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Le Pape qu'ils attendaient (I)

Traduction du chapitre I de "The political Pope". Première partie (10/5/2017, mise à jour le 11)

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Un boulet de démolition moderniste pour l'Eglise

Voici donc le premier chapitre de la biographie critique de François "The political Pope" dont il a été question ici: Un boulet de démolition moderniste pour l'Eglise.
C'est une sorte de vademecum à l'usage des "profanes", c'est-à-dire ceux qui ne suivent habituellement l'actualité du pape que distraitement, à travers les gros titres, et n'ont donc de lui qu'une vision (forcément) élogieuse, celle des médias: sont mis bout à bout les gestes, les décisions, les propos (nombreux et répétés) qui suscitent le trouble et le désarroi chez la frange catholique la plus conservatrice - et probablement l'enthousiasme des autres, qu'ils soient progressistes ou simplement mal informés, et des non-catholiques
L'auteur montre en particulier, preuves à l'appui, à quel point François a été influencé puis a fait siennes les utopies marxistes de la théologie de la libération.

Comme c'est assez long, je publie seulement la première partie de la traduction, en attendant la suite.

Le pape qu'ils attendaient

onepeterfive.com

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«Vous devez régler votre position par rapport à l'Église», a crié le pape Jean-Paul II à un Ernesto Cardenal - un prêtre catholique devenu militant marxiste - recroquevillé. En violation de ses vœux religieux, Cardenal avait rejoint le gouvernement communiste sandaliste au Nicaragua, et le pape Jean-Paul II le tançait devant les caméras du monde entier. Cette scène sensationnelle, en 1983, sur une piste de l'aéroport de Managua a fourni l'une des images les plus étonnantes du pontificat anticommuniste du pape Jean-Paul II.

Les lettres de créance anticommunistes du pape Jean-Paul II étaient si solides et son plaidoyer anti-soviétique si efficace qu'aux dires des historiens, les dirigeants du Kremlin avaient engagé un tireur turc pour l'assassiner. Cette tentative échoua, et le Pape Jean-Paul II a continué à dénoncer les Soviétiques jusqu'à ce que leur empire s'effondre en 1991.

Joseph Ratzinger s'est également opposé avec acharnement au communisme. Après avoir occupé le poste de chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Ratzinger a succédé à Jean-Paul II en 2005 et a pris comme nom papal Benoît XVI. Dans son rôle de gardien doctrinal de l'Église, Ratzinger a mis à plusieurs reprises les fidèles en garde contre la «théologie de la libération», une idéologie d'inspiration marxiste déguisée en sollicitude pour les pauvres que les espions soviétiques du KGB avaient aidé à infiltrer l'Église catholique d'Amérique latine dans les années 1950 .

«Le mouvement est né dans le KGB, et il avait un nom inventé par le KGB: théologie de la libération», selon Ion Mihai Pacepa, qui a été chef des services secrets de Roumanie dans les années 1950 et 1960.

Les Soviétiques cherchaient depuis longtemps à infiltrer l'Église catholique. Dans les années 1950, Bella Dodd (voir aussi la notice en anglais, plus détaillée), ex-leader du parti communiste soviétique des Etats-Unis, a témoigné devant le Congrès américain que les communistes occupaient quelques-uns des «postes les plus élevés» de l'Église catholique. «Nous avons placé des centaines d'hommes dans le sacerdoce afin de détruire l'Église de l'intérieur», a-t-elle dit. «L'idée était que ces hommes soient ordonnés, puis gravissent les échelons de l'influence et de l'autorité comme cardinaux et évêques». En tant que membre actif du parti, Dodd déclara qu'elle connaissait «quatre cardinaux au Vatican qui travaillaient pour nous».

Selon Pacepa (Ion Mihai Pacepa: il s'aggit du fonctionnaire le plus haut placé des services d'espionnage de l'ancien bloc soviétique à avoir jamais fait défection. Il est maintenant citoyen américain), le KGB a pris «le contrôle secret du Conseil mondial des Eglises (World Council of Churches - WCC), basé à Genève, en Suisse, et l'a utilisé comme couverture pour convertir la théologie de la libération en un outil révolutionnaire pour l'Amérique du sud». Cherchant à diffuser le marxisme athée parmi les paysans religieux d'Amérique latine, les dirigeants soviétiques ont chargé le KGB d'envoyer des agents dans les cercles ecclésiastiques. En 1968, les évêques d'Amérique latine ont fortement approuvé la théologie de la libération lors d'une conférence à Medellín, en Colombie. Le KGB a servi de marionnettiste pour l'événement, a rapporté Pacepa.
«Dans les années 1950 et 1960, la plupart des Latino-Américains étaient des paysans pauvres et religieux qui avaient accepté le statu quo et [le Premier ministre soviétique Nikita] Khrouchtchev pensait qu'ils pouvaient être convertis au communisme par la manipulation judicieuse de la religion», écrivit-il. «En 1968, le KGB a pu manœuvrer un groupe d'évêques de gauche sud-américains pour organiser une conférence à Medellín, en Colombie. À la demande du KGB, mes [espions] ont fourni une assistance logistique aux organisateurs. La tâche officielle de la conférence était d'aider à éliminer la pauvreté en Amérique latine. Son objectif non déclaré était de légitimer un mouvement religieux créé par le KGB, nommé "théologie de la libération", dont la tâche secrète était d'inciter les pauvres d'Amérique latine à se rebeller contre la «violence institutionnalisée de la pauvreté» générée par les États-Unis.

