Benoit-et-moi 2017
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Un important discours de Benoît XVI en 2011

Benoît XVI et le card. Maradiaga, alors président de Caritas

adressé à Caritas Internationalis, qu'on pourrait appliquer aujourd'hui à la branche humanitaire de l'Ordre de Malte (2/2/2017)

>>> Voir aussi: Ordre de Malte: une autre pièce du puzzle

Une grande partie du discours prononcé par Benoît XVI le 27 mai 2011 à l'occasion de l'Assemblée Générale de Caritas Internationalis pourrait s'appliquer aujourd'hui à l'Ordre de Malte, ou plus exactement à sa branche humanitaire, Malteser International (même si les statuts des deux organismes sont bien différents, l'Ordre de Malte étant, jusqu'à présent, une entité souveraine, alors que Caritas dépend directement du Saint-Siège). Pourrait... si évidemment Benoît XVI était encore Pape. Mais il semble qu'il ne soit plus d'actualité.
Sur le moment, ce discours était apparu comme une reprise en main énergique par le Pape en personne de Caritas, contre des dérives sécularistes; il y recadrait ses dirigeants (au premier rang desquels son président d'alors, le cardinal Maradiaga, qui passe aujourd'hui pour un proche conseiller de François) auxquels il était rappelé que Caritas n'était pas une simple ONG parmi d'autres, distribuant des préservatifss, et faisant la promotion de l'avortement, comme il l'évoquait dans la grande encyclique sociale Caritas in veritate (cf. CIV §28) - mais était tenue de se conformer aux valeurs de l'Evangile en général, et à la dictrine morale de l'Eglise en particulier

A l'époque, JM Guénois, sur son blog du Figaro, écrivait avec justesse:

Ce qui vient de se passer cette semaine à Rome ressemble à une révolution de palais sans importance mais elle est hautement significative. Parce qu'elle confirme la direction prise par le pontificat de Benoît XVI et par toute l'Eglise catholique.
En un mot, Rome a "repris en main" un secteur entier de l'activité de l'Eglise catholique. Celui de l'assistance humanitaire et de ses milliers d'ONG catholiques.
(...) le Vatican a "recadré" la politique générale de l'organisation [Caritas]. Il lui a demandé de ne pas considérer, dans l'action humanitaire, l'Eglise catholique comme une sorte de partenaire, privilégié mais parmi d'autres, mais comme son être essentiel. Le sens même, la raison de son engagement social.
Autrement dit : l'action sociale de l'Eglise catholique ne peut pas être techniquement déconnectée du corps central de la foi catholique. Cette action doit être clairement identifiée catholique.
(...)
[Benoît XVI] s'attaque aujourd'hui au bastion de l'action sociale de l'Eglise où sont effectivement et admirablement engagés - il faut le dire et le saluer car il y a souvent carence de volontaires - bon nombre de catholiques qui ne se reconnaissent pas forcémenent dans cette ligne de Benoît XVI.
Cette reprise en main et ce recadrage vont être critiqués et combattus en interne mais Benoît XVI a déjà montré que rien n'arrêtait sa volonté - qu'il considère comme sa plus haute responsabilité de pape théologien - de rendre l'Eglise catholique... catholique.

Force est de constater, si l'on en croit l'éditorial de Riccardo Cascioli de ce matin, que cette période est révolue. Au moins pour le moment.
(Pour plus de détails, voir le mini-dossier que j'avais constitué à l'époque: benoit-et-moi.fr/2011-II).

Voici donc l'essentiel de cet important discours de Benoît XVI:

(...)
Caritas Internationalis
a acquis un rôle particulier au cœur de la communauté ecclésiale, et elle a été appelée à partager, en collaboration avec la Hiérarchie ecclésiastique, la mission de l’Église de manifester, à travers la charité vécue, cet amour qui est Dieu lui-même. De cette façon, dans les limites des finalités propres qui lui sont assignées, Caritas Internationalis accomplit au nom de l’Église une œuvre spécifique en faveur du bien commun.

