Un livre sur Benoît XVI

... par Aldo Maria Valli. Recension et introduction de Marco Tosatti (18/3/2018)

>>> Le live est en vente dès aujourd'hui sur Amazon.

 

Sans doute ne sera-t-il (lui non plus!) pas traduit en français, et il est publié par des éditions confidentielles, Chorabooks, spécialisées dans les livres traitant de la religion catholique. Ce qui est un bon indice de la pluralité de la pensée dans une société qui revendique pourtant à grand cri la liberté d'expression. Mais il est malgré tout disponible sur Amazon (désolée pour les "petites" librairies...), en particulier dans le très pratique format Kindle.
Savoir qu'il existe est quoi qu'il en soit réconfortant. Et je sais par expérience qu'Aldo Maria Valli (qui se confirme comme l'un des meilleurs connaisseurs et des plus fervents partisans de Benoît XVI), écrit un italien très pur, donc facile à traduire... Avis, donc aux amateurs....

Marco Tosatti, qui a rédigé la présentation du livre (disponible elle aussi en version électronique sur Amazon) en fait aujourd'hui une brève recension dans son blog, en plus de reproduire le sommaire (on peut essayer de deviner ce qui se cache derrère chaque titre de chapitre).
J'ai traduit le tout (enfin, la partie de la préface de Marco Tosatti proposée en accès libre sur le site du vendeur).

Uno sguardo nelle notte


Marco Tosatti
Stilum Curiae
18 mars 2018

* * *

Chers amis et ennemis de <Stilum Curiae>, c'est avec plaisir que nous vous présentons aujourd'hui le dernier livre d'Aldo Maria Valli “Uno sguardo nella notte. Ripensando Benedetto XVI” (Un regard dans la nuit. Repenser Benoît XVI). Aldo Maria Valli, vaticaniste de Tg1, est l'auteur de nombreux ouvrages chez Lindau, Ancora, Mondadori, Liberilibri et d'autres éditeurs. C'est son premier texte chez Chorabooks.

Nous en parlons aujourd'hui, veille de la célébration de saint Joseph, comme hommage à Benoît XVI pour sa fête. À notre humble avis, c'est un livre précieux, parce qu'il offre une vue d'ensemble sur un pontificat dramatique, celui de Benoît XVI, qui s'est conclu - en ce qui concerne le Règne - d'une manière totalement dramatique. Nous publions la notice de Chorabooks, et à la suite, la table des matières du livre; qui à elle seule en souligne et en détaille toutes les difficultés et les crises.

La récente lettre de Benoît XVI, adressée à Monseigneur Dario Viganò, Préfet du Secrétariat à la Communication, a reporté l'attention sur Joseph Ratzinger et sa pensée. Dans la lettre, expliquant qu'il ne peut ajouter sa propre réflexion à celles des théologiens qui ont écrit sur le Magistère de François, le Pape émérite écrit que «d'autres engagements déjà pris» l'attendent, et cette clarification ne peut que faire plaisir aux admirateurs de Benoît XVI : cela signifie que, malgré son âge avancé et les douleurs inévitables, Joseph Ratzinger continue à mener une vie active. En même temps, à la lumière du "changement de paradigme" que François demande à l'Église, en mettant l'accent sur la miséricorde plutôt que sur la loi divine et les obligations morales qui en découlent, une relecture du Magistère de Benoît XVI s'impose. Il ne manque pas d'observateurs qui, voyant dans l'enseignement de François le risque de céder au relativisme, retournent à Ratzinger pour signaler ce que l'Église enseigne selon la juste doctrine et la tradition.