Sur cette toile de fond historique, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont vu avec inquiétude la propagation de la théologie de la libération en Amérique latine. Ils craignaient qu'une idéologie influencée par le marxisme, que les théologiens progressistes de l'Église catholique utilisaient dans leur propre politique socialiste, ne corrompe la foi catholique. Le pape Benoît XVI qualifia la théologie de la libération d'«hérésie singulière». Il soutint qu'elle trompait les fidèles en dissimulant la «dialectique marxiste» derrière un plaidoyer apparemment inoffensif en faveur des classes inférieures. Il attira l'attention sur l'incompatibilité philosophique du marxisme avec le christianisme et contesta l'affirmation de nombreux hommes d'église, que le christianisme pourrait purifier les éléments marxistes de la pensée socialiste.
Des déclarations radicalement différentes de celles émanant aujourd'hui du Saint-Siège sous le pape François. Le premier pape latino-américain dans l'histoire de l'Église, Jorge Mario Bergoglio a fait les titres non pas pour avoir réprimandé les marxistes, mais pour les avoir soutenus, non pas pour avoir réprimandé les théologiens de la libération, mais pour les avoir honorés.

Sous Jean-Paul II et Benoît XVI, les médias occidentaux parlaient sur un ton critique d'une «guerre sainte contre la théologie de la libération». Aujourd'hui, les médias attendent impatiemment des nouvelles sur la sympathie du pape François pour elle. «La réhabilitation de la théologie de la libération se poursuit au Vatican», énonçait le titre caractéristique d'un article d'Associated Press.

Dans l'une de ses premiers interviews majeures, le pape François déclara que les théologiens de la libération avaient une «haute conception de l'humanité». Quelques mois après son élection le 13 mars 2013, François a reçu au Vatican avec les honneurs le père fondateur de la théologie de la libération, le prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez. Gutiérrez avait disparu des hautes sphères ecclésiastiques sous Jean-Paul II et Benoît XVI après avoir lancé un appel marxiste pour «une participation effective à la lutte que les classes exploitées ont entreprise contre leurs oppresseurs». Mais après l'arrivée de François, Gutiérrez s'est soudain trouvé couvert d'éloge. Des représentants du Vatican l'ont qualifié de penseur impeccable, responsable de l'un des «courants les plus importants de la théologie catholique du XXe siècle». Le journal du Vatican, L'Osservatore Romano, a affirmé que l'élection du Pape François sortirait la théologie de la libération de «l'ombre où elle avit été reléguée pendant des années, au moins en Europe».

Leonardo Boff, qui s'est longtemps glorifié de son statut de théologien de libération renégat au Brésil, a également connu un magnifique changement de fortune après l'élection du pape François. En raison de son marxisme ouvert, Boff s'était vu imposer le silence par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de Jean-Paul II. Boff avait également été condamné par le Vatican pour ses pitreries inquiétantes lors du Sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro - un activisme qui a finalement conduit Boff à quitter le sacerdoce. Mais ces jours-ci, Boff se retrouve dans les bonnes grâces de l'Église. Le Pape François l'a recruté pour servir de conseiller à Laudato Si', son encyclique de 2015 approuvant l'agenda politique des activistes du changement climatique.

Profitant du nouveau vent soufflant en provenance du Vatican, Miguel d'Escoto Brockmann, dont le rôle dans le gouvernement révolutionnaire marxiste du Nicaragua dans les années 1970 avait entraîné sa suspension du sacerdoce, a envoyé en 2014 une demande au pape François afin que ses facultés sacerdotales lui soient restituées. Le pape François a accordé la demande. «Le Saint-Père a donné son assentiment bienveillant pour que le Père Miguel d'Escoto Brockmann soit absous de la censure canonique qui lui a été infligée et l'a confié au supérieur hiérarchique de l'institut (Maryknoll) pour l'accompagner dans le processus de réinsertion dans le sacerdoce ministériel», a annoncé le Vatican.

