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La vérité du Pape (Benoît)

ou pourquoi il fallait écarter Benoît XVI. A propos d'un livre d'Aldo Maria Valli, en 2010 (7/1/2017)

>>> Ci contre: "La verità del Papa: Perché lo attaccano, perché va ascoltato" (Aldo Maria Valli, janvier 2010)

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La partie se joue entre la vérité et le relativisme. Et ceux qui veulent que l'humanité tombe totalement en proie au relativisme ont parfaitement compris que le premier obstacle à écarter, c'est Benoît XVI.

En faisant une recherche dans les archives de mon site, je suis (re)tombée sur un article de septembre 2010. A l'époque (une autre époque, décidément!!), Andrea Tornielli et Paolo Rodari venaient de co-écrire un livre intitulé "Attacco a Ratzinger" (traduit en français sous le titre "Un pontificat sous les attaques".)
Presque au même moment, Aldo Maria Valli publiait sur le même sujet "La verità del Papa: Perché lo attaccano, perché va ascoltato"
Notons que le livre de Valli est paru en janvier 2010, donc précède de quelques mois celui du duo Tornielli/Rodari, publié en août. Il est donc normal qu'Aldo Mria Valli se soit intéressé à l'ouvrage de ses collègues, et c'est ce qu'il faisait sur le site catholique Vino Nuovo , dans ce billet de septembre 2010.
Sans parler de la confirmation de ce qu'il faut bien appeler le revirement d'Andrea Tornielli depuis le 13 mars 2013 (comment ce dernier, - devenu le porte-parole officieux du pontificat actuel - peut-il ne pas voir que l'élection de François est précisément la prise de pouvoir par "ces secteurs de l'Eglise et du monde catholique qui au nom du renouveau et du dialogue avec la modernité considérent Benoît XVI comme un anachronisme.."- alors qu'il est flagrant que le Pape actuel est l'émanation desdits secteurs?), on est frappé par la justesse et la force prophétique de la conclusion: malgré toutes les dénégation religieusement correctes, officielles ou pas, les "ennemis du Pape" ont bel et bien réussi à écarter l'obstacle Benoît XVI, et le programme qu'ils poursuivaient est aujourd'hui en oeuvre sous nos yeux.

Vino Nuovo, 2 septembre 2010
Ma traduction

* * *

Quand on fera l'histoire du pontificat de Benoît XVI, il sera difficile d'ignorer le livre de Paolo Rodari et Andrea Tornielli "Attacco a Ratzinger". Les deux vaticanistes, parmi les meilleurs que je connaisse ["ça, c'était avant"!!!, ndt], retracent avec précision, et même avec de nouveaux détails, dix attaques que le pape Ratzinger a subies au cours des dernières années, ils établissent des connexions et arrivent à une conclusion: contre le pape actuel est en cours une attaque qui a des protagonistes et des mandataires différents mais unis par le même dessein.

Les épisodes passés en revue sont ceux qui ont fait la une des médias, du discours de Ratisbonne à la libéralisation de la messe selon l'ancien rite, de la levée de l'excommunication des quatre évêques lefebvristes aux affirmations relatives à l'utilisation des préservatifs comme outil contre l'épidémie du Sida, de l'accueil de groupes anglicans dans l'Église catholique au scandale dévastateur des crimes de pédophilie commis par des prêtres. Argument divers, situations diverses, horizons divers mais avec un dénominateur commun: la volonté, de la part de certains, de frapper ce pontife.

Maintenant, pourquoi ces attaques? Et qui sont les ennemis de Benoît? Le livre est très clair.
La raison commune est la volonté d'affaiblir Benoît XVI, sapant sa crédibilité, ce qui peut être atteint en le dépeignant constamment comme une vieux réactionnaire expression d'un monde dépassé et d'une foi qui non seulement n'a plus rien à dire à l'homme contemporain, mais devient dangereux (voir le cas du SIDA) sur le chemin de la liberté authentique et du véritable progrès.
Quant aux ennemis, les auteurs en identifient trois: le premier est représentée par des intellectuels, centres de pouvoir et courants de pensée qui veulent pousser l'Eglise en marge du débat public, reléguant la foi et ses conséquences morales au domaine du sentimentalisme privé, lui enlevant ainsi toute signification sociale et culturelle. Le deuxième ennemi est au contraire interne, et se compose de ces secteurs de l'Eglise et du monde catholique qui au nom du renouveau et du dialogue avec la modernité considérent Benoît XVI comme un anachronisme, car il est trop attaché à la tradition et une vision dogmatique (disent-ils) de la foi. Enfin, il y a le troisième ennemi, encore plus interne, parce qu'il est physiquement à quelques pas du pape lui-même: ce sont ces collaborateurs qui, au sein de la curie vaticane, en réalité ne collaborent pas du tout, mais, parfois par incapacité, parfois parce qu'ils sont peu en phase avec ce pape, rament dans la direction opposée.
Selon Rodari et Tornielli, on ne peut pas dire qu'un complot est en place, en ce sens que les différents ennemis fonctionnent chacun selon leur logique, sans un projet pré-établi d'un commun accord. Mais à coup sûr les attaques vont dans le même sens et visent à obtenir le même résultat .

C'est une thèse que je partage et qui est vérifiable dans les faits. Il y a cependant un détail dans l'analyse des auteurs avec lequel je suis en désaccord, c'est quand ils soutiennent que de la part du Vatican il y a un défaut de communication. Dans le cas de la révocation de l' excommunication des évêques lefebvristes, il y avait certes un retard dans la réalisation de la gravité des allégations de l'évêque Richard Williamson et on n'a pas été en mesure d'expliquer suffisamment les raisons et l'étendue de la décision du Pape, le fait est admis par le Pape lui-même.
Mais dans les autres cas "incriminés", honnêtement, je ne vois pas de faute du point de vue de la communication . Ce que Benoît XVI a affirmé dans le discours de Ratisbonne, par exemple, est ce qu'il a réellement voulu dire, et la citation qui a déclenché le chaos, la violence utilisée par Mohamet, était utile à son discours. Ce sont les médias , qui ont mis dans la bouche du pape les mots qui en fait étaient ceux de l'empereur Manuel Paléologue, qui a vécu près de sept cents ans auparavant. Et quand le pape, en voyage vers l'Afrique, a dit que ce n'est pas avec un préservatif qu'on peut résoudre le problème du SIDA, aurait-il dit quelque chose de déraisonnable? Ou n'est-ce pas ce que disent aussi les scientifiques les plus honnête et les moins idéologisés?

Dans le même temps où Rodari et Tornielli ont écrit "Attacco a Ratzinger", j'ai écrit "La vérité du pape". Et à bien des égards les deux livres se ressemblent, au point que le titre initialement prévu pour mon livre était "Attaque à l'Eglise". Ce n'est pas seulement une coïncidence. Si trois vaticanistes, sans se consulter, ont ressenti la même exigence, cela veut dire que nous assistons à un phénomène dont l'importance va au-delà de l'ordinaire. Si, il y a plusieurs années, Jean-Paul II a été physiquement placé dans la ligne de mire d'un assassin, Joseph Ratzinger est à présent une cible, grâce à Dieu d'une autre manière, mais l'attaque d'aujourd'hui est plus dévastatrice.
La partie se joue entre la vérité et le relativisme. Et ceux qui veulent que l'humanité tombe totalement en proie au relativisme ont parfaitement compris que le premier obstacle à écarter, c'est Benoît XVI.