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Une rencontre personnelle surprise avec Benoît

Le récit très émouvant de Clare Short, qui a offert au Saint-Père pour son anniversaire une précieuse parure liturgique confectionnée par elle (29/4/2017)

C'est aussi l'explication de la mystérieuse série de photos immortalisant une rencontre du 24 avril: De très belles photos de Benoît XVI du 24 avril .

Clare Short est une mère de famille (anglaise?) de 37 ans. Elle a un site internet de vente en ligne de vêtements religieux, en particulier de parements liturgiques pour prêtres: www.diclara.co.uk/ .
Dans ce récit issu de son blog, qui a été reproduit sur plusieurs sites, en particulier le National Catholic Register , et que j'ai trouvé chez mon amis Teresa, elle raconte comment ella a eu l'idée de confectionner pour le Pape émérite, comme cadeau pour son 90e anniversaire, une précieuse parure liturgique, dont la broderie rappelle le Sanctuaire marial bavarois d'Altötting, cher au Saint-Père; comment elle a eu recours pour mener son projet certainement coûteux, au financement participatif; et comment grâce à Alessandra Dee Crespo, une amie maltaise qui anime de la page Facebook "The Court of Gentiles", elle a pu remettre son présent en main propre et juste à temps.
L'article est illustrée de photos de son travail, et de la rencontre (cliquez sur les vignettes).

Une rencontre personnelle surprise avec le pape émérite Benoît XVI

Clare Short
27 avril 2017
Ma traduction

* * *

Lors d'une de ses interviews, le pape émérite a demandé un jour qu'on l'appelle "Père Benoît" mais il était davantage comme un grand-père bienveillant.

Avoir les mains dans celles du pape émérite Benoît XVI, tandis qu'il vous remercie, et décrit vos vêtements comme «merveilleux, beaux», est une chose dont je n'avais jamais rêvé qu'elle pourrait m'arriver il y a 18 mois lorsque j'ai commencé mon commerce de vêtements.

Avec mon mari se remettant d'une longue maladie et incapable de travailler, je savais que je devais faire quelque chose pour apporter un revenu à notre famille. Et avec trois jeunes enfants, je savais que la seule option viable était de travailler à la maison.

Diriger une petite entreprise à la maison n'était pas une nouveauté pour moi. J'ai fait l'expérience du travail à domicile avant, avec mon entreprise de gâteaux de mariage que j'ai été obligée de fermer en raison du changement dans les lois sur le mariage. Et après qu'un prêtre ami m'ait suggéré de «me lancer dans la confection de vêtements», je me suis rendue compte qu'il y avait une énorme lacune sur le marché pour des vêtements de bonne qualité et abordables qui apportent beauté et respect à la liturgie.

Comme le père Benoît, je crois aussi que la beauté est une chose très importante, à caractère spirituel, dans la liturgie:

« (...) la beauté n'est pas un facteur décoratif de l'action liturgique; elle en est plutôt un élément constitutif, en tant qu'elle est un attribut de Dieu lui-même et de sa révélation. Tout cela doit nous rendre conscients de l'attention que nous devons avoir afin que l'action liturgique resplendisse selon sa nature propre». (Sacramentum caritatis n.35).

La beauté est quelque chose qui nous tire hors de nous-mêmes dans une rencontre avec le transcendant. CS Lewis arrive au cœur de la question quand il dit que «la beauté créée provoque en nous un désir d'être unis avec, de recevoir en nous-mêmes et d'entrer dans cette Beauté infinie dont toutes les beautés créées ne sont qu'un reflet».

Mon but avec cet ensemble de parements pour le 90e anniversaire était de surpasser tout ce que j'avais déjà fait auparavant. Pour la conception de la broderie, j'ai été inspirée par l'un des sanctuaires mariaux préférés du père Benoît, Notre-Dame d'Altötting. Sur le vêtement, on peut voir un tournesol, des edelweiss et des vignes. J'ai réussi à les incorporer dans mon propre motif.

La conception a ensuite été embellie avec des perles d'eau douce et du grenat. À la base du dos de la chasuble, j'ai brodé son blason pontifical. Je peux vous entendre demander: comment avez-vous réussi à présenter ces vêtements à Benoît lui-même, et dans un délai si court? C'est là que mon amie Alessandra Dee Crespo intervient.

Elle est maltaise et connue pour être une admiratrice de Benoît. En fait, je me souviens de lui avoir demandé des suggestions pour le motif à utiliser et elle a immédiatement parlé de Notre-Dame d'Altötting. Elle rédige une page Facebook très fréquentée sur Benoît. En fait, quand elle a vu mon post de crowdfunding (financement participatif, ndt) pour les vêtements , elle a pris contact avec moi et a proposé de faire la publicité du projet parmi ses milliers de followers sur sa page. Elle a ensuite posé la question inévitable. Comment vas-tu les lui donner? Quand je lui ai dit «par la poste», elle a été horrifiée et a offert de m'obtenir un rendez-vous - ce qu'elle a fait en un temps record.

