Signe des temps

Une autre lecture de l'affaire Weinstein - et d'autres, plus ou moins camouflées (10/11/2017)

Aujourd'hui, l'éditorial de la Bussola revient sur l'affaire Weinstein, et la façon dont elle a été traitée par les médias de son pays. En gros, la même chose que chez nous (faut-il s'en étonner, quand ce sont les mêmes titres, contôlés par les mêmes pouvoirs, qui donnent le ton dans le monde entier?), le tout épicé de quelques anecdotes "couleur locale", avec actrices et journalistes autochtones, pour impliquer un public-cible précis. Ce qui frappe, des deux côtés des Alpes, c'est la volonté délibérée de détourner l'attention de "l'opinion" vers le seul harcèlement des femmes. Toutefois en Italie, l'opération de camouflage n'a pas eu les proportions atteintes en France avec la campagne orchestrée, élégamment soulignée par le mot-dièse (forgé par qui?) #balancetonporc, qui a fait et continue de faire tous les titres hexagonaux depuis deux semaines.
Mais il y a aussi une toute autre lecture des faits. Bien résumée dans cette seconde partie de l'éditorial de la Bussola.

Weinstein: une affaire qui résume les signes des temps

Roberto Marchesini
www.lanuovabq.it
10 novembre 2017
Ma traduction

* * *

[Sur cette affaire, on a entendu de tout, et même plus que cela]. Cependant, il me semble qu'il manque encore quelque chose. Quelque chose échappe à la chronique et aux ragots de bistrot qui envahissent les médias de notre pays. Il y a quelque chose qui ne cadre pas. La clameur autour de Weinstein n'avait pas encore disparu qu'il y a quelques semaines, plusieurs acteurs ont déclaré qu'alors qu'ils étaient mineurs, ils avaient été agressés sexuellement par leur collègue Kevin Spacey (House of cards). Après, ok, Spacey a fait son coming-out et la clameur a pris fin (*). Mais ces épisodes s'ajoutent à la liste des accusations d'agressions pédophiles hollywoodiennes qui ont émergé au fil des ans: Elijah Wood (Le Seigneur des Anneaux), Corey Feldman (Les goonies) ont dénoncé ces faits. Macaulay Caulkin (Maman j'ai raté l'avion) a peut-être également été impliqué.

Le machisme n'a donc rien à voir là-dedans. Il s'agit de violences sexuelles contre des femmes et des enfants à Hollywood. Est-ce un hasard s'il y a là la plus grande concentration de personnes avec des inclinations aberrantes? Et ce n'est pas fini. Nous avons déjà parlé des liens entre Weinstein et les Clinton: liens personnels et économiques. On dit qu'il en aurait eu - le producteur - également avec Obama. Lui aussi financé par Weinstein, il a même envoyé sa fille de 18 ans faire un stage dans ses studios.

Mais revenons aux Clinton. Il semble que Spacey a effectué plusieurs vols sur le "Lolita express", le voyage vers les paradis pédophiles (cf. www.dailymail.co.uk) organisés par le pédophile Jeffrey Epstein, justement en compagnie de Bill Clinton (qui a agressé sexuellement, rappelons-le, une stagiaire de vingt ans). Et Hillary a été impliquée dans le scandale pédophile dit "Pizzagate" (cf. www.huffingtonpost.com), ayant pour protagonistes les frères Podesta, qui l'ont financée. Du calme: le "Pizzagate" a été classé à la rubrique "conspiration russe" destinée à lui faire tort durant la campagne électorale et favoriser Trump ...

Alors, de quoi disposons-nous? Nous disposons de l'information d'une série impressionnante d'agressions sexuelles contre des femmes et des enfants. Sommes-nous sûrs qu'il ne s'agit là que d'impulsions sexuelles "non conventionnelles"? Dans cette concentration, dans un environnement aussi restreint? Ensuite, nous avons une collusion étroite avec les dirigeants - ou ceux qu'on peut considérer comme les dirigeants - des États-Unis (et donc du monde). Nous avons la violation systématique de l'innocence de l'enfant et de la grâce féminine; nous avons les péchés les plus aberrants que l'on puisse imaginer; nous avons un réseau d'omertà qui implique différentes personnes de différentes manières (économiques, personnelles, politiques...); nous avons la richesse et le pouvoir... et le désespoir et l'abomination.
Tout ça ne nous rappelle rien? Sommes-nous donc devenus si matérialistes que nous n'avons pas reconnu l'empreinte du surnaturel même quand nous le voyons?

Il leur répondit: «Quand vient le soir, vous dites: “Voici le beau temps, car le ciel est rouge”. Et le matin, vous dites : “Aujourd’hui, il fera mauvais, car le ciel est d’un rouge menaçant". Ainsi l’aspect du ciel, vous savez en juger; mais pour les signes des temps, vous n’en êtes pas capables.» (Mt 16, 2-3).

(*) Il faut concéder à la vérité que les gros médias se sont enfin résolus à évoquer l'affaire Kevin Spacey. A contre-coeur, non sans saluer son "courage" d'avoir fait son coming out, et la frilosité des producteurs hollywoodiens (sur une radio publique, on a même évoqué le maccarthisme et la chasse aux sorcières). Et en se hâtant de cacher sous le tapis le scandale de la pédophilie à Hollywood. Ce qui est bien compréhensible, car le cas Spacey, mettant en évidence un lien entre pédophilie et homosexualité, ne s'insère pas dans la narration officielle.
Il en va autrement avec le livre de révélations explosives sur les pratiques sexuelles de Pierre Bergé (Fabrice Thomas, Saint Laurent et moi : une histoire intime), largement zappé par les médias (cf. www.medias-presse.info). La gêne (certains disent "la panique") de Francis letellier, interpelé dimanche dernier par Marine Le Pen sur FR3, en dit long sur l'omertà et la servilité des médias: