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Sainte Marthe : François s’en prend aux hypocrites

et exhorte les fidèles à appliquer les paroles de Jésus : « Que votre oui soit oui, votre non, non… » Mais lui-même suit-il cet enseignement ? (9/6/2017)

Décidément, les "catholiques hypocrites" inspirent particulièrement François.... Déjà dans l'homélie prononcée lors d'une visite dans une paroisse romaine, le 15 mars dernier (w2.vatican.va), il avait eu ces mots: «Pour Dieu il vaut mieux ne pas croire que d’être un faux croyant, un hypocrite!», ce qui lui avait valu un commentaire pour le moins perplexe du P. Scalese (Des athée mieux que des catholiques hypocrites?).
Avant hier, à Sainte Marthe, il est revenu sur le sujet de l'hypocrisie, avec des termes encore plus violents (mais de qui parle-t-il??)

Dans son dernier billet, Marco Tosatti, l'un des rares observateurs lucides du Pontificat actuel, constate la dichotomie flagrante entre les paroles et les actes de François.
Sa réflexion est inspirée par l'homélie de Sainte Marthe du 8 juin, où le Pape, commentant (d'assez loin et selon ses besoins du moment, à son habitude) l'évangile du jour sur l'impôt à payer à César «démasque "l’hypocrisie qui tue"». .
Il vaut la peine de lire en entier le compte-rendu "officiel" qu'en donne Zenit d'après la transcription de Radio Vatican en italien, et dont voici l'essentiel:

Le pape a proposé à l’assemblée cette prière : « Demandons au Seigneur de nous garder pour que nous ne tombions pas dans ce vice de l’hypocrisie, du maquillage du comportement, avec de mauvaises intentions. Que le Seigneur nous donne cette grâce : "Seigneur, que je ne sois jamais hypocrite, que je sache dire la vérité, et si je ne peux pas la dire, que je me taise, mais jamais, jamais d’hypocrisie" »

Pour le pape, tout d’abord, ceux que le Christ qualifie dans l’Evangile d’« hypocrites » « font voir une chose mais ils en pensent une autre » : « Et l’hypocrisie, ce n’est pas le langage de Jésus. L’hypocrisie n’est pas le langage des chrétiens. Un chrétien ne peut être hypocrite et un hypocrite n’est pas chrétien. C’est très clair. C’est l’adjectif que Jésus emploie le plus avec ces gens : hypocrite. Regardons comment ceux-ci se comportent. L’hypocrite est toujours un adulateur, sur un ton majeur ou sur un ton mineur, mais c’est un adulateur. »

Voilà le second diagnostic : « Les hypocrites commencent toujours par l’adulation » qui consiste à « ne pas dire une vérité, c’est exagérer, c’est faire grandir la vanité». Le pape a évoqué l’exemple d’un prêtre, «connu il y a très longtemps», avide de toutes les adulations qu’on lui adressait, c’était sa faiblesse».
(...)

Enfin, le pape a fait observer que «le langage de l’hypocrisie c’est le langage du mensonge, c’est le même langage que celui du serpent à Ève, c’est le même». Il en a dévoilé les effets : cela «arrache la personnalité et l’âme d’une personne» et «détruit la communauté». «Quand il y a des hypocrites dans une communauté, c’est un grand danger, c’est un danger très grave», a insisté le pape avant de rappeler l’antidote dans les paroles du Christ : «Que votre langage soit : oui, oui, non, non. Ce qui est en plus vient du malin. »

«Que de mal l’hypocrisie fait à l’Église!» s’est lamenté le pape, mettant en garde contre «les chrétiens qui tombent dans ce comportement peccamineux qui tue». Sans mâcher ses mots, le pape a averti des conséquences de l’hypocrisie: « L’hypocrite est capable de tuer une communauté. Il parle doucement, mais il est en train de mal juger une personne. L’hypocrite est un tueur. »

Marco Tosatti commente:

Lisant ces paroles, il m'est revenu à l'esprit certaines choses écrites à l'occasion du double Synode sur la famille, qui a donné naissance à Amoris Laetitia, et les «Dubia», qui demandaient une réponse simple, oui ou non, qui n'est pas venue et ne viendra peut-être jamais.

Et il cite à l'appui deux épisodes particulièrement éloquents:

Premier épisode, les confidences faites par "un proche du Pape", Mgr Bruno Forte, il y a un an, lors d'une réunion publique consacrée à Amoris Laetitia (propos qui n'ont jamais été démentis par l'intéressé, ni fait l'objet d'une mise au point officielle), et rapportées par plusieurs sites fiables, en plus de celui de Marco Tosatti - en particulier La Bussola (cf. benoit-et-moi.fr/2016/actualite/confidences-de-mgr-forte):

«Si nous parlons explicitement de communion aux divorcés remariés - a rapporté Mgr Forte se référant à une boutade de François - CEUX-LÀ, tu ne sais pas quel "foutoir" (casino) ils nous combinent. Alors, n'en parlons pas de manière directe, fais en sorte qu'il y ait les prémisses, ensuite, les conclusions, c'est moi qui les tirerai».
Après avoir rapporté cette boutade, le même Forte a plaisanté: «Typique d'un jésuite».

