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Un bon début de Trump

Sur la Bussola, Marco Respinti (qui n'était au départ pas vraiment trumpien) énumère les premières mesures du nouveau président, qui laissent bien augurer de la suite (25/1/2017)

Pour savoir ce qui se passe de vraiment important dans le monde actuellement (loin des querelles picrocholines parisiennes autour de la primaire de la gauche dont les médias nous rebattent les oreilles), il faut regarder vers Washington. L'histoire jugera, mais l'élection de Trump a probablement été un évènement majeur, comme l'ont mis en évidence les quelques articles que j'ai publiés sur le sujet, et ses premiers pas devraient être observés comme le lait sur le feu.
Curieusement, passée l'inauguration de vendredi dernier, et la "marche" de dimanche (la première traitée de façon caricaturale, et la seconde... conformément aux attentes, hélas), nos médias, et même la plupart des blogs catholiques (à part celui d'Yves Daoudal), sont très discrets.
Pourtant, comme le justifie cet article du spécialiste des Etats-Unis de La Bussola, Marco Respinti, il y a de très bonnes nouvelles en provenance de la Maison Blanche (et très mauvaises pour les adversaires de l'Eglise), notamment au niveau des "principes non négociables" si chers à Benoît XVI, que même l'archevêque de New York, le cardinal Dolan, applaudit officiellement et publiquement sur le site de la Conférence épiscopale US.
Il serait dommage de ne pas en profiter, car ce n'est pas si fréquent.

Les principes non négociables parmi les priorités de Trump

Marco Respinti
25 janvier 2017
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Quand Barack Obama est devenu président des États-Unis, il y a huit ans, son premier acte de gouvernement a été d'effacer complètement l'ère de George W. Bush, annulant 200 de ses mesures législatives. Il commença le 23 Janvier 2009 par supprimer l'interdiction de financer avec des fonds fédéraux tant les lobbies internationaaux qui pratiquent ou promeuvent l'avortement à l'étranger que ceux qui font pression pour en contrer les restrictions décidées en 1984 par le président Ronald Reagan et confirmées sans interruption par le président George Bush Sr en 1988. Révoquée par le président Bill Clinton le 22 Janvier 1993, l'interdiction a été réintroduite par Bush Jr le 22 Janvier 2001; aujourd'hui, finalement, le président Donald J. Trump refuse à nouveau cet argent ensanglanté.

La mesure fait partie du deuxième «lot» d'initiatives prises par le nouveau locataire de la Maison Blanche après qu'il ait pris officiellement ses fonctions le 20 Janvier.

La première, qui porte la date de l'Inauguration Day, a été un coup à l'"Obamacare", la plus idéologique des mesures voulues par son prédécesseur, qui, derrière la charité "ouateuse" de la «santé pour tous», a poussé à son extrême l'imposition du «contrôle des naissances» (contraception, avortement et stérilisation) déclarant la guerre à la conscience et à la liberté religieuse, en plus d'avoir rendu les citoyens plus dépendants de l'Etat et plus pauvres en raison de l'élévation énorme des coûts d'assurance. L'ordre exécutif de Trump (en substance un décret-loi) n'a pas le pouvoir d'annuler la réforme d'Obama, puisque le travail législatif appartient au Congrès, mais, dans les termes consentis par la loi, c'est-à-dire en exploitant ses failles, ses clauses et les échappatoires, il affirme le droit d'en émousser le plus possible l'arme la plus pointue: le caractère obligatoire. Un bon début.

Après avoir éliminé les sections les plus idéologiques du site de la Maison Blanche (LGBT, Changements climatiques et Santé), le second «lot» de mesures trumpiennes, en date du 23 Janvier, en a approuvé trois.

La première est le retrait des États-Unis du TPP (Trans Pacific Partnership), le Partenariat transpacifique, autrement dit la zone de libre-échange entre 11 pays riverains du Pacifique (parmi lesquels le Japon, l'Australie, le Vietnam, le Canada et le Mexique), théâtre de quelque 40% du commerce mondial. Obama s'y est dépensé beaucoup et longtemps, mais pour Trump, c'est seulement une pénalisation supplémentaire de l'industrie américaine, sacrifiée sur l'autel de la délocalisation. Pas encore le «protectionnisme» redouté par beaucoup, cependant. La Maison Blanche vise en effet à remplacer dans l'immédiat le TPP par des accords bilatéraux conclus pays par pays au nom d'une «mondialisation» non pas répudiée a priori, mais profondément repensée.

