Rome, avoir un dicastère à Rome et un autre à Bogota et peut-être se connecter par téléconférence avec les experts liturgiques qui résident en Allemagne».

Ce sera ça, l'église du Pape Jésus II?