Evêques gay, l'Eglise dans la tourmente

... et les mauvais amis du Pape (ou ses choix malheureux) (31/7/2018)

>>> Voir aussi:
Église, homohérésie, des chiffres impressionnants

Le cardinal Danneels à la Loge des bénédictions avec le Pape, le 13 mars 2013

Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement !
...
Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient.

(Cardinal Ratzinger, Via Crucis 2005, IXe station)

Évêques gay: l'Église dans la tempête, pas seulement aux États-Unis


Lorenzo Bertocchi
www.lanuovabq.it
31 juillet 2018
Ma traduction

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Le Pape a accepté la renonciation au Collège cardinalice que lui a présentée Theodor McCarrick, évêque émérite de Washington. Puis celle de Philip Wilson, archevêque d'Adélaïde (Australie). Et l'avalanche ne s'arrête pas. Les scandales concernent tous les abus sexuels, qu'il s'agisse de mineurs ou d'hommes adultes, surtout de jeunes séminaristes adolescents.

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Samedi dernier, le Pape a accepté la démission du Collège cardinalice présentée par Theodor McCarrick, 88 ans, influent archevêque émérite de Washington DC, dans le sillage des scandales d'abus sexuels qui dévastent l'Église américaine. Et hier, François a accepté la démission qui lui est parvenue de l'archevêque d'Adélaïde (Australie), Mgr Philip Wilson, avant la conclusion de l'appel présenté à la suite de la sentence du 22 mai, où l'évêque est accusé d'avoir étouffé les crimes du prêtre Jim Fletcher contre deux enfants de chœur.

C'est une avalanche qui n'arrête pas, que celle qui bouleverse l'Église en cet été 2018. Le 20 juin dernier, le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, a expliqué dans un sec communiqué que les accusations d'abus sexuels de mineurs, qui remontent à cinquante ans, lorsque McCarrick était un simple prêtre à New York, doivent être considérées comme «crédibles et fondées». Une brèche qui a déclenché une série impressionnante d'autres accusations, dont certaines ont été révélées grâce au travail du New York Times [!!]. Mais l'influent cardinal McCarrick, champion de l'Église américaine "liberal", a également été mis en cause pour des relations sexuelles avec des adultes, en profitant de sa position de pouvoir; il semble qu'il avait une certaine prédilection pour les jeunes séminaristes qu'il accompagnait même en escapade au bord de la mer, dans ses résidences. La chose a été indirectement confirmée par une déclaration du cardinal Joseph Tobin, actuel archevêque de Newark, l'un des diocèses dont McCarrick a été pasteur, où il se dit que «dans le passé, il y a eu des accusations selon lesquelles il était impliqué dans des relations sexuelles avec des adultes. Cet archidiocèse et le diocèse de Metuchen ont reçu trois accusations de mauvaise conduite sexuelle avec des adultes il y a des décennies, dont deux ont donné lieu à des réparations financières».

Le débat qui a éclaté aux États-Unis a attiré l'attention sur la question fatidique: comment est-il possible qu'un prélat d'un tel pouvoir et d'une telle influence (il a participé au conclave de 2005 et il se dit qu'il a aussi influencé d'une certaine manière celui de 2013 [en faveur de François]), ait pu agir sans qu'aucune autre autorité ecclésiastique ne sache quoi que ce soit? D'autant plus que les rapports de la presse américains montrent que les bavardages sur les activités homosexuelles de McCarrick avec des jeunes séminaristes circulaient depuis les années 80 et 90 dans toute la côte Est. Par exemple, l'ex-cardinal a également été le mentor du cardinal Kevin Farrell, 70 ans, aujourd'hui à la tête de l'important dicastère vatican pour les laïcs, la famille et la vie. Tous deux ont travaillé côte à côte pendant plusieurs années à Washington, partageant même le même appartement, mais le cardinal Farrell s'est dit «déconcerté» par les accusations portées contre son ami et a affirmé à CNA qu'il n'avait jamais été au courant d'abus de mineurs par le cardinal.

