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Vilains réacs contre gentil Pape

Une "pasquinade" sur les murs de Rome (5/2/2017)

Hier sur les murs du centre historique de Rome sont apparues - "par dizaines" rapporte Marco Tosatti - des affiches représentant François, l'air renfrogné et même inquiétant (bien que les médias continuent de nous servir le même portrait à l'eau de rose du gentil Pape proche du peuple, et les mêmes images souriantes, on peut trouver sur internet beaucoup de photos aussi rébarbatives que celle-là, mais elles sont plus utilisées pour illuster les blogs que les sites des grands médias), avec en-dessous un court texte qui l'interpelle en patois romain, et qui dit (traduction d'Anna):

Eh/ohé François, t’as mis sous tutelle des congrégations, démis des prêtres, décapité l’ordre de Malte et les Franciscains de l’Immaculée, ignoré des Cardinaux, mais où est-elle ta miséricorde (n’do sta = in dove sta = dov'è?)?

En un clin d'oeil, la photo est devenue "virale" sur les réseaux sociaux et les blogs, elle en a fait rire certains, mais elle a suscité de la part des vertueux papistes (les "thuriféraires") une réprobation indignée pour ce crime de lèse-majesté. Les grands médias du système ont immédiatement titré sur la responsabilité des méchants "ultraconservateurs". Par exemple, le Corriere della Sera titre "ON ENQUÊTE DANS LES MILIEUX CONSERVATEURS".

Et de fait, la DIGOS (Divisione Investigazioni Generali e Operazioni Speciali) a été saisie et avec une célérité qui évoque celle de la magistrature française pour ouvrir une enquête sur le couple Fillon, fait poser des autocollants portant l'inscription "AFFICHAGE ABUSIF" pour masquer le texte des affiches délictueuses (elle est moins regardante en ce qui concernes les innombrables affiches et pub indécentes qui blessent la pudeur des enfants, et pas seulement, dans toutes les grandes villes, et à Rome en particuler). Comme si, avec les graves menaces qui pèsent actuellement sur l'Italie comme sur la France, la police n'avait rien de mieux à faire en ce moment .
Même Aldo Maria Valli a cru devoir voler au secours du Pape, titrant sur son blog "Un geste inacceptable. A condamner immédiatement".

Et pourtant, tous savent, ou devraient savoir que les libelles ne sont pas une nouveauté pour les romains, ils font partie de leur ADN. Ils les appellent "pasquinades", ce qui mérite une explication:
Voici celle que donne "Mic" la rédactrice du blog Chiesa e post Concilio:

Pour les nombreux lecteurs étrangers, je rappelle que Pasquino est une célèbre statue de Rome, célèbre parce qu'elle est devenue parlante, entre le XVIe et le XIXe siècle. A ses pieds, mais le plus souvent à son cou, on accrochait la nuit des feuilles contenant des satires en vers, de façon anonyme, qui s'en prenaient aux plus importantes personnalités publiques: les nommées "pasquinades", dans lesquelles émergeaient, non sans un certain esprit de défi, la mauvaise humeur populaire envers le pouvoir et l'aversion pour la corruption et l'arrogance de ses représentants.

Ajoutons que les affiches ne sont pas bien méchantes, ce n'est pas la personne du Pape, qui est visée, mais ses décisions les plus contestables. Les mêmes qui aujourd'hui s'indignent n'ont jamais levé un petit doigt lorsque Benoît XVI a été la cible de caricatures ignobles, généralement obscènes, qui s'attaquaient à sa personne, uniquement parce qu'il défendait la doctrine. Comme ce fut le cas systématiquement à l'occasion de la gay pride annuelle (*), et lors de la visite manquée à la Sapienza. Là, il n'était question que de la liberté d'expression des auteurs des injures (de vraies injures, en l'occurrence), et de l'exposition normale du Saint-Père en tant que personne publique.

Alors... un peu d'humour, chers thuriféraires. Le Pape n'en mourra pas, et s'il est celui que vous croyez, il sera le premier à rire. D'ailleurs il est si miséricordieux qu'il a déjà pardonné à ses agresseurs virtuels.

* * *

NDT:
(*) Lors de la marche de juin 2007, c'était tellement ordurier, que Francesco Cossiga, Président émérite de la République italienne avait envoyé en son nom propre une lettre d'excuses au saint-Père: beatriceweb.eu