Benoit-et-moi 2017
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Ordre de Malte: une autre pièce du puzzle

Le problème de la distribution de préservatifs n'était pas secondaire. Révélations de La Bussola (2/2/2017)

>>> Voir aussi: Un important discours de Benoît XVI en 2011

>>> Dossier Ordre de Malte

Les premières informations qui ont circulé après l'annonce publique de la destitution du Grand Chancelier de L'Ordre de Malte, Albrecht Boeselager, faisaient état d'un conflit entre le même Booselager, et le Grand Maître Mathew Festing, autour d'une affaire de préservatifs. Une explication que certains ont ensuite essayé de minimiser, voire de disqualifier comme trop "banale", la laissant passer au second plan derrière la lutte pour le contrôle de l'Ordre, et surtout d'autres conflits autrement cruciaux, notamment financiers. Des motifs dont il n'est pas question de nier l'impact, mais il n'empêche que la question de la distribution de préservatifs par la branche humanitaire internationale de l'Ordre (Malteser International) reste au coeur du conflit - et pas en périphérie! Et surtout, non seulement elle n'a pas été résolue par l'intervention du Pape, mais ses défenseurs ont été remis en selle. C'est toute la gravissime question du rôle des Organismes caritatifs gérés par le Saint-Siège ou liés à lui, pour défendre la Doctrine morale de l'Eglise (*), et de la lutte de cette dernière dans la protection de la vie, la lutte contre l'avortement, et contre la "culture de mort" prônée par les agences de l'ONU.
Tout sauf un gadget, donc.

Riccardo Cascioli a eu entre les mains (ou "s'est procuré", selon la formule consacrée du journalisme d'investigation) un Rapport, émanant d'un commission interne nommée par le Grand Maître en mai 2015 pour enquêter sur l'implication de Malterser International dans la distribution de préservatifs, notamment en Birmanie.

(*) Voir à ce sujet: benoit-et-moi.fr/2011-II

Ordre de Malte, le scandale des contraceptifs existe.
Voici les preuves. Mais le responsable est toujours en selle

Riccardo Cascioli
2 février 2017
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Pas seulement des distributions de contraceptifs et abortifs au Myanmar (Birmanie), au Kenya, au Soudan du Sud et même en Allemagne durant de nombreuses années, mais aussi la justification théorique de ce comportement contraire à l'enseignement de l' Église. Bien différent de l'incident mineur au Myanmar, bloquée dès que découvert. Nous parlons du scandale à la base de l'affrontement des derniers mois au sein de l'Ordre Souverain Militaire de Malte qui a eu droit aux gros titres en raison de l'interférence spectaculaire du Saint-Siège qui a contraint à la démission le Grand Maître Matthew Festing, coupable d'avoir évincé en Décembre le chancelier Albrecht Boeselager. Grâce à l'intervention directe du pape, ce dernier a été réintégré dans ses fonctions la semaine dernière par le Conseil Souverain.
Boeselager s'était retrouvé dans la ligne de mire parce que, comme Grand Hospitalier de l'Ordre de 1989 à 2014, il avait la responsabilité directe de Malteser International, l'organisme de l'Ordre de Malte chargé de l'assistance internationale: plus de 120 projets dans 24 pays à travers le monde entier. Et c'est justement Malteser International, dont le siège est en Allemagne, où il a été fondé en 2005 comme développement de Malteser Allemagne, qui a été accusé de participer à des projets sanitaires - pour la prévention du SIDA et les services de santé reproductive - incluant la distribution de contraceptifs.

Jusqu'à présent, Boeselager a rejeté toute responsabilité et a parlé d'un seul cas, un projet au Myanmar, qu'il a immédiatement stoppé dès qu'il a réalisé ce qui se passait. Mais la documentation en notre possession - en partie traçable sur Internet - dit que les choses sont bien différentes: au centre de l'affaire, il y a aussi des programmes d'assistance dans les pays africains; et de toute façon, pas des «accidents», mais une application systématique des directives du même Malteser International.

Tout cela se serait déroulé à l'insu du Grand Maître, que le Grand Hospitalier aurait dû tenir informé de tout ce qui se passait sur le terrain. Ce n'est qu'en 2014 que le Grand Maître aurait eu des indications sur ce qui se passait au Myanmar, mais aussi au Kenya et au Soudan du Sud. D'où la décision de Fra' Matthew Festing de nommer une commission d'enquête interne, le 29 mai 2015. La commission, formée des professeurs John Haas, Luke Gormally et Neil Weir, produisit ainsi un Rapport, remis entre les mains du Grand Maître en Février 2016, à l'origine des tentatives ultérieures de clarification et d'attribution de responsabilité qui ont eu leur épilogue de décembre, avec la destitution de Boeselager par Festing.

