Benoit-et-moi 2017
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Les derniers jours de pontificat de Benoît XVI

Le récit, au jour le jour, de son secrétaire maltais don Alfred Xuereb (18/10/2017)

Le Saint-Père dans son bureau avec ses deux secrétaires, le 16 mai 2010 (on est très loin du décor glacé et pompeux imaginé par Sorrentino!!)

Don Xuereb raconte les derniers jours du Pontificat de Benoît XVI

Angela Ambrogetti
17 octobre 2017
www.acistampa.com
Ma traduction

* * *

«Un temps de grande croissance», c'est ainsi qu'hier soir, dans la cathédrale de Pordenone, Mgr Alfred Xuereb, pendant près de six ans Secrétaire de Benoît XVI, a décrit son expérience aux côtés du Pape.
«Le 90e anniversaire du pape émérite: sens d'une vie et d'un pontificat» était le thème de la rencontre dans la cathédrale Saint-Marc de Pordenone,
L'initiative était promue par [entre autres] la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI.
Mgr Alfred Xuereb, qui a été également secrétaire du Pape François dans la première période qui suivit l'élection, a raconté quelques-uns des moments les plus personnels des derniers jours du pontificat de Benoît XVI.
«Samedi dernier, je l'ai remercié et je lui ai dit: "Saint Père, vous avez enrichi toute ma vie et pour cela je vous remercie"».

L'histoire de Don Alfred commence le 5 février 2013. C'était un mardi.

«Une date qui restera gravée dans mon cœur et mon esprit toute ma vie - dit Xuereb, lisant ses notes -. Le Saint-Père, ce matin-là, m'appelle dans son bureau, m'invite à m'asseoir et me dit qu'il doit me communiquer quelque chose d'important. Immédiatement, il m'annonce une nouvelle bouleversante: il a décidé de renoncer au pontificat. Le dernier jour en tant que Pape régnant sera le 28 février. Il ira vivre dans le Monastère qui se trouve dans les Jardins du Vatican et qui est en cours de restructuration mais - me dit-il - "Vous resterez avec le nouveau Pape". Légitimement ébranlé, je lui demande si j'aurai encore l'occasion de le voir. Et il me répond: "Je resterai retiré du monde, mais pour les amis ce sera possible"».

C'est l'un des nombreux moments que don Alfred a voulu partager avec les personnes présentes à l'événement. Et il a poursuivi: «J'ai compris que Benoît avait déjà pensé à tout. C'était une décision douloureuse, mais maintenant je comprends les longs moments de prière des derniers temps.»

Xuereb continue le récit, au jour le jour. Après l'audience générale du 6 février - se souvient-il - «j'ai pensé à lui dire d'y réfléchir à nouveau, mais je me suis retenu, parce que j'ai vu que le Saint-Père était serein et assuré».

La vie quotidienne de ces jours reste normale jusqu'au 11 février 2013, jusqu'à ce Consistoire. Benoît XVI parle sans détours, il va droit au but: pour gouverner la barque de Saint Pierre, la vigueur est nécessaire.....

Monseigneur Xuereb se rappelle, et nous raconte ce qui s'est passé ce matin-là: lui fond en larmes, et beaucoup sont émus. Don Alfred se souvient d'avoir dit: «Saint-Père, mais vous sembliez très calme en lisant!» Et le Pape a répondu: oui!

Le 13 février, le Pape s'adresse aux gens, la première audience générale après l'annonce. Elle ne peut pas être comme les autres. Parmi les gens accourus, sourires et pleurs. Benoît continue, avec sa lucidité habituelle et demande la prière qu'il a sentie forte pour lui.

27 février: depuis le jour de la renonciation, beaucoup de demandes sont arrivées, les plus diverses. Tout le monde aimerait rencontrer le Pape, mais ce n'est pas possible. «Je me sens privilégié, je peux embrasser l'anneau du pêcheur tous les jours», dit don Alfred au Pape. Et Benoît répond: «mais vous êtes ma famille».