D'Escoto, parmi ses autres activités marxistes, avait participé au Conseil mondial des églises susmentionné, contrôlé par le KGB. Dès que le pape François eût accordé la demande d'Escoto, le lauréat du Prix Lénine de la paix reprit ses polémiques marxistes, qualifiant le capitalisme de «doctrine et pratique les plus anti-chrétiennes jamais conçues par l'homme pour nous tenir séparés et inégaux dans une sorte d'apartheid mondial». Il condamna le pape Jean-Paul II pour «abus d'autorité» et s'extasia sur Fidel Castro, le qualifiant de figure inspirée dont le régime (meurtrier) annonçait «le royaume de Dieu sur cette terre, c'est-à-dire l'alternative à l'empire». Encore maintenant, en tant que prêtre bien vu sous le pape François, d'Escoto reste membre du Front de libération nationale sandiniste et continue de servir de conseiller à Daniel Ortega.

Selon Boff, le pape François finira par réhabiliter tous les théologiens de la libération condamnés d'Amérique latine. Boff croit que le pape François attend la mort de leur ancien opposant, le pape Benoît XVI. «Je crois que tant que le pape retraité vivra, il ne se réconciliera pas, et ne réhabilitera pas ces théologiens», selon Boff. «Mais, quand il sera seul, il sauvera les 500 théologiens dont les têtes ont été coupées. Je crois que ce pape est capable de démanteler cette machine de punition et de contrôle, et de la laisser aux églises locales».

UN PONTIFICAT RADICAL
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Après seulement quatre ans de son pontificat, François est apparu comme l'un des papes les plus politiques de l'histoire de l'Église. Son activisme de gauche est continuel, allant des causes de la promotion de la théorie du réchauffement planétaire, du soutien de l'amnistie et des frontières ouvertes jusqu'à l'abolition de la prison à vie. Cela seul rendrait cette papauté historiquement significative. Mais les ambitions du pape François vont bien au-delà d'un dilettantisme politique exceptionnellement agressif. Comme cela sera détaillé dans ce livre, il défend non seulement l'agenda politique radical de la gauche mondiale, mais subvertit également l'enseignement catholique séculaire de la foi et de la morale, ce que rend évident son soutien sans précédent à l'administration du sacrement de la sainte communion aux divorcés remariés et on action pour diluer les engagements moraux et théologiques de l'Église.

A un moment de relativisme moral répandu et d'agressions contre le mariage, son Synode des évêques sur la famille de 2014-2015 a servi non pas à renforcer les positions de l'Église, mais à les affaiblir. Pour la première fois dans l'histoire de l'Église, un pape a approuvé les catholiques vivant dans un état d'adultère. Il a également autorisé ses proches à présenter des propositions sans précédent en faveur de la bénédiction des «aspects positifs» des relations homosexuelles et des couples vivant ensemble en dehors du mariage.

Au milieu de cette confusion doctrinale, de nombreux cardinaux commencent à ressentir le "remords de l'acheteur". «Plus il parle, pire c'est» dit un responsable du Vatican, qui a demandé à rester anonyme, dans une interview pour ce livre. «Beaucoup d'évêques et de cardinaux ont très peur de s'exprimer, mais ils sont en état d'apoplexie. L'atmosphère est tellement politisée et faussée. L'Église devient méconnaissable».

«Nous n'avons pas touché le fond», dit un prêtre américain interviewé pour ce livre. Il décrit ses paroissiens comme «en détresse», au point qu'il fait circuler une liste de tous les papes pour leur rappeler que «les mauvais papes ne vivent pas éternellement».

«Je n'ai jamais été aussi découragé par les perspectives de l'Église», a déclaré un prélat anonyme à un magazine traditionaliste en 2015.
Dans une interview à l'hebdomadaire espagnol Vida Nueva, le cardinal Raymond Burke, l'ancien chef de la plus haute Cour du Vatican, qui a été retiré de ce poste par le pape François en 2013, a révélé que «beaucoup m'ont exprimé leur inquiétude» et que «dans ce moment très critique, il y a un fort sentiment que l'Église est comme un navire sans gouvernail».

Ce sont des «temps sombres», a déclaré l'évêque Athanasius Schneider du Kazakhstan. Le libéralisme de ce pontificat, affirme-t-il, expose les fidèles au «danger spirituel» et crée les conditions pour la «diffusion rapide et facile des doctrines hétérodoxes».