Être dans le cœur de l’Église ; être capable, en quelque sorte, de parler et d’agir en son nom, en faveur du bien commun, comporte des responsabilités particulières en termes de vie chrétienne, aussi bien personnelle que communautaire.
C’est seulement sur les bases d’un engagement quotidien à accueillir et à vivre pleinement l’amour de Dieu, qu’on peut promouvoir la dignité de chaque être humain en particulier. Dans ma première encyclique Deus Caritas est, j’ai voulu réaffirmer combien est central le témoignage de la charité pour l’Église de notre temps. À travers ce témoignage, rendu visible dans la vie quotidienne de ses membres, l’Église rejoint des millions d’hommes et de femmes et leur rend possible de reconnaître et de percevoir l’amour de Dieu, qui est toujours proche de toute personne qui se trouve dans le besoin. Pour nous chrétiens, Dieu lui-même est la source de la charité, et la charité est entendue non seulement comme une vague philanthropie, mais comme don de soi, même jusqu’au sacrifice de sa propre vie en faveur des autres, à l’imitation de l’exemple de Jésus Christ. L’Église prolonge dans le temps et dans l’espace la mission salvatrice du Christ : elle veut rejoindre tout être humain, mue par le désir que chaque individu parvienne à connaître que rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ (Cf. Rm 8, 35).

Caritas Internationalis est différente des autres agences sociales parce qu’elle est un organisme ecclésial, qui partage la mission de l’Église. C’est ce que les Papes ont toujours voulu et c’est ce que votre Assemblée Générale est appelée à réaffirmer avec force. À cet égard, on doit observer que Caritas Internationalis est fondamentalement constituée des diverses Caritas nationales. À la différence de nombreuses institutions et associations ecclésiales dédiées à la charité, les Caritas ont un trait distinctif : dans la variété des formes canoniques prises par les Caritas nationales, toutes constituent une aide privilégiée pour les Évêques dans leur exercice pastoral de la charité. Cela comporte une responsabilité ecclésiale spéciale : celle de se laisser guider par les Pasteurs de l’Église. Donc, du moment que Caritas Internationalis a un profil universel et est dotée de la personnalité juridique canonique publique, le Saint-Siège a la tâche de suivre son activité et de veiller à ce que, tant son action humanitaire et de charité que le contenu des documents diffusés, soient en pleine syntonie avec le Siège Apostolique et avec le Magistère de l’Église, et qu’elle soit administrée avec compétence et de façon transparente. Cette identité distinctive est la force de Caritas Internationalis, et c’est ce qui rend son œuvre particulièrement efficace.

De plus, je voudrais souligner que votre mission vous porte à jouer un rôle important sur le plan international. L’expérience que vous avez amassée au cours de ces années vous a enseignés à vous faire porte-parole, dans la communauté internationale, d’une saine vision anthropologique, nourrie de la doctrine catholique et engagée à défendre la dignité de toute vie humaine. Sans un fondement transcendant, sans une référence à Dieu Créateur, sans la considération de notre destin éternel, nous risquons de devenir la proie d’idéologies nocives. Tout ce que vous dites et faites, le témoignage de votre vie et de vos activités, sont importants et contribuent à promouvoir le bien intégral de la personne humaine. Caritas Internationalis est une organisation à qui incombe le rôle de favoriser la communion entre l’Église universelle et les Églises particulières, de même que la communion entre tous les fidèles dans l’exercice de la charité. En même temps, elle est appelée à offrir sa propre contribution pour porter le message de l’Église dans la vie politique et sociale sur le plan international. Dans la sphère politique – et sur tous les terrains qui touchent directement la vie des pauvres – les fidèles, et spécialement les laïcs, jouissent d’une ample liberté d’action. Personne ne peut, en des matières ouvertes à la libre discussion, prétendre parler « officiellement » au nom du laïcat tout entier ou de tous les catholiques. D’autre part, chaque catholique, et même, en vérité, tout homme, est appelé à agir avec une conscience purifiée et avec un cœur généreux pour promouvoir de manière résolue ces valeurs que j’ai souvent définies comme « non négociables ». Caritas Internationalis est appelée, par conséquent, à œuvrer pour convertir les cœurs à l’ouverture envers tous nos frères et sœurs, afin que chacun, dans le plein respect de sa propre liberté et dans la pleine acceptation de ses propres responsabilités personnelles, puisse agir toujours et partout en faveur du bien commun, offrant généreusement le meilleur de soi au service de ses frères et de ses sœurs, en particulier des plus nécessiteux.