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Un boulet de démolition moderniste pour l'Eglise

Marco Tosatti reprend une interview de Maike Hickson (One Peter Five) à l'auteur d'une biographie critique (enfin!) du pape François (8/5/2017)

>>> The political Pope

Le pape défend le volontarisme inhérent aux progressistes, qui prend la forme à la fois du relativisme moral est celle d'un socialisme du "spectacle vertueux" ... autrement dit, les progressistesl aiment paraître bons sans l'être.

Une phrase ô combien actuelle, en particulier aujourd'hui, dans notre pauvre pays

Présentation de l'éditeur

L'histoire non racontée des efforts de la gauche pour politiser le Vatican et la bataille pour l'arrêter, avant que l'Église catholique telle que nous la connaissions ne soit détruite.

Le pape François est le pape le plus libéral de l'histoire de l'Église catholique. Il défend non seulement les causes de la Gauche mondiale, mais il sape aussi l'enseignement et la pratique catholiques pluriséculaires. Pour reprendre les termes du défunt radical Tom Hayden, son élection a été «plus miraculeuse, si vous voulez, que l'escension de Barack Obama en 2008».

Mais pour les "catholiques des bancs", son pontificat est une source d'aliénation. C'est un pontificat, parfois, au-delà de la parodie: François est le premier pape à approuver l'adultère, à flirter avec des propositions pour bénir les mariages homosexuels et la cohabitation, à dire aux athées de ne pas se convertir, à dire aux catholiques de ne pas se reproduire "comme des lapins", à louer le Coran, à soutenir une Europe sécularisée et à célébrer Martin Luther.

À un moment de relativisme moral généralisé, le pape François ne défend pas les enseignements de l'Église mais les dilue. À un moment de persécution chrétienne, il ne renforce pas l'identité catholique mais l'affaiblit. Là où d'autres papes ont cherché à sauver les âmes, il préfère «sauver la planète» et jouer de la politique, de l'habituel capitalism-bashing à son soutien aux frontières ouvertes et au pacifisme.

Dans The Political Pope, George Neumayr donne aux lecteurs ce que les médias ne feront pas: un regard approfondi sur la révolution libérale que le pape François mène dans l'Église. Pour l'universitaire radical Cornel West, «le pape François est un cadeau du ciel». Pour beaucoup de catholiques conservateurs, c'est le pire pape depuis des siècles

Le Pape politique. Un livre aux Etats-Unis analyse de façon critique le pontificat Bergoglio.

Marco Tosatti
8 mai 2017
Ma traduction

* * *

Il nous semble intéressant de reprendre quelques passages de l'interview que Maike Hickson, de OnePeterFive, a faite à George Neumayr, auteur du livre «The political Pope», et dont le sous-titre est «Comment le pape François ravit les libéraux de gauche et abandonne les conservateurs». Le livre de Neumayr, qui a été publié le 2 mai dernier aux Etats-Unis, est une analyse critique des quatre premières années du règne du Pape Bergoglio. Nous ne savons pas si et quand il sortira en Italie (a fortiori en France, hélas!); mais entendre une voix comme celle de Neumayr est certainement une contribution au débat sur la situation de l'Eglise.

Voici quelques phrases de longue interview, nous conseillons la lecture de l'original anglais. Entre autre, sur le site OnePeterFive, Neumayr a donné l'autorisation de publier le premier chapitre de son ouvrage
(*).

«Dès le premier instant où je l'ai vu, j'ai su qu'il était un boulet de démolition moderniste, il m'a frappé d'emblée comme le «jésuite progressiste» typique ... J'ai pensé que ce serait un Pontificat historiquement angoissant ... tandis qu'il se développe, il est devenu de plus en plus clair que quelqu'un devait faire la chronique de ce pontificat chaotique».

Neumayr a étudié à l'université des jésuites. «Le programme de François était si évidemment mis en place pour promouvoir le libéralisme politique et en même temps réduire la doctrine au minimum; c'était la formule du catholicisme vide et à la mode que j'ai vu en vitrine à l'Université des Jésuites de San Francisco».