Au centre, il y a du reste la Chine, le «grand ennemi» des États-Unis à l'heure actuelle, la raison principale des preuve du rapprochement de Trump avec la Russie de Vladimir Poutine. Si en effet certains décrivent la sortie du TPP comme un cadeau inexplicable fait par l'Administration Trump au gouvernement de Pékin, adversaire de l'accord en tant que complètement exclu de ses arrangements (c'était la réponse d'Obama aux accusations d'acquiescement à la Chine), c'est plutôt le contraire qui est vrai. Parce que libéré des contraintes internationales que lui aurait imposées le TPP (par exemple si ce partenariat international avait assumé envers Pékin des orientations opposées à celles souhaitées par Trump), Washington peut désormais négocier directement les termes commerciaux même avec la Chine, accusée de dumping et de manipulation à la baisse du taux de change en faveur de ses propres exportations. Certes, comme le TPP n'a pas encore été ratifié par le Congrès, c'est un geste plus symbolique qu'autre chose, mais c'est de symboles que vit l'imagination humaine.

La deuxième mesure sanctionnée le 23 janvier a été le gel des embauches publiques, à l'exception du personnel militaire, à lire comme le début de la cure d'amaigrissement de l'appareil fédéral (que nous appelons "d'Etat") en commençant par la bureaucratie.

Et la troisième décision a été justement un premier "stop" à l'avortement, autrement dit la réintroduction de la “Mexico City Policy”, ainsi nommée car Reagan en annonça l'adoption lors de la Conférence internationale de l'ONU sur la population tenue dans la capitale mexicaine du 6 au 14 août 1984. Estampillée par ses opposants comme “global gag rule”, "la loi bâillon", c'était la mise en œuvre des dispositions d'un amendement de 1973 au Foreign Assistance Act de 1961, le "Helms Amendment" du nom du député républicain conservateur Jesse A. Helms (1921-2008), un baptiste, qui réussit à empêcher les ONG opérant à l'étranger, bénéficiaires de l'aide étrangère américaine, d'utiliser ces fonds pour promouvoir et pratiquer des avortements, même si dans les pays étrangers où elles opérent, l'avortement est autorisé par la loi. L'"Helms Amendement" fut ensuite complété en 1976 par le "Hyde Amendment" (qui n'entra en vigueur qu'en 1980, quand la Cour suprême en statua la constitutionnalité) par lequel le député républicain Conservateur Henry J. Hyde (1924-2007), un catholique, réussit à imposer une interdiction similaire dans tout le pays.
Le premier [de ces amendements] est une loi permanente des États-Unis, difficilement modifiable, tandis que le second est une mesure liée à la loi de finances annuelle qui doit donc être reconduite chaque année.

Bref, un autre bon début trumpien: une tradition de tous les présidents républicains que Trump a voulu reprendre à son compte, un «acte nécessaire» dont l'absence aurait déclenché la révolte. Le cardinal Timothy M. Dolan, archevêque de New York, ancien président de la Conférence épiscopale des États-Unis (USCCB) et farouche adversaire de la lutte contre les principes non négociables déclenchée par Obama, aujourd'hui à la tête du Comité de l'USCCB pour les activités pro-vie, a applaudi publiquement.
c'est au tour des nombreux autres engagements pris par Trump en défense des «principes non négociables» , parmi lesquels cette liberté religieuse qui aux Etats-Unis d'aujourd'hui passe aussi par la question cruciale du démantèlement de l'"Obamacare".

Vendredi 27 janvier se déroulera à Washington la 44e Marche nationale pour la Vie, un des moments forts où le pays réel américain, chrétien et conservateur, se montre au monde. En plus du cardinal Dolan, prendra également la parole Kellyanne Conway, sondagiste et stratège républicain, catholique, voulu par Trump comme manager de sa campagne électorale et aujourd'hui "Conseiller du Président".
Le plus bel avant-scène du monde sera le sien, confirmant la road-map de la reconquête trumpienne.