Le fait est que le Pape a accepté la renonciation au cardinalat de McCarrick, ordonnant «sa suspension de l'exercice de tout ministère public, ainsi que l'obligation de rester dans une maison qui lui sera indiquée, pour une vie de prière et de pénitence». Une prise de position très claire et très forte, il suffit de penser que pour trouver une autre démission d'un cardinal, on doit remonter à 1927, lorsque Pie XI démit le français Louis Billot pour désaccords "politiques".

Entre-temps, également en ce mois de juillet, le Pape a accepté la renonciation à la charge d'évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Tegucigalpa présentée il y a quelques mois par Mgr José Pineda Fasquelle. Il s'agit d'affaires qui font l'objet d'enquêtes du Vatican depuis des mois et qui concernent des accusations d'abus sexuels d'anciens séminaristes qui ont porté plainte, en plus d'histoires d'argent et de mauvaise gestion financière. Fasquelle était évêque auxiliaire du puissant cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, grand électeur de Bergoglio lors du conclave 2013 et coordinateur du groupe de neuf cardinaux que le Pape a choisis pour l'aider à gouverner l'Église. Dans ce cas aussi, les commentateurs se demandent comment Maradiaga pouvait être complètement dans l'ignorance de ces questions, alors que tant de gens au Honduras en étaient informés. A cela s'ajoute une lettre que 50 séminaristes de Tegucigalpa (sur 180) ont signée et dans laquelle ils dénoncent «un temps de tension dans notre maison à cause de situations gravement immorales, surtout d'une homosexualité active au séminaire». Le cardinal se serait débarrassé de cette lettre, indiquant ses rédacteurs simplement comme des «faiseurs de ragots» (www.lifesitenews.com).

En attendant, au Chili, autre front chaud sur le sujet des abus après le cas fameux de l'évêque Barros, le 21 août, un autre cardinal, Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago, est convoqué chez le procureur pour répondre de l'accusation de couverture présumée d'abus sexuels perpétrés par le clergé chilien. Le tout alors que la police vient de publier un rapport contenant 158 cas de religieux, prêtres et évêques ayant fait l'objet d'enquêtes parce qu'ils étaient impliqués à des degrés divers dans 144 cas d'abus sur mineurs et adultes. Un autre rapport brûlant a été annoncé le 27 juillet par la Cour suprême de Pennsylvanie (toujours aux États-Unis), il s'agirait de 900 pages dans lesquelles seraient dénoncés des abus sur mineurs perpétrés sur plusieurs décennies par des prêtres dans les diocèses de Harrisburg, Pittsburgh, Allentown, Scranton, Erie et Greensburg. Pour l'instant, nous n'avons pas d'autres détails, mais ce pourrait être un autre front qui s'ouvre.

Laisson le mot de la fin à Marco Tosatti qui conclut sur une note qu'on peut qualifier d'humour (ou qui le serait si cela ne concernait pas l'Eglise)

Le Pontife heureusement régnant n'a vraiment pas de chance dans le choix de ses amis et soutiens. Exemples


Marco Tosatti
31 juillet 2018
www.marcotosatti.com
Ma traduction

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Il faut dire que le Souverain Pontife n'a vraiment pas de chance dans le choix de ses amis et soutiens, et l'affaire McCarrick (en plus de celle de Mgr Pineda, évêque auxiliaire de Tegucicalpa, et ceux du Chili) en est la preuve.

