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Martini ne voulait pas de Bergoglio comme pape

Révélations sur le blog de Marco Tosatti (22/7/2017)

Depuis le mois dernier, Marco Tosatti a ouvert une nouvelle rubrique, consacrée aux messages que lui enverrait "un vieil expert des Palais curiaux Romains" qui signe du pseudonyme Romana Vulneratus Curia (alias RVC - "blessé par la Curie romaine"). On ne sait pas s'il s'agit d'un artifice littéraire et si son mystérieux informateur est un personnage de fiction - peut-être une synthèse de plusieurs membres de la Curie comptant parmi les "informateurs" du plus chevronné des vaticanistes -, ou bien si un prélat en chair et en os se cache derrère cet anonymat. J'aurais tendance à opter pour la dernière éventualité.
Le 20 juillet, RVC lui écrivait entre autre: «Contrairement à la vulgate commune, le grand cardinal Carlo Maria Martini, au conclave de 2005, avait dissuadé ses collègues d'élire un certain cardinal jésuite, expliquant que s'il devenait Pape, le prestige de la Compagnie serait compromis pour 100 ans»

Cette révélation a fait réagir un de ses amis, prêtre blogueur, don Ariel Levi di Gualdo (que mes lecteurs se souviennent peut-être avoir déjà croisé dans mon site; ici le blog qu'il co-rédige avec le P. Cavalcoli: isoladipatmos.com), dont Marco Tosatti reproduit la lettre aujourd'hui.

En voici le passage-clé:

(...) Je peux te confirmer que dans le conclave de 2005, le cardinal Carlo Maria Martini a soutenu et appuyé l'élection du cardinal Joseph Ratzinger, qui était sur des positions théologiques et pastorales certes totalement différentes des siennes, mais envers qui il nourrissait une profonde estime, indépendamment de leurs opinions divergentes.
Définir le Pontife régnant comme «celui qui a réalisé le martinisme» est un canular monté par des journalistes et des blogailleurs de bas niveau.
Le cardinal Carlo Maria Martini avait une très mauvaise opinion de l'archevêque de Buenos Aires d'alors, chose qu'il ne manquait jamais de montrer, encore et encore, avec toute l'élégance qui était la sienne; et il ne manque pas de témoins occulaires et auriculaires dans ce sens. Tout comme il ne manque pas de jésuites argentins âgés qui au sujet de leur confrère, le Père Jorge Mario Bergoglio ont dit: «A la fin de son mandat comme provincial, juste pour éponger un peu les dégâts qu'il a faits, il nous a fallu vingt ans».

Et puis il ne faut pas oublier que Carlo Maria Martini, «progressiste», aimé de toute la gauche caviar de l'époque, était dans le fond un grand snob; et quand il venait en visite pastorale dans les paroisses métropolitaines ambrosiennes, ou quand il faisait son entrée dans son église-cathédrale, l'allure, l'air, la tournure du prince de l'Eglise, pouvaient être perçus de loin. Il était en effet très favorisé par une apparence physique belle et virile, combinée avec un port de grande classe, même si sur la Chaire de Saint Ambroise lui a succédé un sympathique petit homme qui ressemblait à un croisement entre un gnome caricatural et le grand schtroumpf bleu déguisé en Père Noël (ndt: le cardinal Tettamanzi, que certains définissaient comme "papabile" en 2005).

Certains discours, exégèses, ou déclarations du cardinal Carlo Maria Martini, m'ont toujours laissé très perplexe, et j'ai écrit en 2010 un court essai pour réfuter sa thèse farfelue sur le «retour» des femmes diacres, expliquant que cette institution n'a jamais existé, ni dans l'Eglise d'Orient ni dans celle d'Occident. Mais, au-delà de cela, et d'autres choses, le cardinal Martini était un homme d'une indéniable culture.

D'abord comme jésuite, puis comme évêque, et par la suite comme cardinal Carlo Maria Martini était l'antithèse parfaite de l'archevêque métropolite de Buenos Aires, qu'il ne pouvait regarder qu'avec perplexité, tant pour sa grossièreté humaine objective que pour sa grossièreté théologique encore plus objective - si l'on peut parler de théologie.

Si un homme comme Carlo Maria Martini avait été électeur présent au conclave de 2013, peut-être n'aurait-il pas hésité à quitter la chapelle Sixtine. Comme le fera sûrement dans le futur un groupe, même réduit, de cardinaux, au cas où, lors du prochain conclave, on tenterait une autre opération comme la dernière. Nous verrons alors un petit groupe de Pères Cardinaux briser les scellés du conclave et sortir sans proférer un son, mais témoignant de tout par un geste silencieux et sans donner aucune explication.

Quand au conclave de 2005 circula le nom de l'archevêque de Buenos Aires, le cardinal Carlo Maria Martini fut le premier à faire reporter les voix de ses électeurs sur le cardinal Joseph Ratzinger.

Tout ce qu'au contraire nous lisons dans les journaux et les blogs n'est que légendes et conjectures parfaitement extravagantes.