Benoit-et-moi 2017
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L'Eglise (de François!) contre son clergé...

au moins, celui qui refuse de s'extasier devant le "miracle" en cours. Commentaire du P. Scalese à un article de l'OR (2/8/2017)

Il y a un peu plus d'une semaine, l'Osservatore Romano publiait, sous la plume d'un certain Giulio Cirignano, un article lourdement, et même grossièrement à charge (comme si, à présent que les cartes sont découvertes, les formes n'avaient plus aucune importance) contre les prêtres qui refusent de s'extasier devant le "miracle Bergoglio". Ils n'y sont plus accusés de diviser l'Eglise, comme c'était courant jusqu'à présent, mais d'obscurantisme et l'auteur va jusqu'à mettre en cause leur faible niveau culturel. Air connu, malheureusement, et pas que dans l'Eglise. Les "non alignés" sont souvent crédités par les médias qui comptent d'un QI inférieur à la moyenne.

L'article de l'OR a été traduit en anglais sur le site Rorate Caeli, et il fait l'objet d'un billet du Père Scalese (qui s'est senti visé par l'attaque bien que l'accusation de faible niveau culturel ne puisse certes pas le concerner et qu'il puisse tranquillement la renvoyer à l'expéditeur... et à son inspirateur de Sainte Marthe!), qui fournit le lien vers l'article original. Ce lien ne semble pas fonctionner (la page ne se charge pas), mais j'ai retrouvé la version dans le cache de Google: il s'agit probablement du début de l'article de l'édition papier, et c'est la partie qu'on trouve en anglais sur Rorate Caeli.

L'Osservatore Romano attaque

Habitude n'est pas fidélité
La conversion demandée par le Pape François

22 juillet 2017
Giulio Cirignano

* * *

Le principal obstacle à la conversion que le pape François veut faire faire à l'Eglise est constitué, dans une certaine mesure, par l'attitude d'une grande partie du clergé, en haut et en bas. Attitude, parfois, de fermeture sinon l'hostilité. Comme les disciples dans le jardin des Oliviers, cette fois encore, ses disciple dorment. Le fait est déconcertant. C'est pourquoi le phénomène doit être examiné à fond, dans ses causes et dans ses modalités.
Le clergé entraîne derrière les communautés, qui devrait au contraire être accompagnées dans ce moment extraordinaire. Beaucoup de fidèles ont compris, en dépit de tout, le moment favorable, le kairos, que le Seigneur donne à sa communauté. Une grande partie des fidèles est en fête. Toutefois, la partie la plus proche de pasteurs peu éclairés est maintenue à l'intérieur d'un horizon vieux, l'horizon des pratiques habituelles, du langage dépassé, de la pensée répétitive et sans vitalité. Au fond, le Sanhédrin est toujours fidèle à lui-même, riche en pieuse révérence au passé, confondu avec la fidélité à la tradition, pauvre en prophétie. Quelles sont les raisons de tout cela?

En haut de la liste, on doit probablement placer le niveau culturel modeste d'une partie du clergé, à la fois en haut et en bas. Nous ne pouvons pas généraliser et nous n'avons donc aucune difficulté à admettre qu'il y a de nombreuses exceptions à cet état de choses, heureusement. Chez de nombreux prêtres, malheureusement, la culture théologique est maigre, et encore plus la formation biblique. La cause de ce déplorable état de choses peut être facilement identifiée. Lorsqu'un cours d'études universitaires, pour ne citer qu'un exemple, ne laisse pas à l'étudiant le désir de penser, de continuer à étudier, d'exercer un minimum de sens critique, cela signifie qu'il a échoué dans sa tâche. La pratique d'une grande partie des séminaires n'est pas propice à la formation d'une mentalité de travail et d'engagement. Les années de préparation au sacerdoce devraient alimenter la prise de conscience de la nécessité du ministère comme un vrai travail. Comme toute personne, même le prêtre travaille pour gagner sa vie.

Et le P. Scalese répond

Pasdaran et clergé réfractaire

querculanus.blogspot.fr

Toute révolution qui se respecte a ses pasdaran et son clergé réfractaire. La révolution qui depuis quelques années est en cours dans l'Église catholique ne pouvait pas faire exception. Pas étonnant alors que le pasdaran de service, un certain Giulio Cirignano, depuis les colonnes de l'Osservatore Romano , s'en prenne au clergé réfractaire qui non seulement ne s'enthousiasme pas pour l'«extraordinaire moment» que nous vivons, mais adopte même une «attitude, parfois, de fermeture sinon d'hostilité».

