Les FFI, rebuts pour la Nouvelle église?

La lettre de l'un d'entre eux à Marco Tosatti (31/1/2018)

Le fondateur, le P. Manelli, à gauche, avec le co-fondateur, le P. Pellettieri

Riposte Catholique, dans un article publié hier (ICI), revient sur «la ténébreuse affaire des Franciscains de l’Immaculée»:

Un nouvel élément d’importance est venu s’ajouter dernièrement. Un prêtre FI s’est exprimé par le biais de Corrispondenza Romana, petite agence de presse fondée par Roberto de Mattei (...). Ce Père n’hésite pas à écrire sous son vrai nom : Paolo M. Siano… et il n’est pas un inconnu en Italie car c’est un des plus fins connaisseurs de la franc-maçonnerie : un de ses livres est un best-seller en la matière. Digne héritier de saint Maximilien Kolbe – qui y voyait un danger mortel pour l’Église – son expertise est suffisamment solide pour être reconnue même de ses adversaires.


Suivent les extraits les plus significatifs de l'article de Corrispondenza Romana (en vo ICI), auxquels je renvoie le lecteur.

Aujourd'hui, Marco Tosatti (qui a lu l'article de CR) fait état d'une lettre reçue du même Père Siano.
Celui-ci y récapitule les attaques contre les FI fidèles au fondateur, le Père Manelli, à travers une série de citations toutes issues de <Testimoni>, un mensuel d'information religieuse publié par les Edition Dehoniennes, du nom du P. Léon Déhon fondateur de la Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur, ou déhoniens.
Pour situer <Testimoni>, revue clairement très proche de la ligne-Bergoglio (et qui donne semble-il abondament la parole au Cardinal Braz de Aviz, chargé de la Vie Consacré), il suffit de lire en quels termes eux-mêmes se présentent sur leur site:

Ces dernières années, nous avons souvent entendu répéter l'invitation: «Vie consacrée, lève-toi!» Après l'Année qui lui a été consacrée et le don de l'Année jubilaire de la Miséricorde, les consacrés se sont remis en chemin avec une confiance renouvelée. Plus de cinquante ans après le Concile et dans une «Église en sortie», ils accueillent l'invitation du Pape François à aller vers les périphéries, comme lieu privilégié où donner la richesse et exprimer la force prophétique de leurs charismes.
Il est temps de repartir, de vivre le présent avec une nouvelle passion et d'envisager l'avenir avec une espérance renouvelée, malgré les crises et les difficultés. Fidèle à la ligne choisie dès les origines, la revue Testimoni se propose d'accompagner ce chemin, en plaçant au cœur de son programme l'engagement à être un petit outil efficace pour aider à lire les signes des temps et à discerner ce que l'Esprit dit aujourd'hui à la vie consacrée.


Voici donc la lettre du Père Siano, telle que Marco Tosatti l'a trouvée dans la messagerie de son blog "Stilum Curiae" (vo: www.marcotosatti.com, ma traduction).
Elle apporte un éclairage supplémentaire sur la conception de la miséricorde qui est celle de "l'église de François"....

Nous FFI du P. Manelli: «Rebuts» (1Cor 4,13) dans la «nouvelle église»?


Près de 5 ans après la nomination d'une commission pour les Frères franciscains de l'Immaculéen (FFI) et 2 ans après celle d'une autre pour les Sœurs franciscaines de l'Immaculée (SFI), nous pouvons dire que depuis le début du Pontificat de François, nous, les frères et soeurs en accord avec les fondateurs, le Père Manelli et le Père Pellettieri, et les fondateurs eux-mêmes, sommes vus comme des «rebuts» (1Cor 4,13) par les milieux vaticans les plus influents de la Vie Consacrée. Qu'on pense aux poisons et à la boue déversés comme dans un cloaque sur les Fondateurs, et nous, les frères et sœurs, qui les défendons. La limite de 8000 caractères [imposée par la messagerie de Marco Tosatti] m'oblige à résumer avec quelques citations de sources.