Mais qu'a trouvé la Commission?

ACTIVITÉ SUR LE TERRAIN
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Tout d'abord, «il y a une évidence claire de l'implication de Malteser International dans des projets sanitaires - prévention du VIH et du SIDA, d'autres maladies sexuellement transmissibles et planification des naissances - qui incluent la distribution de contraceptifs».

Les preuves concernent un projet au Kenya (2006-2011) pour le traitement et les soins des malades du SIDA, financé par une célèbre organisation américaine anti-nalaliste et pro-avortement: Pathfinder International; un autre projet au Myanmar (2006-2011) lié au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme: là aussi, distribution de préservatifs à gogo. Et puis d'autres projets entre 2006 et 2015 - également en collaboration avec Save the Children - dans les régions de Birmanie habitées par l'ethnie Shan - pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles ou contrôler les naissances. En plus de préservatifs, distribués en grandes quantités, pilules contraceptives, diaphragmes et même le tristement célèbre contraceptif injectable Depo-Provera).

Enfin, le Rapport décrit le cas d'une annonce pour la recherche d'un consultant pour l'assistance aux personnes atteintes du sida et du VIH, de nouveau en 2010, toujours au Myanmar: parmi les caractéristiques du candidat, il doit aussi y avoir la capacité d'«enseigner l'usage correct et efficace du préservatif».

En plus du Rapport interne, des preuves de l'implication directe de Malteser International dans les programmes qui contredisent l'enseignement moral de l'Église se trouvent dans un autre rapport (cf. www.lepantoinstitute.org) écrit par l'Institut Lépante (USA). Ici, les magouilles de Malteser se trouvent décrites dans les rapports annuels des différents organismes des Nations Unies tels que l'ONUSIDA et le PNUD Programme des Nations Unies pour le développement): des millions et des millions de dollars de financement en échange du soutien des politiques de contrôle des naissances. Et en 2011-2012, cette activité a également atteint le Sud-Soudan

CE N'EST PAS PAR HASARD
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La partie du rapport consacrée à la position théorique sur l'utilisation des contraceptifs est encore plus intéressante pour notre discours. Il y est fait référence aux lignes directrices, sous le titre: Bioéthique - principes de base concernant la planification familiale et la santé reproductive. Selon ces lignes, «les contraceptifs sont distribués pour planifier les naissances dans les cas où les couples ne peuvent pas appliquer les méthodes naturelles». En outre «l'utilisation des préservatifs pour prévenir la transmission des maladies sexuellement transmissibles est acceptable en principe». Et encore: «Malteser International exprime sa neutralité sur la possibilité de donner des informations sur les méthodes pour prévenir la transmission du VIH». Pour finir par une affirmation de compromis: «Il y a des situations où Malteser International doit trouver un équilibre entre l'enseignement de l'Eglise et ce qui est perçu comme tel».

Dans le rapport 2005 de l'ONUSIDA, dans la section dédiée aux partenaires des agences de l'ONU, Malteser International est indiquée comme une organisation spécialisée la planification familiale, avec une activité d distribution de contraceptifs.

Bref, il est clair que la distribution de contraceptifs n'est pas un accident de parcours, mais le résultat d'une conviction mûrie au fil des ans et qui résiste encore. D'autant plus, soutien le Rapport, que cette pratique - qui s'oppose au Magistère de l'Eglise - s'est également vu offrir un fondement théologique, grâce à l'assistant spirituel, Mgr Marc Stenger (entre autre président de Pax Christi, ndt), évêque de Troyes. C'est à l'influence de Stenger que l'on doit une conduite éthique qui est pourtant incompatible avec la doctrine sociale de l'Eglise.

UN PROBLÈME MONDIAL
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On ne peut cependant pas dire que c'est seulement un problème de l'Ordre de Malte: travaillant en étroite collaboration avec d'autres ONG et recevant de l'argent par l'ONU, au cours des dernières décennies, de nombreuses ONG catholiques ont accepté tranquillement d'inscrire la contraception parmi les services mis à la disposition des populations.

Mais revenant à la situation interne de l'Ordre de Malte, le Rapport et les autres documents accessible placent sous une lumière différente l'affrontement récent entre le Grand Maître et le Grand Chancelier, entre Festing et Boeselager. C'est un fait que, malgré les bonnes intentions (???), l'intervention du Pape et de la Secrétairerie d'Etat du Vatican ont remis en selle le responsable de cette dérive morale, et renvoyé le Grand Maître dans ses foyers.