(...)

Approcher le pape émérite a été l'un des moments les plus irréels de ma vie. En le saluant, nous nous sommes tous agenouillés, nous avons embrassé sa main et son anneau. Il n'y avait que de la joie et de l'amour dans ses yeux. Il nous a tenu les mains tandis qu'il nous parlait, une façon de confirmer sa nature gentille et douce.

L'archevêque Georg Gänswein a été très amical et accommodant et il a fait tout son possible pour nous mettre à l'aise et contribuer à ce que la rencontre se déroule en douceur. J'ai remarqué qu'il prévoyait chaque besoin du père Benoît et avait toujours une longueur d'avance sur ce qui était requis. Il semblait être un serviteur de Dieu vraiment humble qui, à l'évidence, adore le père Benoît.

Quand j'ai sorti la chasuble du sac et lui ai souhaité un joyeux 90e anniversaire, le visage de Benoît s'est éclairé. Lorsque l'archevêque Georg Gänswein l'a vu, il s'est écrié «Altötting!». J'ai expliqué le design et Benoît a particulièrement aimé le motif d'edelweiss. Je lui ai ensuite parlé de la pièce la plus importante, la chasuble. Je lui ai montré la liste des donateurs brodée dans la doublure et je lui ai lu l'inscription à l'intérieur. Nous savons tous que Benoît est un homme de peu de mots, alors quand il a vu les noms des personnes qui ont fait un don sur la doublure de la chasuble, (à l'évidence ému)il a rougi et a dit d'une voix douce: «Merci, merci».

C'était un honneur absolu de pouvoir faire cette parure et ensuite de la présenter au père Benoît à l'occasion de l'anniversaire de son inauguration pontificale. Il est l'un de mes héros personnels, comme il l'est pour beaucoup d'entre nous. J'ai été également honorée d'amener mon fils de 10 ans - quelque chose dont il se souviendra pour le reste de sa vie. Fidèle à son talent de faire en sorte que les gens se sentent à l'aise, Benoît a parlé à Alex avec une candeur désarmante et en un rien de temps, tous deux ont commencé à parler de chats.

C'est la tradition quand vous avez une audience privée avec un pape d'amener un 'zuchetto' (la calotte blanche). Le pape prendra alors le zuchetto que vous avez amené et le portera pendant un moment. Elle vous sera rendue avec une inscription indiquant que ce zuchetto a été porté par un pape particulier. Mon fils était chargé de ce devoir et le Père Benoît était plus qu'heureux de l'obliger!

Le pape émérite a demandé à être appelé "Père Benoît" dans l'une de ses interviews, mais quand il a parlé à Alex, il était plutôt comme un grand-père bienveillant.

Une chose qui était avant tout dans mon esprit était de parler avec le père Benoît XVI de ma très récente entrée formelle dans les Carmélites séculières déchaussées (Troisième Ordre). Je portais mon scapulaire brun de cérémonie et je lui ai dit mon nom de carmélite, Madeleine de la Résurrection. Il s'est montré très heureux que j'ai franchi ce pas et fut vraiment intéressé par tout ce que nous avions à dire.

Alessandra et moi-même avons choisi de porter des mantilles par respect et aussi parce qu'elles sont tout simplement très belles, quelque chose de différent de la vie ordinaire, quelque chose de révérend. Beaucoup de femmes veulent porter un voile et il suffit qu'une personne dans une paroisse ait le courage d'être la première. Je voulais proposer des mantilles à mes clientes, car, à leur façon, elles apportent beauté et respect à la liturgie. Ce qui se passe à l'extérieur est simplement un reflet de ce qui se passe à l'intérieur.

Il est certain que toutes nos communautés pourraient réfléchir plus profondément à ce que nous faisons pour faire de la liturgie et de notre vie de foi, quelque chose qui nous entraîne dans une rencontre avec le transcendant.

Le fait qu'une invitation à rencontrer le père Benoît ait été décidée presque immédiatement était, selon moi, entièrement dû à Notre-Dame. L'ordre des Carmélites est l'ordre de Notre-Dame et tout ce que j'ai, tout ce que je fais, y compris tous mes talents et mes affaires, lui ont été consacrés. La parure - bien qu'elle ne soit pas bleue - est encore un ensemble marial, et tandis nous nous agenouillions pour être bénis par le pape émérite à la fin de la rencontre, je ne pouvais que remercier notre bienheureuse mère pour son intercession dans tout cela.