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L'année 2017 du Pape émérite

Quand Benoît XVI s'exprime sans parler. Revue des moments marquants, sur Il Giornale (25/12/2017)

Quand l'interlocuteur commence à le pousser dans la direction d'une quelconque implication de sa part, même la plus symbolique, discrète et indirecte possible, le Pape émérite s'exclame: «Et maintenant prions», et met fin à la conversation.

L'année émérite de Ratzinger

Francesco Boezi
Il Giornale
24 décembre 2017
Ma traduction

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Benoît XVI a choisi le silence absolu sur les questions concernant l'Église catholique. Et poutant, en 2017, le Pape émérite a dit des choses

Benoît XVI a choisi le silence, et avec lui de ne pas intervenir dans les affaires concernant l'Église catholique. Joseph Ratzinger reçoit habituellement quelques personnes - n'appartenant pas nécessairement au cercle des Ratzingeriens - pour se tenir au courant des événements ecclésiaux, géopolitiques et culturels.

Mais le Pape émérite - sur la division doctrinale - ne s'est jamais exprimé. Quelqu'un qui a eu l'occasion de parler avec des personnes «résolument informées des faits» a écrit sur Facebook que Ratzinger «tient à se faire raconter en détail le tableau des situations, en particulier les problématiques. Mais quand l'interlocuteur commence à le pousser dans la direction d'une quelconque implication de sa part, même la plus symbolique, discrète et indirecte possible, le Pape émérite s'exclame: «Et maintenant prions», et met fin à la conversation. Benoît XVI - bien qu'il soit devenu (malgré lui) le symbole de ceux qui s'opposent au Pape François - ne joue aucun rôle dans l'opposition entre «conservateurs» et «progressistee».
L'année que Ratzinger laisse derrière lui n'a pas pas manqué de nouvelles sur son compte. Bien qu'il ne parle pas, le pape allemand est toujours au centre de la scène.

La préface au livre du Cardinal Sarah (cf. Un inédit de Benoît XVI) a fait sensation. Le cardinal africain est considéré comme un homme marginalisé par Bergoglio en raison de son appartenance au courant du traditionalisme doctrinal. Dans la préface à «La force du silence», Ratzinger a écrit:
«Tout comme pour l'interprétation de la Sainte Écriture, il est vrai aussi pour la liturgie qu'une connaissance spécifique est nécessaire. Mais il est vrai également de la liturgie que la spécialisation peut manquer de l'essentiel si elle n'est pas enracinée dans une union profonde et intérieure avec l'Église qui prie, qui apprend toujours du Seigneur lui-même ce qu'est l'adoration».

Et encore:
«Avec le Cardinal Sarah, maître du silence et de la prière intérieure, la liturgie est entre de bonnes mains».

Beaucoup ont interprété ces paroles comme une façon de protéger le Cardinal Sarah du risque d'être démis de la Congrégation dont il est Préfet, celle du culte divin et de la discipline des sacrements. Et toujours le cardinal africain a publié sur Twitter - il y a quelques semaines à peine - une photo qui le représente aux côtés du Pape émérite: la dernière photographie publique de Joseph Ratzinger (cf. Benoit XVI et le cardinal Sarah). Il semblerait que Benoît XVI ait voulu dire ce qu'il pense sur la «disgrâce» de cet homme d'Église, même s'il n'a pas proféré un mot à ce sujet.

Mais 2017 est aussi l'année où a été publié le rapport final de l'enquête sur les sévices perpétrées sur des mineurs dans la chorale de Ratisbonne, où 67 enfants auraient été victimes de violences sexuelles entre 1953 et 1992. Georg Ratzinger - le frère du pape émérite - a dirigé cette chorale pendant 30 ans (cf. interview de Michael Hesemann).
Certains ont interprété cette nouvelle comme la énième attaque orchestrée contre Ratzinger. Ettore Gotti Tedeschi - interviewé par Il Giornale (cf. Nouvelle interview d'Ettore Gotti Tedeschi) - a répondu en ces termes à une question sur cette affaire:
«.... C'est d'ailleurs une méthode utilisée aux États-Unis il y a une dizaine d'années pour faire émerger les scandales de pédophilie et demander au Saint-Siège des millions de dommages et intérêts. Et on leur a même demandé d'interroger le pape Ratzinger. Benoît XVI est l'un des plus grands papes de l'histoire de l'Église, destiné à être considéré comme "magno". On ne lui attribue qu'un seul défaut: avoir été un Pape restaurateur et conservateur, attributs qui sont devenus aujourd'hui un mal absolu...».

2017 - enfin - fut l'année où, dans un message pour la mort du cardinal Meisner (cf. Obsèques de Meisner: l'adieu de Benoît XVI (II)), Ratzinger écrivit:
«Mais ce qui m'a le plus ému, c'est qu'il a vécu cette dernière période de sa vie.... dans la certitude de plus en plus profonde que le Seigneur n'abandonne pas son Église, même si parfois la barque s'est remplie jusqu'à se retourner...».

Des mots que certains ont lus comme un examen indirect de l'état de santé de l'Église catholique.
En somme, Benoît XVI ne s'exprime plus publiquement, sinon au moyen de préfaces et de quelques messages sporadiques.

Enfin, l'année des rumeurs sur la santé de Ratzinger touche à sa fin: rumeurs que le Vatican a immédiatement démenties.

2017: une autre année sans Benoît, mais seulement d'un point de vue formel.