On pourrait se sentir offensés en s'entendant qualifier de «disciples [qui] dorment»; «pasteurs peu éclairés», qui maintiennent les fidèles qui leur sont confiés «dans un horizon vieux, l'horizon des pratiques routinières, du langage passé de mode, de la pensée répétitive et sans vitalité»; «Sanhédrin ... riche de déférence dévote au passé ... [mais] pauvre de prophétie».
Mais désormais, nous avons l'habitude; nous avons les épaules larges; nous faisons notre travail, certes pas à la recherche de louanges, mais seulement pour servir le Seigneur qui nous a choisis, avec toutes nos limites et imperfections, et nous a envoyés comme des brebis au milieu des loups. Evidemment, après avoir pris tellement de claques sur les routes du monde, une fois de retour à la maison [allusion aux missions que l'auteur a accomplies dans des pays difficiles, ndt], nous aimerions entendre un mot d'encouragement et de réconfort. Depuis quelque temps, au contraire, même au sein de l'Eglise, le sport favori semble être devenu le tir au pigeon d'argile, avec en guise de pigeons les pauvres prêtres qui font tout de travers. Mais ça va; une raison supplémentaire de ne pas pas nous monter la tête, et prendre part à notre petit niveau, à la passion du Maître.

Bien sûr, s'entendre donner du «sanhédrin» par ceux qui sont parfaitement intégrés dans l'«establishment», fait un peu sourire. Tandis qu'on peut considérer comme une accusation générique (quoique circonscrite), gratuite et entièrement à démontrer l'affirmation que le niveau culturel d'une partie du clergé serait modeste, sa culture théologique maigre et pire encore sa compétence biblique.

On pourrait se demander si, dans le but de faire triompher la révolution, attaquer le clergé est une initiative intelligente. Le clergé après tout, avec les fidèles, constitue la «base» de l'Eglise. Si l'on veut que la révolution atteigne les fidèles, il faut s'en faire des amis; l'accuser jour après jour de tous les maux, je ne pense pas que cela profite beaucoup à la cause.

Mais ce qui laisse le plus pantois, c'est l'incapacité totale, de la part de certains esprits voués à l'idéologie, de lire la situation: il semblerait que les révolutionnaires, une fois qu'ils ont atteint le pouvoir, perdent leur perception de la réalité. Mais comment peut-on dire qu'«une grande partie des fidèles sont en fête»? Donnons acte que, dans ce cas aussi, l'affirmation n'est pas absolutisée, mais, quoi qu'il en soit, certaines assertions doivent être documentées. Il ne suffit pas de se contenter de ce que disent les grands médias. Ils ne font pas autorité; nous savons qu'une grande partie de ce qu'ils écrivent ou diffusent est de la propagande pure. Il faudrait disposer de faits avant de déclarer qu'«une grande partie des fidèles sont en fête». Mais malheureusement, ceux qui, au cours du précédent pontificat, était si diligents pour nous fournir toutes les données d'audience, d'Angélus, etc., semblent tombés en léthargie.

De temps en temps, cependant, certains faits émergent; mais dans ce cas aussi, des explications assez improbables sont données. Les résultats du 8 pour mille des dernières années jusqu'en 2015 ont été publiés. Je ne donnerai pas d'interprétations hâtives et risquées. Je dis simplement: ils devraient donner à réfléchir. Avant même que ce tableau ne soit publié, certains étaient déjà sur la défensive: c'est la faute des scandales du clergé (je me disais bien!). Eh bien, s'il y a eu une annus horribilis, de ce point de vue, c'était 2010, l'Année sacerdotale, au cours de laquelle fut menée une campagne sans précédent contre la pédophilie dans l'Eglise. Eh bien, allez voir les résultats dans le tableau du 8 pour mille pour cette année-là: le meilleur résultat de la dernière décennie. On dirait que la relation de cause à effet entre les scandales du clergé et le 8 pour mille ne soit pas si évidente.

Maintenant, si le clergé est réfractaires aux innovations, si les fidèles (au moins ceux italiens, mais il serait intéressant de connaître les chiffres de l'Obole de Saint Pierre) montrent une désaffection en ne destinant pas le 8 pour mille à l'Église catholique, je dirais qu'une toute petite question, on pourrait se la poser, non?