A l'époque, Antonio Socci commentait sévèrement sur sa page facebook (ibid):

La "Bussola" nous informe qu'à une récente réunion publique, Mgr Bruno Forte, protagoniste du synode, faisant la promotion d'Amoris Laetitia, a révélé un des dessous des travaux synodaux, qui fait comprendre quelle est la méthode de gouvernement de Bergoglio (le subterfuge, la dissimulation et la tromperie), et aussi quelles étaient, depuis toujours, ses intentions (donner la communion aux divorcés remariés).
Il fait comprendre aussi en quelle considération Bergoglio tenait le synode et la majorité du synode («ceux-là») dont il s'est moqué (imposant à l'église son idée minoritaire): il apparaît clairement que les conclusions étaient déjà écrites et que Bergoglio n'avait aucune intention d'«écouter de l'Esprit Saint», parce qu'à travers la majorité des pères synodaux, l'Esprit disait des choses que Bergoglio ne voulait pas entendre.
La «révélation» de Mgr Forte fait comprendre aussi quel est le contenu réel de son "Amoris Furbizia" .
(...)
Si ces «fourberies» conviennent à un jésuite je ne sais pas, mais elles ne conviennent certainement pas à quelqu'un qui devrait être le vicaire du Christ et qui devrait être le gardien de la bonne doctrine et devrait respecter un saint Synode et écouter la voix de l'Esprit Saint qui lui parvient à travers l'Église.
(...)

Seconde référence de Marco Tosatti, un article écrit par lui en septembre 2014, càd avant que commence le premier des deux synodes sur la famille, et qui prouve à quel point il avait vu juste et/ou était bien informé. Anna avait traduit l'article à l'époque, et je reproduis ci-dessous la partie importante (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1):

Le cardinal Kasper, qui il y a vingt ans, avait déjà sa propre idée sur ce sujet, non acceptée pendant ces deux règnes, a vu dans l'avènement de Bergoglio l'opportunité de la re-proposer.
En dépit du fait que de Manille à Berlin, de New York à l'Afrique, la grande majorité de ses collègues ont, une fois de plus, réaffirmé la Doctrine de l'Eglise basée, hélas, sur les propos de Jésus.
Un des seuls cas où l'énonciation apparaît nette, claire, définitive et même pas mise en doute par les pinailleurs professionnels de l'exégèse..
Bref, pour Kasper & Co, les choses n'ont pas l'air de prendre une bonne tournure. Mais il y a peut-être un moyen pour l'aider. Et essayer d'empêcher que les voix dérangeantes deviennent trop bruyantes.
Le premier point consiste à demander que les interventions écrites parviennent avec une large avance. Ce qui est fait. Quiconque souhaite intervenir au Synode est tenu à faire parvenir son petit texte avant le 8 septembre.
Deuxième point: lire attentivement toutes les interventions et, au cas où quelques-unes seraient particulièrement épicées, donner la parole á un orateur qui, avant l'intervention épineuse, essaie déjà de répondre, en tout ou en partie, aux problèmes soulevés par l'intervention même.
Troisième point: au cas où quelques interventions paraîtraient vraiment problématiques, dire que malencontreusement il n'y a pas le temps pour accorder la parole à tout le monde, mais que de toute façon le texte a été acquis et versé aux actes et qu'on en tiendra compte lors de l'élaboration finale.
En fait, ce qui importe n'est pas le Synode lui-même, mais la synthèse qui en sera préparée et qui aura la signature du Pape en tant qu’ «Exhortation post-synodale». Il est fort probable que ce ne sera pas un texte clair et définitif, mais basé sur une interprétation "fluctuante". De façon qu'en le lisant chacun puisse le tirer du côté qui lui convient davantage.
Humble remarque d'un pauvre chroniqueur: mais si quelqu'un a un plan aussi élaboré et rusé, pourquoi en parler en présence de parfaits inconnus au cours d'un dîner somptueux?

Conclusion aujourd'hui de Marco Tosatti (qui ne nous dit pas qui est le mystérieux hôte du "dîner somptueux", nous en sommes donc réduits à des hypothèses):

Le prélat qui faisait toutes ces intéressantes révélations, dont l'histoire a démontré par la suite qu'elles étaient fondées, était l'un des responsables, peut-être le principal, du Synode, et travaillait en syntonie avec le Pontife.
Lisant ces propos du Pontife sur l'hypocrisie, ces épisodes me sont revenus en tête, en même temps que la situation d'ambiguïté douloureuse dans laquelle vit l'Eglise à cause de l'absence d'une réponse claire - Oui oui, Non non - de la part de celui qui devrait la donner.