Mc Carrick, l'un des principaux représentants de l'aile des évêques progressistes américains (parmi lesquels Rembert Weakland, grand détracteur de Jean-Paul II et Joseh Ratzinger) a été contraint de renoncer à la barrette à la suite de la tempête qui a éclaté aux États-Unis. Mais avant que cette tempête n'éclate, il a eu le temps, en tant que grand conseiller du Pape Bergoglio, de pouvoir promouvoir dans le très important diocèse de Chicago son ami Blaise Cupich, devenu immédiatement cardinal. Grand admirateur du jésuite James Martin, porte-drapeau du peuple LGBT dans l'Eglise, et qui ces jours-ci, craint qu'une «mentalité de chasse aux sorcières» contre les prêtres homosexuels ne se déchaîne. Et McCarrick a vécu pendant des années - sans que, étrangement, son ami ne remarque rien - avec un prélat, Kevin Farrell, nommé (et fait cardinal) par le Pontife régnant comme Préfet de la Congrégation pour les Laïcs, la Famille et la Vie.

Et quand ce n'était pas Mc Carrick qui conseillait le pape, c'était le cardinal Roger Mahony, relevé de son office épiscopal par son successeur, Mgr Gomez (qui n'a pas encore été fait cardinal, malgré le fait qu'il est un excellent prélat; mais il est de l'Opus Dei, et sur eux pèse une mise au ban ....) en raison - devinez de quoi - ... de problèmes d'abus.

Les cardinaux et les évêques chiliens, comme nous le savons, sont en difficulté; et parmi eux, un autre grand électeur, ami et homme de confiance de Bergoglio, le cardinal Errazuriz Ossa, qui a admis n'avoir jamais pris la moindre initiative depuis des années contre le super abuseur don Fernando Karadima. Tandis qu'un autre soutien de Bergoglio, qu'il avait créé cardinal, le salésien Ezzati, a été convoqué ces jours-ci par la magistrature chilienne en qualité d'accusé dans des problèmes d'abus.

On ne peut pas non plus oublier que parmi les organisateurs de l'élection de Jorge Bergoglio à la Chaire de Pierre, il y avait le cardinal belge Danneels, de la célèbre mafia (ainsi l'a-t-il appelée) de Saint-Gall, et protagoniste d'un épisode de dissimulation d'abus particulièrement odieux: celui d'un évêque [l'évêque de Bruges] qui avait abusé d'un neveu. Ce qui ne l'a pas empêché d'apparaître aux côtés de Bergoglio, à peine élu pape, dans la Loge des Bénédictions. Sur sa suggestion, le Pontife s'est rapidement débarrassé de Mgr Léonard et a nommé un pupille de Danneels, De Kesel, archevêque et cardinal à Bruxelles. Avec les résultats que nous avons sous les yeux. Tout comme on ne pas oublier que parmi les électeurs, amis et conseillers du Souverain Pontife se trouvait le défunt cardinal Murphy O'Connor. Et à ce propos, il me semble juste de faire connaître les questions qu'il y a un an, alors que le cardinal Murphy O'Connor était encore en vie, j'ai adressées aux bureaux compétents, sans recevoir de réponse. Les voici.

1/ Si un dossier relatif au cardinal Murphy O'Connor, sur dénonciation par les laïcs britanniques pour sa gestion d'un ou plusieurs cas d'abus sexuels pendant son épiscopat est en cours ou a été ouvert;
2/ Si le dossier est encore ouvert; ou s'il a été classé, et pour quels motifs ?
3/ La date d'une clôture éventuelle du dossier;
4/ S'il s'est agi d'une décision résultant de l'évolution du dossier lui-même, ou s'il y a eu une intervention supérieure en ce sens.

Je pense qu'une réponse, puisque la transparence est tellement de mise actuellement, serait la bienvenue.

Il convient de noter, sans vouloir en tirer de conclusions particulières, que toutes ces personnes appartiennent à l'aile dite progressiste de l'Église. C'est un fait. Quelqu'un de l'entourage du Souverain Pontife a rappelé les cas de Gröer et de Pell, du camp "conservateur"; mais si sur Gröer il n'y a pas de doutes, en ce qui concerne Pell, je vous conseille de lire cette enquête documentée de Julia Yost sur FirstThings pour comprendre la fragilité des accusations, et combien il y a d'hostilité envers l'Eglise en Australie [voir aussi Le cardinal Pell victime d'un complot?, ma traduction d'un article de Tosatti]

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