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10 ans de Summorum Pontificum

Pour célébrer le grand don de Benoît XVI à l'Eglise, un pélerinage et un symposium sont organisés à Rome du 14 au 17 septembre prochains (5/9/2017)

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10 ans après: la traversée du désert des groupes stables

Andrea Zambrano
www.lanuovabq.it
5 septembre 2017
Ma traduction

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Le 14 Septembre d'il y a dix ans, la basilique inférieure de Loreto accueillait la première messe codifiée selon la Forma extraordinaria par Benoît XVI à travers le Motu proprio Summorum Pontificum qui entrait en vigueur ce jour-là. C'était la première fois que la messe grégorienne, ou tridentine ou plus familièrement «la messe en latin» était officiellement dédouanée et célébrée sans les règles indultistes antérieures qui l'avaient de fait ghettoïsée dans les limbes des années post-conciliaires.

Les fidèles arrivèrent, épars, ça et là de différentes régions d'Italie. C'était le cardinal Dario Castrillon Hoyos qui célébrait: en tant que président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, il avait déjà préparé le terrain quelques années plus tôt à Sainte Marie Majeure - où est enterré Saint Pie V -, le 24 mai 2003, au cours d'une messe pontificale où il répéta que ce rite n'avait jamais été aboli et avait pleinement droit de cité dans la vie de l'Eglise. Dans cette homélie, il y avait en substance le futur texte du Motu proprio de Benoît XVI: «Ce qu'on appelle le rite de saint Pie V ne peut pas être considéré comme éteint et l'Autorité du Saint-Père a exprimé son accueil bienveillant aux fidèles qui, tout en reconnaissant la légitimité du rite romain renouvelé selon les indications du Concile Vatican II, restent liés au rite précédent et y trouvent une nourriture spirituelle valide dans leur chemin de sanctification».

Les fidèles qui se réunirent à Loreto en 2007 était ce petit monde traditionaliste qui avait gardé l'usus antiquor comme une perle précieuse. Ce n'étaient pas des lefebvristes ou des fidèles sedevacantists, ainsi qu'on a essayé de les étiqueter à l'époque. Mais ils étaient peu nombreux et pas du tout organisés. Depuis ce jour, beaucoup d'entre eux, profitant des grandes concessions et de la légitimité offerte par le Motu proprio, commencèrent, de retour dans leurs communautés, à organiser les premiers groupes stables pour la célébration de la forme extraordinaire qui aujourd'hui se sont développés au point de devenir plus de 100 sur le territoire national [italien]. Parfois, ils ont dû entrer en conflit avec leurs évêques, dans d'autres cas, ils ont trouvé des pasteurs attentifs et paternels.

C'est un petit miracle de la façon dont la loi de l'Église peut faire naître et fructifier les expériences les plus authentiques de foi et de dévotion. Aujourd'hui, les groupes stables sont nombreux, disséminés ici et là et surtout commencent à sortir la tête, nullement intimidés par les vieux héritages dont ils sont encore souvent la cible dans un printemps spirituel qui commence même à donner ses premières vocations.

Dix ans plus tard, c'est une situation notablement changée qui sera analysée du 14 au 17 Septembre prochain à l'Angelicum de Rome et à la basilique Saint-Pierre. C'est là, sous l'autel de la Chaire du Prince des Apôtres que le cardinal Carlo Caffarra célébrera pour la première fois publiquement la messe tridentine pour sceller un pèlerinage par certains aspects historique.

La messe en latin a été acceptée comme forme pleinement valide et fructueuse de la vie liturgique de l'Église, mais demeurent les polémiques académiques de certaines élites sur de présumés coups d'Etat liturgiques visant à supprimer la réforme de Benoît XVI, qui, en donnant une légitimité à la forme extraordinaire, confirmait la nécessité d'une 'contamination' positive entre les deux formes.

D'autre part, il ne pouvait en être autrement parce que les fidèles des groupes stables n'ont rien à voir avec les résurgence nostalgiques et passéistes, et les prêtres qui s'en approchent pour la première fois sont prêts à témoigner des grands avantages spirituels à l'égard de leur propre foi. Aujourd'hui, ceux qui assistent aux messes en latin sont de jeunes fidèles, entre 30 et 50 ans, qui ont grandi spirituellement et sacramentellement dans la nouvelle messe dont ils ont pourtant subi les abus, la dimension verticale et l'arbitrarité cléricale, qui n'ont jamais connu la forme préconciliaire de la messe et ne peuvent donc pas se sentir nostalgiques. Mais ils ont touché de la main la richesse sacrée et la spiritualité émanant d'une messe qui depuis Saint Grégoire a forgé dans la foi toute la civilisation chrétienne et alimenté la spiritualité d'innombrables Saints de la Chrétienté comme l'a dit Castrillon Hoyos se référant à Jean-Paul II, pour qui «cette forme liturgique vénérable, qui a nourri son enfance et sa jeunesse, qui était celle de son ordination sacerdotale, de sa première messe, de son ordination épiscopale, fait ainsi partie de sa couronne de souvenirs la plus belle et la plus spirituelle».

Sacré, silence, dimension sacrificielle, rigueur liturgique comme méthode et non comme oripeaux, profondeur théologique de la prière: dans la messe selon la forme extraordinaire ces aspects sont accentués et valorisés, et les fidèles qui s'en approchent chaque année en nombre croissant se sentent sur le Golgotha avec Marie, ne cherchent pas le formalisme comme fin en soi, mais seulement à être fidèle à la directive du Concile selon laquelle la messe est la source et sommet de la vie chrétienne. Donc le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu. Et quand on fait une rencontre, on voudrait que celle-ci soit la plus parfaite et la plus pure possible. Il n'y a pas de naphtaline, pas d'approche idéologique. Il n'y a que le désir d'aborder une rencontre décisive, qui se traduit ensuite en charité dans la vérité. Et si le latin est un obstacle pour certains, c'est un écueil qui peut être facilement surmonté, parce que la messe ne doit pas être comprise, mais simplement vécue.

La grande intuition de Benoît XVI, Pape pleinemen conciliaire au point d'être plus impopulaire que d'autres papes chez les lefebvristes, ce fut précisément d'avoir rappelé que nous ne sommes pas confrontés à deux rites, mais à un rite unique qui se développe sous deux formes, qui peuvent s'enrichir mutuellement, tant et si bien - et ceci est récent -, que ce n'est plus une abomination de parler d'un rite unique qui reconnaît les influences positives des deux formes. Sous le signe de la réconciliation liturgique.

L'union des groupes stables, appelés Coetus Internationalis Summorum Pontificum, en parlera jeudi 14 Septembre à l'Angelicum avec le cardinal Gherard Muller et le préfet pour le Culte Divin le cardinal Robert Sarah, avec un très riche parterre d'hôtes, parmi lesquels le préfet de la Maison Pontificale Mgr George Gänswein, qui célébrera les vêpres solennelles dans la forme extraordinaire. Puis, entre pèlerinages, chemins de croix et adoration eucharistique, samedi à 11 heures, le moment attendu: la célébration de la messe par le cardinal Caffara qui scellera au coeur de la Rome chrétienne, les dix premières années qui ont remis la liturgie au centre.