Benoit-et-moi 2017
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Quand l'Espagne retourne à l'Eglise

Andrea Zambrano (La Bussola) revient sur la messe célébrée hier à la Sagra Familia de Barcelone. Et se souvient de l'homélie prophétique que Benoît XVI y prononça lors de sa visite en 2010 (21/8/2017)

>>>Voir aussi: L'islamisation à marche forcée de la Catalogne

>>> Mise à jour ultérieure, à propos de la Sagrada Familia: on ne peut pas ne pas repenser avec émotion et nostalgie à la consécration de la Basilique "imaginée" par Gaudi, faite par Benoît XVI lors de sa visite apostolique à Barcelone et à Saint Jacques de Compostelle en novembre 2010. Dossier ici: benoit-et-moi.fr/2010-III

Messe à la Sagrada Familia, 20 août 2017

L'Espagne se réfugie dans l'Eglise qu'elle veut humilier

Andrea Zambrano
21 août 2017
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

C'est une Espagne sans histoire ni identité qui se présente aujourd'hui au rendez-vous avec les terroristes djihadistes. Une Espagne décadente dans ses racines fondatrices, qui exprime son désarroi d'être devenue la cible du terrorisme islamique. Le ton de lamento y amargura, en corollaire aux nouvelles de ces jours-ci, nous parle d'une terre fatiguée qui se réveille de sa torpeur en regardant en face un ennemi. Une torpeur dans laquelle elle a sombré ces dernières années, embrassant toutes les idéologies du relativisme qui en ont dans une certaine mesure affaibli la trempe. En Espagne, la tradition chrétienne est moquée et vilipendée. Pourtant, c'est une tradition glorieuse et puissante de saints qui ont contribué à façonner la culture occidentale. Tout cela a été abandonné sous le joug de la fureur idéologique qui ces dernières années a contribué à affaiblir l'institution familiale, la culture de la vie, la foi d'un peuple.

En Espagne, cette religion, ils ont voulu l'éradiquer. Ces derniers mois, nous avons donné de nombreuses nouvelles en provenance d'Espagne racontant en détail comment le catholicisme est lentement devenu un problème de liberté religieuse. Nous avons raconté les églises et les effigies sacrées violées et vilipendées par l'idéologie LGBT sans que les autorités puissent, ou veuillent intervenir et comment on a fait taire les évêques et les prêtres, y compris au moyen de dénonciations et d'intimidation. Et au même moment où les Ramblas de Barcelone étaient investis par la terreur, à Bilbao, une exposition blasphématoire montrait le crucifié sectionné sans pudeur comme un quartier de bœuf dans une boucherie (www.aciprensa.com).

Tout cela a fait de l'Espagne une terre exposée à tous les vents. Il est logique que les djihadistes, en décidant de la frapper, aient dans un certain sens trouvé un terrain fertile. Parce que c'est là où l'on abandonne ses racines que l'ennemi a le plus de facilité pour vous frapper à mort.

Il est logique que les djihadistes veuillent frapper la Sagrada Família. C'est un temple merveilleux, débordant de symbologies divines, les même que l'homme espagnol combat. Parce qu'au fond, l'islam veut frapper le Christ, mais Celui-ci a déjà été frappé ces dernières années par le laïcisme moderne, qui a rapproché l'Espagne d'aujourd'hui de celle d'il y a 80 ans quand l'idéologie marxiste brûlait les églises et mettait à mort les prêtres. Aujourd'hui en Espagne, plusieurs partis, comme Podemos ou le Parti Socialiste, tentent même d'exproprier les église en les faisant passer sous le contrôle de l'État. Et la Sagrada Familia elle-même a récemment été l'objet de controverses. Le maire de Barcelone ne veut rien savoir de l'achèvement du parvis de l'église chef-d'œuvre. Il y a certes des problèmes d'urbanisme difficiles à résoudre. Mais le manque d'intérêt pour le temple avait déjà été avéré.

Pourtant hier matin, la Sagrada Familia a accueilli encore une fois les hommes perdus et abandonnés. Et elle l'a fait pendant la messe en mémoire des victimes de la Rambla, en présence de la famille royale espagnole. Les images de la messe ne doivent pas être sous-évaluées et donnent un espoir. Parce que quand l'homme a peur, il revient se réfugier chez son père. Et c'est ce qui s'est passé hier, parce que la paix dont a parlé l'évêque de Barcelone, l'unité et l'harmonie qu'il a souhaitées, seul le Christ peut les garantir, parce qu'elles viennent de lui.

Il conviendrait que chaque homme politique espagnol, ces jours-ci, aille relire l'homélie prononcée en 2010 par Benoît XVI à l'occasion de la consécration de la Sagrada Familia. On y trouve beaucoup d'éléments prophétiques. Papa Ratzinger citait le génie de Gaudi, dont est parti le projet de l'oeuvre:

«Une église est la seule chose digne de représenter l'âme d'un peuple, car la religion est la réalité la plus élevée chez l' homme».

Voilà ce qui doit garder les hommes unis.
Et il poursuivait:

«L’Église ne tire pas sa consistance d’elle-même; elle est appelée à être signe et instrument du Christ, dans une pure docilité à son autorité et entièrement au service de son mandat. L’unique Christ fonde l’unique Église; il est le rocher sur lequel se base notre foi. Fondés sur cette foi, nous cherchons ensemble à montrer au monde le visage de Dieu, qui est amour et qui est l’unique qui peut répondre à l’ardent désir de plénitude de l’homme. Telle est la grande tâche, montrer à tous que Dieu est un Dieu de paix et non de violence, de liberté et non de contrainte, de concorde et non de discorde. En ce sens, je crois que la consécration de cette église de la Sagrada Familia, à une époque où l’homme prétend édifier sa vie en tournant le dos à Dieu, comme s’il n’avait plus rien à lui dire, est un événement de grande signification».

Volà une première réponse à donner à la fureur djihadiste. Pas de proclamations à l'eau de rose, mais retourner à l'église comme cela a été fait hier matin. Cette Église que l'Espagne cherche avec une telle ténacité à humilier et à réduire au silence, vidée de la Seigneurie du Christ.