Le 27 février est le jour de la dernière audience générale. Ce sont des jours de grande activité pour le déménagement, d'attention aux choses les plus minimes, y compris les ours en peluche que Joseph Ratzinger a toujours emmenés avec lui, depuis des années. Il y en a un qu'il emmène avec lui depuis 1935: il lui a été offert par sa maman, pour Noël, le fameux ours en peluche qu'il admirait quand il allait à l'école dans la vitrine du magasin et pour lequel, tout petit enfant, il avait pleuré car il croyait qu'il était perdu. L'autre date de 1939 et sur son béret, il porte un nom. Il avait perdu un œil et le petit Joseph avait essayé de le réparer avec de la cire chauffée et lui était brûlé la face.

Nous arrivons à la date historique du 28 février. Le monde suit en direct, le Pape ne laisse pas transparaître son émotion. De l'hélicoptère, on peut voir les gens qui saluent, surtout sur la place, les cloches sonnent. A Castelgandolfo, les gens attendent le Pape. Le climat a été aussi normal que possible le soir, avec la promenade vespérale.

Le 2 mars, tout le monde est à la recherche d'images et de nouvelles. «On pourrait penser que nous n'avons rien à faire, au contraire, le travail ne manque pas. Les lettres arrivent du monde entier, énormément de gens veulent montrer leur affection et leur gratitude pour ce qu'il a fait dans son pontificat et pour le choix courageux que seul un homme profondément humble pouvait faire».

Objets, images, CD, poèmes, dessins, livres arrivent: chacun donne au Pape quelque chose. Don Alfred dit: «L'étagère sur laquelle je range la correspondance est chargée jusqu'à l'invraisemblable».

4 mars: Début des congrégations générales. Lors de la promanade, Benoît confie qu'il sait que le miracle de la canonisation de Jean-Paul II a été constaté. Incroyable coïncidence, l'approbation est arrivée dans la matinée du 11 février.

5 mars: le Pape rend l'anneau du pêcheur. Je l'ai embrassé pour la dernière fois.

13 mars: on attend l'élection du nouveau Pape. «Nous nous sentons unis avec toute l'Église qui invoque l'Esprit saint». S'ensuit la première apparition de François. «Nous sommes restés admiratifs devant les paroles et les gestes du nouveau Pontife», explique don Alfred. Pendant le dîner, le téléphone sonne. Le pape François voulait saluer le pape Benoît XVI, mais dans la salle de télévision, le téléphone a été débranché. «C'était très émouvant d'être présent à l'appel téléphonique. J'ai entendu Benoît dire: "merci Saint Père, d'avoir tout de suite pensé à moi!"»

15 mars: Don Alfred doit quitter Castelgandolfo pour commencer son service auprès du nouveau Pape. Le moment de la séparation est poignant. Je me sentais un peu perdu et dans le bureau de Benoît, j'ai essayé de lui dire à quel point c'était triste pour moi, et difficile, je l'ai remercié et je lui ai dit que les années avec lui m'ont tellement aidé à mieux regarder les choses d'ici bas! Je me quis prosterné pour embrasser l'anneau qui n'était plus celui du pêcheur, et il s'est levé et avec un regard de tendresse, il m'a béni».

Le père Federico Lombardi, président de la Fondation du Vatican Joseph Ratzinger-Benoît XVI, le journaliste de la RAI Fabio Zavattaro, le professeur Pierluca Azzaro, professeur à l'Université Catholique du Sacré-Cœur de Milan, étaient également présents.

A la fin de la soirée, l'Orchestra e Coro di San Marco et le Chœur G. Tomat de Spilimbergo, dirigé par le maestro Davide De Lucia, ont interprété la "Missa in honorem Sanctissimae Trinitatis" in do maggiore K167 de Wolfgang Amadeus Mozart.