François et l'audimat (suite)

"Super-Ex", l'un des invités récurrents anonymes de Marco Tosatti sur son blog <Stilum Curiae>, réagissant au flop médiatique de François témoigné par les chiffres imparables de mesures d'audience, revient sur le fameux "Effet Bergoglio" (7/1/2018)

>>> Cf. François et l'audimat

Plusieurs livres portent en titre ou en sous-titre "Effet François" ou "Effet Bergoglio". Celui-ci a été écrit en 2015 (pourrait-il l'être encore aujourd'hui?) par un vaticaniste de la RAI, et il est préfacé par Alberto Melloni, théoricien de la fameuse "Ecole de Bologne", qu'on ne présente plus...

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Certes, la qualité d'un discours (et surtout celui d'un Pape!) ne se mesure pas à l'audience. Au contraire! On pourrait même dire que la chute de popularité dont cette audience en berne est le symptôme est enfin un signe positif.
Toutefois, cette remarque de bon sens ne s'applique pas quand la chute d'audience n'est pas dûe à une annonce plus exigeante du message que la "victime" devrait porter (ici l'Evangile), mais à une proximité de plus en plus en plus évidente avec les (non-) valeurs du "monde". Surtout si ladite victime en est quelqu'un qui court après l'audience, et a fait de cette course la clé de voûte de son action - du moins si l'on en croit ses "thuriféraires".

 

Effet Bergoglio....

Marco Tosatti
Stilum Curiae
7 janvier 2018
Ma traduction

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Au début, il y eut «l'effet Bergoglio», aujourd'hui il ne reste même plus l'effet papillon.

Certains s'en souviendront, c'est le sociologue Massimo Introvigne qui forgea l'expression «effet Bergoglio» pour désigner un prétendu retour au confessionnal et à la foi grâce à l'élection de l'Argentin. Introvigne faisait alors partie de la famille du mensuel conservateur Il Timone et écrivait dans le journal en ligne La Bussola, très proche, en théorie, du cardinal Carlo Caffarra et d'une façon générals du monde des Dubia. Introvigne était aussi le leader d'Allianza Cattolica et d'un groupe d'associations appelé Si alla Famiglia, très actif contre le gender. Par précaution, il avait également enregistré une sorte de Partito della Famiglia, avant même celui d'Adinolfi.

Politiquement, en des temps plus lointains, il avait défendu les deux guerres en Irak promues par l'administration Bush. Bref, à vue d'œil, pas un fan du pape argentin, ni sur la bioéthique, ni sur les questions de politique internationale. Comment il a pu parler d'«effet Bergoglio», si tôt, et comment il a pu finir si farouchement opposé au monde qu'il fréquentait alors, cela reste, si l'on ne veut pas donner raison aux méchants, un mystère.

Le fait est que l'effet Bergoglio a été dès le début un effet médiatique.

Bergoglio a immédiatement recherché cette voie, convaincu que le marketing est l'âme du commerce: les relations étroites tissées dès le début avec des journalistes bien introduits comme Andrea Tornielli, sur le front catholique, et avec Eugenio Scalfari, sur le front de la gauche nihiliste et anticléricale, le démontrent.

Pendant un certain temps, le petit jeu a fonctionné: personne en plus, dans les confessionnaux et à la messe. Au contraire, encore moins. Pourquoi aller se confesser s'il n'y a plus de péché? S'il n'y a que la Miséricorde et que la Justice a été abolie? Si les seuls pécheurs sont les «doctrinaires», ceux qui croient encore aux Dix Commandements? Pourquoi aller à la messe si Allah et Jésus-Christ sont égaux?

Moins de fidèlee, mais plus d'audience: une audience recherchée à dessein, avec des coups de téléphone, des gestes médiatiques peut-être conçus autour d'une table par des jésuites habiles. En vérité, un pape non seulement des catholiques mais aussi des athées, des musulmans, des radicaux, des communistes... peut compter sur un public plus large. C'est ce qu'il semble. Mais la réalité est différente. Parce qu'au fil du temps, les radicaux, les musulmans, les communistes... se sont lassés d'écouter quelqu'un qui fait désormais partie de leurs rangs.

Et si même les catholiques se lassent et en ont assez, voilà que l'effet médiatique, à la fin, se dégonfle aussi. Et l'effet Bergoglio fait.... flooop.......

Il ne reste presque plus personne pour profiter des représentations télévisuelles, aussi bien construites soient-elles. Les données parlent clairement, et nous laissons à Filippo Di Giacomo, vaticaniste d'un journal "ami", la Repubblica, le soin de les raconter.
Le 5 janvier, dans l'encart du Vendredi de la Repubblica, il écrivait:

 

«Le Pape François a été protagoniste d'une émission programmée tous les mercredis à partir du 25 octobre sur la chaîne TV 2000 - celle qu'on appelle la télévision des évêques -, intitulée Padre Nostro, et animée par don Mario Pozza, aumônier de la prison de Padoue. L'émission a été accompagné d'un grand et long battage publicitaire, avec annonce sur tous les organes de communication possibles, de la presse papier à la radio, et, en présence de don Pozza, sur les principales chaînes de télévision nationales. Mais malgré les efforts déployés, elle a enregistré des taux d'écoute si bas qu'ils en sont embarrassants. Confirmant, avant tout, ce que les chiffres attestent depuis trois ans: le Pape François, à la télévision, vaut la moitié de Benoît XVI: si le second faisait une audience moyenne autour de 20%, son successeur oscille entre 9 et 12% des téléspectateurs.».


On aurait envie de conclure par un simple "amen", si l'idée qu'un pape décide de devenir l'hôte habituel d'un salon télévisuel, comme un quelconque don Mazzi [ prêtre italien qui s'occupe de la réinsertion des drogués et collabore à de nombreux journaux et émissions de télévision] n'éveillait une certaine répulsion; et si savoir que désormais la voix de l'Église n'intéresse plus personne n'éveillait une tristesse aiguë chez un catholique.

Ou alors, pour être un peu optimiste, on peut voir l'affaire sous un autre angle: n'est-ce pas que personne ne s'y intéresse plus, précisément parce que ce n'est pas la voix de l'Église, et que les brebis ne reconnaissent pas la voix de leur berger?


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