Entre 2011 et 2013, un groupe de frères, pour diverses raisons (présomption, ambition, idéologie), réalise un coup d'Etat contre le Gouvernement des Fondateurs à travers une stratégie médiatique ad intra et ad extra de la Famille FI.
Au Vatican, les putschistes sont soutenus par des gens qui attendent peut-être depuis un certain temps des prétextes pour faire nommer un commissaire et bloquer l'activité et la croissance des frères et des soeurs du Père Manelli, nous, considérés comme trop pro-tridentins, trop «restaurationistes», trop hostiles à la «nouvelle théologie» des Rahner, Martini, Von Balthasar, Bianchi, Bello, et autres théologiens-de-la-libération sud-américains.
Arrive la Visite Apostolique aux frères. Le Visiteur distribue un questionnaire ambigu et captieux qui reflète pleinement les préjugés des putschistes et qui, de fait, chez les frères les moins avertis, instille des doutes à l'égard des fondateurs.

Puis vient la nomination d'un commissaire et les putschistes les plus acharnés, avec leurs alliés ecclésiastiques et laïcs, déclenchent même une guerre judiciaire et médiatique pour balayer le fondateur, le Père Manelli et son œuvre, et prendre possession de l'ensemble (Institut, gouvernement, formation, apostolat, médias, maison d'édition, biens).

En Italie et à l'étranger, des FFI du Commissaire Volpi sèment dans nos couvents la "damnatio memoriae" des Fondateurs et de leur gouvernement d'avant la nomination de la commission. Les Fondateurs et nous, les frères, sont accusés calomnieusement de: ne pas 'sentir avec l'Eglise', lefebvrisme, gouvernement personnaliste, oppressif et anti-collégial, abus d'obéissance avec le vœu marial, fraude sur les biens.....

C'est vraiment un coup d'Etat idéologique, soutenu par des "gros bonnets" de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique (CIVCSVA). Le cas de Maciel Degollado [le tristement célèbre fondateur des Légionaires du Christ, ndt] favorise le "syndrome anti-fondateur" qui au Vatican semble faire bien l'affaire de certains.

Un FFI putschiste et expert des médias intervient dans la revue Testimoni (dirigée par le Père Lorenzo Prezzi), où dans le numéro 3/2014, le même "mediafighter" FI oppose trompeusement Maximilien Kolbe et le P. Manelli: «Kolbe, pas Lefebvre» (pp. 39-41) est le titre de l'article qui est une dure attaque contre les Fondateurs, frères, religieuses, laïcs FI.

Testimoni privilégie tout ce qui sent "l'aggiornamento" et méprise tout ce qui sent le "traditionnel" et qui n'est pas en accord avec le parti ecclésial au pouvoir.

Sur Testimoni n° 10/2014, le Cardinal Braz de Aviz, Préfet de la CIVCSVA et proche de la théologie de la libération, nous accuse, nous FI (frères et soeurs) de nier le Concile (p. 3)... Ce qui est faux!

Sur Testimoni n° 10/2014, le Père Prezzi se réjouit d'annoncer le début de la Visite Apostolique pour les Sœurs FI, en les attaquant (p. 28).

En novembre 2014, le Supérieur d'Italie des FFI (nommé par le Commissaire Volpi le 12-9-2013), fort de son autorité, s'en prend aux fondateurs, frères et soeurs sur Facebook. En 2015, une pétition de laïcs indignés, adressée à la CIVCSVA, est lancée contre lui, mais il est bien protégé par les Commissaires et la CIVCSVA. En 2016, ledit Supérieur est même confirmé dans sa charge pour trois autres années.

Entre 2015 et 2016, se succèdent des attaques fortes et fréquentes (je crois en connaître les commanditaires et ceux qui sont derrière) des journaux et de la télévision contre le Père Manelli.

Entre janvier et juillet 2017 Testimoni ne parle pas des FI, mais nous y trouvons des références accusatoires implicites:

Testimoni n°3/2017, p. 4: Braz de Aviz fait référence à 70 Instituts et 15 fondateurs enquêtés par son Département, fondateurs «se rendant maîtres des consciences», «phénomènes de suggestion», «fort conditionnement psychologique des membres»... Il semble qus Braz de Aviz préfère Luther: «Nous connaissons et comprenons sans aucun doute mieux Luther. Nous savons bien que dans l'histoire de l'Église catholique, nous avons commis de grandes erreurs. Et nous avons demandé pardon» (p. 6).

Testimoni n°12/2016 préfère célébrer Luther et le 5ème centenaire de la Réforme (pp. 38-43), plutôt qu'écrire un mot d'éloge pour le monde des Consécrés pro-Vetus Ordo.

