Benoit-et-moi 2017
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Le Vatican "bénit" une union gay...

J'ai écrit, à dessein, "le Vatican", et non "le Pape", mais après ce dernier scandale (peu médiatisé, y a-t-il saturation, ou banalisation?), la question peut se poser (16/8/2017)

L'information date d'il y a quelques jours, et elle était reprise hier sur le site Riscossa Cristiana, lui même reprenant un article, disons plus "agressif" du site Una Vox, sous le titre radical "Une profusion de blasphèmes et de sollicitations au péché". Mais je n'ai rien vu sur les médias français.
Il est question d'une lettre en provenance de la Secrétairerie d'Etat du Vatican, reçue par un militant LGBT brésilien, qui avait écrit au Pape pour l'informer du baptême des enfants adoptés avec son "compagnon"
Je me suis souvenue avoir lu la semaine dernière un article de la Bussola sur le sujet, d'un ton en apparence plus modéré: Lorenzo Bertocchi, tout en dédouanant le pape (il est possible qu'effectivement, il ne soit pas au courant, mais son attitude ambigüe favorise les interprétations les plus laxistes) met en cause la bureaucratie vaticane.
En passant, se trouve confirmée la "valeur" toute relative à attribuer aux réponses standard du Vatican en réponse aux lettres que l'on envoie au Pape (ou au Pape émérite!): de l'aveu même d'une responsable de la Salle de Presse, elles ne donnent aucune preuve que le vrai destinataire en a effectivement pris connaissance!

Qui contrôle les lettres que signe le pape?

Lorenzo Bertocchi
www.lanuovabq.it
9 août 2017
Ma traduction

* * *

«Le pape François lui aussi vous envoie ses voeux, invoquant pour votre famille l'abondance des grâces divines, pour vivre constamment et fidèlement en tant que chrétiens comme de bons enfants de Dieu et de l'Église». Suit la bénédiction apostolique.
À première vue, une lettre comme beaucoup parmi celles qui sortent de la Secrétairerie d'Etat du Vatican, en réponse aux milliers qui arrivent adressées au pape François pour demander des bénédictions ou des prières.

Au contraire, c'est une missive spéciale, parce que les lignes citées en ouverture de l'article appartiennent à une lettre signée par le conseiller des affaires générales du Secrétariat d'Etat, Mgr Paolo Borgia, et elles ont été considérées comme des félicitation pour le baptême des enfants adoptés par un couple gay brésilien et, plus généralement, comme une bénédiction papale pour les familles arc-en-ciel.

La lettre a été publiée sur la page Facebook de l' un des deux «homogéniteurs», Toni Reis , qui, comme par hasard, est aussi un militant, éducateur et journaliste pour Congreso em foco, magazine qui traite notamment des droits des LGBT.
Cette lettre, a dit Reis à la presse brésilienne, «signifie un grand progrès dans une institution qui pendant l'Inquisition a brûlé les gays et nous envoie maintenant une lettre officielle pour féliciter notre famille. Je suis très heureux, maintenant je peux mourir en paix» .

En avril dernier, le couple d'«homogéniteurs» aurait envoyé [ndt: on notera les précautions de Lorenzo Bertocchi, qui emploie le conditionnel!] une lettre au Pape, lui racontant le baptême de leurs enfants adoptifs et aujourd'hui cette réponse (datée du 10 Juillet) laisse la place à la multiplication d'interprétations visant à mettre en évidence les félicitations de François pour «une famille gay baptisant ses enfants».

La Bussola a contacté la Salle de presse du Saint-Siège pour comprendre un peu mieux l'histoire de cet échange épistolaire. La directrice adjointe, Paloma García Ovejero, souligne qu'il s'agit de l'une des nombreuses réponses de routine, dans ce cas, «préparée par la section portugaise» , que l'asseseur de la Secrétairerie d'Etat envoie aux milliers de lettres que le pape reçoit. En outre, «il n'y a aucune référence personnelle qui suggère que le Saint-Père ait voulu envoyer un message particulier. En effet, elle est adressée à un "Prezado Senhor", autrement dit "Cher Monsieur"» .

A ce stade, il semble que l'on ait affaire à un cas similaire à celui de 2015, quand une lettre envoyée elle aussi par l'assesseur de la Secrétairerie d' Etat, à l'époque Mgr Peter Wells, avait soulevé un tollé médiatique. Cette missive [benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/nouvel-imbroglio-au-vatican] était adressée à Francesca Pardi, fondatrice avec sa partenaire Maria Silvia Fiengo de la maison d'édition pour l'enfance «Lo Stampatello» et auteur de livres «gender» qui avaient été interdits par le maire de Venise, et beaucoup avaient immédiatement titré «Le pape bénit les livres gender».

Cette fois aussi, le bureau de presse du Vatican était intervenu pour calmer le jeu et répéter qu'«il s'agissait d'une réponse privée et donc non destinée à la publication (chose qui malheureusement s'est produite). Toutefois, la lettre n'entendait en aucune façon approuver des comportements et des enseignements non conformes à l'Evangile». Et pour finir, l'instrumentalisation de la lettre était stigmatisée.

Si, dans le cas du couple gay brésilien, on a affaire à un nouveau dérapage bureaucratique, alors il serait opportun que la Secrétairerie d'Etat se pose quelques questions en préparant les réponses de routine. Surtout parce qu'il y a toujours quelqu'un qui attend au tournant pour manipuler les réponses. Et aussi pour éviter que certains malintentionnés croient que derrière les murs du Vatican , il y a des militants zélés, intéressés par l'ouverture des portes au monde LGBT.

Face aux tempêtes médiatiques soulevées par ces réponses de routine, des précisions supplémentaires en provenance des Salles sacrées seraient bienvenues. Par exemple en répétant, comme il est écrit dans l'exhortation Amoris laetitia, qu'«il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille» (n.251). En outre, cela ne ferait pas de mal que les responsables de ces situations désagréables soient invités à occuper un autre emploi.