Une conférence de presse blindée (II)

Après le récit par Marco Tosatti des réactions au silence embarrassé du Pape dans l'avion de retour des Pays baltes, voici le compte-rendu (concordant) d'un américain, Phil Lawler, qui confirme le mécontentement des journalistes. (28/9/2018)

>>> Une conférence de presse blindée (Tosatti)

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Phil Lawler est l'auteur du livre "Lost Sheperd: How Pope Francis is misleadinf his flock", paru en 2018, et dont nous avons parlé dans ces pages. Un catholique pondéré, équilibré, raisonnablement critique, qui peut difficilement être intégré dans la "nébuleuse" (noter le caractère péjoratif du terme, qui désigne une chose informe) anti-Bergoglio, comme les fans de François qualifient ceux qui ont un regard différent sur le pontificat actuel.

La transcription de la Conférence de presse est disponible sur le site du Vatican, en différentes langues, dont la vo en italien, mais à ce jour il n'y a pas de traduction en français.

 
Jusqu'à présent, durant son pontificat, le pape François a bénéficié d'une couverture médiatique remarquablement favorable. Il n'a pas été pressé de questions embarrassantes (...)
Mais aujourd'hui, les journalistes ronchonnent.

Ronchonnements parmi les journalistes du Vatican: un développement inquiétant pour le Pape

Un Pape embarrassé et visiblement fatigué

Phil Lawler
www.catholicculture.org
26 septembre 2018
Matraduction

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Le pape François a donné son habituelle conférence de presse en vol mardi, à son retour d'une visite dans les pays baltes. Mais le Pape n'a fait aucune déclaration à effet. En revanche, les journalistes ont grogné sur ce que le Pape n'a pas dit.

Le pape François n'a pas répondu aux questions sur les abus sexuels.

Après avoir répondu à plusieurs questions de journalistes sur son séjour dans les pays baltes, le Pape a été interrogé par un journaliste autrichien au sujet d'une déclaration qu'il avait faite en Estonie sur sa réponse aux abus sexuels. Le Souverain Pontife a dit qu'il ne répondrait pas à la question tout de suite; il voulait d'abord plus de questions sur son voyage. Mais il a promis d'aborder la question [plus tard], en disant «ce sera la première question après [celles sur] le voyage».

Une autre question a suivi, sur l'immigration lituanienne. Puis le porte-parole du pape, Greg Burke, a reconnu qu'il n'y avait plus de questions sur le voyage. Plutôt que de répondre aux questions sur le thème des abus, le Pape l'a abordé lui-même, au cours d'une déclaration longue et incohérente. Après avoir abordé d'autres sujets, il a dit que les choses vont beaucoup mieux qu'auparavant, et que le rapport du grand jury en Pennsylvanie reflétait «la façon de penser des temps anciens...». Il a assuré aux journalistes qu'il n'avait jamais offert sa clémence à un prêtre condamné pour abus sexuel par la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Si le Saint-Père avait autorisé les questions sur le sujet, un journaliste entreprenant l'aurait peut-être poussé à parler de l'ex-cardinal Theodore McCarrick, dont il n'avait pas mentionné le nom. Ou de l'archevêque Vigano, dont le nom manquait également dans les remarques du Pape. Ou au sujet de Mauro Inzoli, qui a été retiré du ministère par le Pape Benoît XVI mais restauré temporairement par le Pape François, jusqu'à ce que de nouvelles accusations d'abus forcent sa laïcisation. Mais le Pape n'a pas répondu aux questions.

Et les journalistes n'étaient pas contents. Un commentaire de Cindy Wooden sur Twitter restitue l'ambiance:

Descendue par le pape François. Il voulait uniquement des questions sur le voyage dans les pays baltes. J'ai dit que j'avais des questions restées sans réponse depuis mon retour de Dublin. C'étaient des questions de voyage. Mais pas pour ce voyage. #FoiledAgain [à nouveau frustrée] #Vigano


Cindy Wooden n'est pas un fauteur (une fautrice?) de trouble, ni une enquiquineuse, ni une sensationnaliste. Elle est à la tête du bureau romain de Catholic News Service, l'agence appartenant à la Conférence épiscopale des États-Unis et gérée par elle. Si elle a donné libre cours à ses sentiments, vous pouvez être sûr que les autres journalistes se sentaient au moins aussi frustrés.

Jusqu'à présent, durant son pontificat, le pape François a bénéficié d'une couverture médiatique remarquablement favorable. Il n'a pas été pressé de questions embarrassantes: au sujet des Dubia, au sujet du démantèlement du Secrétariat à l'économie, au sujet du moral déclinant à la Curie romaine, au sujet du Chili et de McCarrick et Vigano et Wuerl et de la Pennsylvanie et de l'Allemagne. Mais aujourd'hui, les journalistes ronchonnent.

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