Neumayr a lu tous les livres biographiques existants sur Jorge Bergoglio, il a parlé avec des prêtres, il a parlé avec les jésuites, avec des militants catholiques, des spécialistes du droit canon et des professeurs catholiques. La plupart d'entre eux ont préféré parler sous couvert d'anonymat. Il a traité du Bergoglio avant et après son élection au trône de Pierre. La conclusion?

« La conclusion indéniable est que l'Eglise catholique souffre sous un mauvais pape, et que les cardinaux doivent affronter cette crise».

Selon Neumayr, le pape «est le produit d'un gauchisme politique et d'un modernisme théologique. Son esprit a été formé par toutes les hérésies post-Lumières et par les idéologies de Marx à Freud et à Darwin. C'est la réalisation de la vision du cardinal Martini d'une Église moderniste qui s'adapte aux hérésies des Lumières. Sur presque tous les fronts, François est un adepte de l'école moderniste». Cela, dit Neumayr, on peut le voir par l'interprétation de certains passages de l'Evangile, «comme quand il décrit le miracle de la multiplication des pains et des poissons comme une métaphore et non pas comme un miracle».

« Ce pontificat est un exemple flagrant de cléricalisme hors contrôle. Le pape François utilise la chaire de la papauté non pas pour présenter les enseignements de l'Église, mais plutôt pour promouvoir son propre agenda politique».

« Beaucoup de ses déclarations ne sont pas conformes aux enseignements de l'Eglise, comme j'en donne la preuve documentée dans le livre».

Neumayr cite parmi les maîtres à penser du pontife Esther Ballestrino de Careaga, une fervente communiste. Et Paulo Freire, auteur du livre «Pédagogie des opprimés»; et il a réhabilité, affirme Neumayr, les théologiens de la libération.

« Il rend hommage au relativisme moral et au socialisme, qui sont au cœur de la gauche mondiale. Ce n'est pas un hasard si ses phrases-symbole sont "Qui suis-je pour juger" et "l'inégalité est à la racine de tous les maux". C'est un chouchou de la gauche mondiale, car il promeut un grand nombre d'éléments de leur agenda, comme le militantisme en faveur [de la théorie] du changement climatique, l'ouverture des frontières et l'abolition de la peine de prison à perpétuité».

« Le pape défend le volontarisme inhérent aux progressistes, qui prend la forme à la fois du relativisme moral et celle d'un socialisme du "spectacle vertueux" ... autrement dit, les progressistes aiment paraître bons sans l'être. Et un pontificat qui combine le libéralisme politique et le relativisme doctrinal et moral, est en accord avec leur politique d'auto-indulgence. Ils aiment aussi une touche de spiritualisme ne menaçant pas leur politique, qu'offre un jésuite dilettante d'Amérique latine».

Sur "Amoris Laetitia" Neumayr est très critique. « C'est un des documents les plus scandaleux de l'histoire de l'Eglise. Le pape François fait un clin d'oeil évident et hoche la tête en signe d'aquiescement aux adultères dans la note 329 du document. Dans mon livre, je parle de l'ambiguïté intentionnelle de ce document ... typique d'un jésuite».

Neumayr est critique pour la faible réponse des prélats. Et il affirme qu'il faudrait une initiative: «Ma position est que les Cardinaux devraient affronter directement le pape sur cette question et lui clarifier que la position peu orthodoxe à laquelle il adhère est totalement inacceptable. Et ensuite, s'il ne répond pas au dubia, ils doivent passer à une correction formelle ».

Neumayr est né en 1972. Il dit de lui-même qu'il est de cette génération de catholiques qui «a demandé du pain et a reçu des pierres». Il espère que son livre «pourra contribuer à un retour à l'orthodoxie et à la sainteté dans l'Église, et [pense] qu'il est du devoir des journalistes de dire la vérité sans crainte ni favoritismes».

NDT

(*) Sur le site d'Amazon, on peut "feuilleter le livre": la table des matières, le chapitre 1 et le début du chapitre 2