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Une Académie Pontificale, mais plus "pour la vie"

Le commentaire de Riccardo Cascioli aux nominations sous la responsabilité de Mgr Paglia - et plus haut? (15/6/2017)

>>> Cf.
Un drôle de paroissien (la nomination de Nigel Biggar)

L'intention de remettre en cause l'encyclique de Paul VI 'Humanae Vitae' et, par suite, celle de Jean-Paul II, 'Donum Vitae', semble de plus en plus claire.
(...)
Le schéma à travers lequel le changement devra intervenir est celui déjà expérimenté avec succès avec Amoris Laetitia: on dira que sur la contraception, la doctrine ne change pas mais on fera du discernement au cas par cas.
(...)
Il est évident que Mgr Paglia - sur indication d'en haut - poursuit l'objectif d'effacer toute trace de l' enseignement de saint Jean-Paul II (...) Le souci de Mgr Paglia n'est pas de défendre la vie de la conception jusqu'à la mort naturelle mais plutôt d'indiquer des routes qui soient partagés aussi par ceux qui ne croient pas dans la sacralité de la vie..

Il n'y a plus de vie à l'Académie pontificale

Riccardo Cascioli
15/06/2017
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

La gravité des nominations à l'Académie pontificale pour la vie est telle qu'elle mérite certainement une mise au point en plus de l'analyse déjà publiée hier.
Il y a au moins deux volte-face qui méritent une réflexion.

Tout d'abord, l'intention de remettre en cause l'encyclique de Paul VI Humanae Vitae et, par suite, celle de Jean-Paul II, Donum Vitae, semble de plus en plus claire. Nous avons déjà parlé de cette dernière récemment, rapportant l'information de l'annulation d'une conférence internationale 30 ans après Donum Vitae que l'Académie pontificale pour la vie avait déjà prévue (avec de nombreux conférenciers et sujets assignés), évidemment avant l'arrivée Mgr Vincenzo Paglia à la tête de l'Académie.

Sur Humanae Vitae, il est question depuis quelque temps d'une éventuelle commission «secrète» chargée de revoir l'Encyclique qui, lorsqu'elle a été publié en 1968, a provoqué une véritable révolte de nombreux théologiens et même de conférences épiscopales qui réclamaient l'acceptation de la contraception. Hier, ces voix ont trouvé une substance: le professeur Roberto De Mattei a révélé les noms de cette commission, parmi lesquels se détachent don Pierangelo Sequeri, récemment nommé président de l'Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, et Mgr Gilfredo Marengo, chargé de cours du même institut, qui sera également le coordinateur de la commission.
Les nouvelles nominations à l'Académie pontificale pour la vie de théologiens, philosophes et bioéthiciens vont exactement dans ce sens de «réinterprétation» d'Humanae Vitae. Un nom parmi tous est celui de don Maurizio Chiodi, théologien moral de la Faculté de théologie d'Italie du Nord qui dans ses cours n'épargne aucune critique à l'Encyclique de Paul VI, et que Mgr Paglia avait déjà introduit dans le Conseil pontifical pour la famille, dans une tentative de faire changer l'orientation des membres du dicastère.

Le schéma à travers lequel le changement devra intervenir est celui déjà expérimenté avec succès avec Amoris Laetitia: on dira que sur la contraception, la doctrine ne change pas mais on fera du discernement au cas par cas. De plus, le même Marengo - rappelle De Mattei, citant un article de Vatican Insider - a récemment invité à surmonter le dualisme «pilule / pas pilule», comme on le fait pour «communion pour les divorcés remariés / pas de communion pour les divorcés remariés». Pour être précis et pour la postérité, c'est précisément cette façon de contourner la loi de Dieu à son propre usage que l'on qualifie de «pharisaïsme».

Mais ici, le problème va bien au-delà de l'hypocrisie. Il s'agit de saper le principe fondamental qui est à la base d'Humanae Vitae, conforme à ce que l'Église a toujours enseigné: l'inséparabilité des buts unitifs et procréatifs de l'acte conjugal. Admettre la contraception signifie introduire une séparation qui est déjà à l'origine de la catastrophe démographique et sociale de nos pays occidentaux.

Ce n'est pas tout: en suivant le fil de la pensée de moralistes du genre Paglia, on veut réduire l'enseignement de l'Eglise - ici, sur le mariage et l'acte conjugal - à un idéal abstrait et accessible par un petit nombre, d'où la nécessité d'abaisser la barre de manière à tenir compte de la réalité. C'est une vision qui vide les sacrements de leur sens et condamne l'homme à sa limite, et c'est évidemment une vision qui s'étend nécessairement à tous les aspects de la vie de l'Église (on n'est donc pas surpris de voir déjà à l'horizon un nouveau débat sur le célibat sacerdotal).

Une réinterprétation d'Humanae Vitae dans un sens libéral, aurait donc des conséquences extrêmement graves pour l'Église.

La deuxième question est liée d'une certaine façon à la première. Il est en effet évident que Mgr Paglia - sur indication d'en haut - poursuit l'objectif d'effacer toute trace de l' enseignement de saint Jean-Paul II. L'Académie pontificale pour la vie a été fortement souhaitée par le Pape Wojtyla - contre beaucoup de résistances - justement pour promouvoir la culture de la vie, en défense du droit à la vie et de la dignité humaine. C'est pourquoi, pour tous les membres de l'Académie, il était prévu un serment dans lequel ils s'engageaient à défendre la vie.

Avec Mgr Paglia, au contraire, nous avons vu la suppression du serment dans les statuts de l'Académie, et à présent la nomination de philosophes et de scientifiques en désaccord avec la vision en faveur de la vie. Un scandale particulier a été suscité par la nomination comme membre à part entière de l'Académie du philosophe britannique Nigel Biggar (cf. Un drôle de paroissien), publiquement en faveur de l'avortement jusqu'à 18 semaines. Qu'est-ce que Biggar a à voir avec le but pour lequel est née l'Académie pontificale pour la vie? Rien, il représente le contraire, mais c'est la raison pour laquelle il a été nommé. Très discutable également la nomination du professeur Angelo Vescovi qui avec Mgr Paglia peut se vanter d'une longue association. En effet, à Terni, ville dont Paglia a été évêque de 2000 à 2013, a été créé un centre de recherche sur les cellules souches, dirigée par Vescovi et financé par Paglia lui-même. Bien qu'officiellement on prétende que la recherche ne concerne que les cellules souches adultes, des sources locales affirment que la recherche scientifique concerne aussi les cellules souches embryonnaires.

Quoi qu'il en soit, il est clair que le souci de Mgr Paglia - comme du reste on le perçoit à ses commentaires sur la nomination des nouveaux membres de l'Académie - n'est pas de défendre la vie de la conception jusqu'à la mort naturelle mais plutôt d'indiquer des routes qui soient partagés aussi par ceux qui ne croient pas dans la sacralité de la vie. Les résultats, nous les verrons bientôt