«Il y a des manifestations évidentes de malaise», selon le correspondant du Vatican Sandro Magister dans une interview à Italia Oggi.
«Cela commence à être comme si les cardinaux avaient commis une grave erreur lorsqu'ils ont décidé que ce catholique particulier devrait être le Pape», écrit le journaliste catholique britannique Damian Thompson.

«Au Vatican, certaines personnes soupirent déjà: "Aujourd'hui, il va encore avoir une nouvelle idée différente d'hier" », dit le philosophe allemand Robert Spaemann. «On ne peut pas échapper complètement à l'impression de chaos».

Dans une interview pour ce livre, Michael Hichborn, président d'une organisation catholique de Virginie, appelé par l'Institut Lépante, a raconté: «J'ai rencontré un évêque qui s'est adressé à moi en disant: "Comment rester fidèle à Pierre lorsque Pierre n'est pas fidèle à l'Église?". Il était vraiment désamparé et se sentait coincé».

Un tel désarroi ne perturbe pas le pape François. Il idéalise même son imprudent activisme hétérodoxe. «Je veux le désordre [lio]», a-t-il déclaré lors des Journées mondiales de la jeunesse de 2013 à Rio de Janeiro. «Nous savions qu'à Rio, il y aurait un grand désordre, mais je veux du désordre dans les diocèses!» Beaucoup de catholiques y ont vu un objectif incroyable à atteindre pour l'Église. Mais son pontificat est indéniablement en accord avec cela. «Mission accomplie», a lancé malicieusementl'évêque Thomas Tobin de Providence (Rhode Island), en 2014.

Suprêmement confiant dans son parcours chaotique, le Pape François hausse les épaule devant les inquiétudes croissantes et se réjouit de sa réputation de rebelle socialiste et moderniste.
Après qu'au début de son pontificat, il ait décrié le capitalisme dénonçant la «trickle down economics» (cf. https://goo.gl/cVPkDq ) - une phrase polémique forgée par la gauche au cours des années Reagan, et que François emprunte fréquemment - l'animateur de radio Rush Limbaugh a commenté: «C'est du pur marxisme qui sort de la bouche du pape». L'animateur de talk show Michael Savage l'a appelé «le pape de Lénine». Le pape François a pris ces commentaires pour des compliments. «J'ai rencontré dans ma vie beaucoup de marxistes qui sont de bonnes personnes, alors je ne me sens pas offensé», a-t-il dit à la presse italienne.

à suivre...

Mise à jour le 11/5

Réflexion de mon amie Nathalie:

L'auteur dit que le KGB a infiltré LE CONSEIL OECUMENIQUE DES EGLISES sis à Genève dans le but de miner l'Eglise catholique, qui N'EN FAIT PAS PARTIE mais qui y collabore sur certains sujets (voir notice Wikipedia). Est-ce sûr? Pour infiltrer l'Eglise catholique, il y a des moyens bien plus directs et aisés décrits dans l'article. D'ailleurs, les catholiques sont les premiers idiots utiles du marxisme, à commencer par le Pape actuel, sans que personne ne les y pousse! N'était-ce pas plutôt pour agir sur l'Eglise orthodoxe qui fait partie de ce Conseil?

Il y a une chose qui affaiblit un peu la démonstration de l'auteur. Il dit que le Pape est favorable à la bénédiction des couples homosexuels et autres facilités pour les couples "irréguliers" etc... C'est peut-être vrai in petto mais les défenseurs de François auront beau jeu de dire qu'il ne l'a jamais affirmé publiquement et que ce n'est pas écrit dans AMORIS LAETITIA. La vérité est plus subtile. François a préparé tout un état d'esprit menant à ces dérives. Ce qui est certain, à partir des documents officiels, c'est que les divorcés-remariés peuvent communier après un simulacre de discernement avec un prêtre (ou même sans, dans la pratique!) et que la cohabitation d'hétérosexuels ou d'homosexuels n'est nulle part condamnée comme non conforme à la morale catholique, dans ce document. Il n'y a aucune mention de la cohabitation avant le mariage... dans un document sur la famille (!!), alors que le Catéchisme de l'Eglise catholique et Benoît XVI l'ont réprouvée clairement, pour les catholiques. On peut poser des principes sans exclure les pécheurs de la miséricorde : ce que certains font semblant de ne pas comprendre. La morale sexuelle catholique a bien été modifiée, ne serait-ce que par des omissions, sous le pontificat de François. L'auteur aurait plus de force de démonstration s'il était plus précis.
(cf. benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/la-cohabitation-pre-matrimoniale - voir les citations de Benoît XVI et de quelques évêques... avant l'ère François).