Benoit-et-moi 2017
Vous êtes ici: Page d'accueil » Actualité

Le Pape roi

Le Pape roi Pie VIII (1829-1830)

... en dépit des apparences! Un portrait de François - la majesté en moins - très éloigné de la vulgate répandue par les médias mais pas si mal vu (7/10/2017)

C'est le genre d'article qui peut donner l'impression de tourner en boucle, mais il n'est pas inutile, dans la mesure où beaucoup refusent encore de regarder la réalité en face et, persistant dans leur aveuglement (version charitable!!!), transmettent une vision totalement faussée du successeur de Benoît XVI.

Le Pape ne tolère pas la dissidence, même pas les questions des siens

Gianfranco Morra
www.italiaoggi.it
7 octobre 2017
Ma traduction

* * *

Il y a un conte de fées qui continue de fasciner l'opinion publique, tant l'imaginaire collectif des masses que l'intelligence sophistiquée des patrons des médias. Bergoglio est un Pape nouveau, différent de tous les autres, qui change la religion et l'Eglise de A à Z. Simple et bon, populaire et pacifique, ouvert à la modernité, méprisant du pouvoir et de l'argent, brisant des siècles de dogmatisme et de privilèges, ami et père de tous, croyants ou non.

Mais beaucoup de ses actions démentent cette caricature. A bien y regarder, François est un Pape ferme et dur, cohérent et inflexible, qui n'a rien changé dans les méthodes autoritaires et exclusivistes de ses prédécesseurs pontificaux théocratiques: Grégoire VII, Innocent III, Boniface VIII. Sa culture est celle de la Contre-Réforme, quand est né l'ordre des Jésuites, lequel, avec son quatrième vœu, est le plus "papiste" de tous. La devise de Bergoglio ne fait que répéter un dogme du Concile Vatican I: «Le Pape, lorsqu'il parle de foi et de moeurs, est infaillible».

Un Pape intégriste, d'autant plus conservateur, qu'il se montre révolutionnaire. Qui utilise le populisme à des fins temporelles. Pour le comprendre, il faut distinguer (comme c'est dans la tradition de son ordre, dont il est le premier Pape) la stratégie et la tactique. La première reste celle de saint Ignace de Loyola: «Ad majorem Dei gloriam», pour la plus grande gloire de Dieu; la second est l'adaptation intéressée de l'agir aux valeurs du monde dans le but de parvenir à un consensus.

Le Pape exerce son ministère pastoral avec style et décision. L'Église est une (et sainte), elle est Pentecôte, pas Babel, et ne peut admettre, même sous forme d'hypothèse, d'opposition à ce qu'elle enseigne. Et encore moins qu'on soupçonne des hérésies dans ses innovations. Il ne tolère pas la dissidence, mais il ne tolère pas non plus les questions. Dans son gouvernement de l'Eglise, il fait preuve de certitudes immuables et d'une rigidité totale. Lui seul décide, lui seul exalte, lui seul anéantit. Il nomme ad libitum, il éloigne ceux qui ne lui obéissent pas (l'Institut pour la famille du pape Ratzinger, il l'a retourné comme une chaussette). Il a de loin dépassé Trump dans la destitution de ses collaborateurs.

Le 19 septembre 2016, quatre cardinaux lui ont présenté leurs dubia. Les mêmes lui ont demandé une audience le 25 avril 2017. Le 19 juillet dernier, 62 prêtres et théologiens, clercs et laïcs lui ont envoyé une lettre de 26 pages, la Correctio filialis, par laquelle ils ont identifié sept hérésies dans son exhortation sur la famille Amoris laetitia. Cela ne s'est pas produit depuis 1333. Mais aujourd'hui, comme l'a dit le Cardinal Caffarra, «seul un aveugle peut nier qu'il y a une grande confusion dans l'Église». Et pourtant, Bergoglio n'a daigné donner de réponse à personne. Un sonnet de Gioacchino Belli me vient à l'esprit,"Li soprani der monno vecchio" (1831; repris par Alberto Sordi dans Il Marchese del Grillo [titre français Le marquis s'amuse]) : «C'era una vorta un Re cche dar palazzo / mannò ffora a li popoli s'editto: / Io so' io e voi nun zete un cazzo». (1)

Qui était ce roi, le Poète, qui était fonctionnaire du gouvernement pontifical, le savait parfaitement.

NDT

(1) Voici le texte original complet en dialecte romain, et ma traduction (approximative!) en français, d'apès la version en italien "moderne": it.wikipedia.org.

« Li soprani der monno vecchio

C'era una vorta un Re cche ddar palazzo
mannò ffora a li popoli st'editto:
"Io sò io, e vvoi nun zete un cazzo,
sori vassalli bbugiaroni, e zzitto.
Io fo ddritto lo storto e storto er ddritto:
pòzzo vénneve a ttutti a un tant'er mazzo:
Io, si vve fo impiccà nun ve strapazzo,
ché la vita e la robba Io ve l'affitto.
Chi abbita a sto monno senza er titolo
o dde Papa, o dde Re, o dd'Imperatore,
quello nun pò avé mmai vosce in capitolo!".
Co st'editto annò er Boja per ccuriero,
interroganno tutti in zur tenore;
e arisposeno tutti: "È vvero, è vvero!". »

Les souverains du Vieux Monde

Il était une fois un roi qui, de son palais,
envoya cet édit au peuple de la rue:
«Je suis qui je suis, et vous n'êtes pas une m...
messieurs les vassaux lâches, et silencieux.
Je suis capable de changer une chose d'un état à un autre et vice versa:
Je peux vous échanger tous pour un rien.
Si je vous pends tous, je ne vous fais pas de tort
Puisque j'ai le pouvoir de vous donner la vie et ce qu'il faut pour vivre.
Quiconque vit dans ce monde sans posséder la charge
ou de Pape, ou de Monarque ou d'Empereur
Celui-là ne pourra jamais faire entendre sa voix en public!»
Avec cet édit, le bourreau vint comme héraut
réclamant l'attention de tous à grande voix
Et tout le peuple répondit: «C'est la vérité, c'est la vérité.»