Testimoni n°3/2017, pp. 7-9: on se montre en accord avec la réaction anti-Trump des sœurs LCWR. On sait que la LCWR [cf. ICI] a été «graciée» par la CIVCSVA et le pape François malgré de graves problèmes doctrinaux. Testimoni n°10/2016 consacre plusieurs pages à la LCWR (pp. 24-26).

Testimoni n°4/2017, pp. 7-8: Prezzi fait allusion aux investigations sur 15 fondateurs et à l'intervention de la CIVCSVA dans quelque 70 Instituts. Dans le document de la CIVCSVA “Per vino nuovo otri nuovi” («A vin nouveau, outres nouvelles», 2017) on accuse plusieurs supérieurs-fondateurs d'autoritarisme, d'avoir établi l'obéissance infantile, la dépendance scrupuleuse... Bref, encore le syndrome anti-fondateur! Les fondateurs devraient-ils être remplacés par.... les post-fondateurs, des individus ou des communautés?

Ibidem, pp. 20-21: à propos des NFVC [nouvelles formes de vie consacrées...?], Amedeo Cencini dit son mépris pour «les vieux ascétismes», «les rigueurs et les règles d'autrefois», «les modèles liturgiques ante-conciliaires...», puis revient sur le cas des «problèmes» créés par «les personnalités des fondateurs»... Cencini semble postuler une «mondialisation» de la VC [vie consacrée], taxant les «traditionnels» de trop d'indépendance par rapport à la l'Eglise locale et aux autres formes de VC. Serait-ce l'adieu à l'identité propre et à la saine autonomie?

Testimoni n°6/2017, p. 4: Prezzi parle de «cas graves et récents [qui] ont soulevé le thème des fondateurs, la confusion entre radicalité et retour au passé (traditionnalisme et anti-Concile)»;

Ibidem, p. 29: Le P. Cozza mentionne les nominations de commissaires opérées par la CIVCSVA de 2003 à 2013 et affirme qu'il faut accepter sa propre crise d'identité comme une opportunité de croissance, de conversion, de recommencement.....

Et pourtant, ce sont précisément nos adversaires qui exigent de nous une obéissance absolue et infantile, celle-là même qui nous est imposée, avec une mise sous contôle qui s'est avérée elle-même de plus en plus idéologique dans ses motivations (pas toujours bien «avouées»), ses modalités et ses objectifs. On sait maintenant que même la Signature Apostolique (post-Burke) n'a pas réussi à défendre les FI qui ont fait appel contre les abus commis par le gouvernement de la Commission. Dans au moins un cas (SFI), la CIVCSVA a court-circuité la Signature en s'adressant directement au Pape qui a bloqué le cours de la justice...

Qui va nous réhabiliter? Les prélats qui ont défendu ou accueilli des frères ou des ex-frères FI ont été: soit limogés avant d'avoir atteint la limite d'âge, soit placés sous contrôle d'une Commission, soit transférés.....

Pontificat de «miséricorde» avec les soeurs progressistes LCWR, mais pas avec les FI «traditionnels» et leurs amis et défenseurs.

Les frères et les soeurs qui refusent la «rééducation» et la «damnatio memoriae» des Fondateurs, même s'ils quittent leurs Instituts respectifs, risquent d'être poursuivis par les calomnies et les adversaires de Manelli, clercs et laïcs.

Au nom de «l'obéissance», on cherche à falsifier et à manipuler le passé, le présent et le futur des Franciscains de l'Immaculée du Père Manelli. Au contraire, les frères qui sont dans la ligne des commissaires la considèrent peut-être comme divine sans comprendre qu'il s'agit d'une ligne idéologique construite précisément sur un coup d'État idéologique anti-fondateur. Les rares nouvelles vocations FI sont surtout africaines et asiatiques. Les Italiens et les Européens ont plus de flair et n'y entrent pas.

Nous, frères du Père Manelli, continuons à être soumis à nos accusateurs. Nous ne pouvons pas nous constituer en "province" autonome ni nous séparer. C'est cela qu'ils veulent, au Vatican? C'est cela que veut celui qui ne répond pas aux "dubia" des 4 Cardinaux (sur Amoris laetitia) et qui a été loué au moins 62 fois par les francs-maçons du monde entier? (cf. www.marcotosatti.com). Et même, 63.

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