Curieux destin, que celui de Benoît XVI: être récupéré, maintenant qu'il est pape émérite, après avoir été attaqué alors qu'il était le pape régnant. Le livre d'Aldo Maria Valli Uno sguardo nella notte vient donc à point; le Vaticaniste de Tg1, qui a déjà consacré à Joseph Ratzinger La verità del papa (Lindau) et Il pontificato interrotto (Mondadori) concentre avant tout son attention sur ce qu'il qualifie d'authentique persécution menée contre le Pontife allemand, mordu à plusieurs reprises par les "loups" du progressisme et du laïcisme (dont il avait prévu l'arrivée), mais aussi par les représentants du modernisme d'aujourd'hui, pour sa cohérence et sa rigueur à indiquer la voie de la vérité et de la liberté dans leur sens le plus authentique. Un livre, celui de Valli, qui, comme le note Marco Tosatti dans l'avant-propos, s'il constitue d'une part un acte de justice envers Ratzinger, contribue d'autre part à clarifier un enseignement aussi précieux et actuel que jamais, comme le montrent les réflexions de Benoît XVI sur l'avenir du christianisme dans une société soumise à la double pression de l'athéisme et de l'islamisme. Mais ce qui est tout entier à récupérer, c'est aussi l'enseignement sur la liturgie et la centralité de l'Eucharistie à un moment où nous assistons à une dérive dangereuse qui frappe l'Église en son cœur, parce que, comme il l'a dit, «la crise de l'Église est une crise de la liturgie».

Il y a donc de nombreuses raisons de revenir à Benoît XVI, dont l'enseignement continue d'être, aujourd'hui plus que jamais, un "regard dans la nuit".

Sommaire


I.


II.


III.


IV.


V.

La préface de Marco Tosatti


Il est extraordinaire de constater à quel point le fait de vivre jour après jour les événements nous empêche parfois de percevoir l'image et le sens global de ce que l'histoire dessine. C'est comme si la couleur et la forme du fil attiraient tellement l'attention qu'elles cachaient la trame.
J'ai été intéressé par la lecture du beau livre d'Aldo Maria Valli sur le pontificat de Benoît XVI. Un pontificat marqué comme peut-être peu d'autres par une hostilité immédiate, déclarée, souvent injuste de la part des médias mondiaux, qui ont fait payer à Joseph Ratzinger une bonne partie de ce qu'il n'osaient pas imputer à Jean-Paul II, submergés par son incroyable popularité, surtout dans les dernières années de sa vie, marquée par la maladie et la souffrance.
"Le pape de la vérité", ainsi le définit l'auteur dans son introduction au livre. Et il a raison: à cause et au nom de cette vérité, Benoît XVI a dû payer un prix très élevé. Alors que de cette vérité, non seulement celle écrite en majuscules, mais aussi les petites vérités de la chronique, ceux qui l'attaquaient se jouaient très souvent. Au point de renverser complètement la réalité, même là où l'engagement et la position de Joseph Ratzinger étaient limpides et incontestables.
Valli a raison d'écrire: «Dans la stratégie utilisée pour affaiblir Benoît XVI, un rôle très central a été joué par le scandale de la pédophilie, dans lequel beaucoup ont vu l'objet contondant idéal pour frapper le Pape de la vérité. Il en a résulté une véritable persécution, avec Joseph Ratzinger dans le rôle de la victime sacrificielle. Une histoire dans laquelle nous, les représentants de la presse, nous nous sommes souvent comportés comme des tueurs à gages (sicari)».

Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. La grande majorité des médias. sont entre les mains de groupes de pouvoir financier, économique et culturel de la mouvance liberal: et en Italie, la présence de journalistes de tendance communiste, radicale et, en tout cas, libertaire est extrêmement importante. Ils se font, naturaliter, sans même avoir besoin de se forcer, les porte-parole de ce genre de positions et de polémiques. Ils deviennent les porte-parole de toutes ces instances qui, depuis le Concile Vatican II, veulent opposer une Église "ouverte" à une hiérarchie fermée et conservatrice. Et qui plus que l'ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le "Doberman de la Foi", tel que le doux Joseph était sympathiquement défini, pouvait incarner la cible idéale?
Ce n'est pas un hasard si l'offensive est est parti des grands systèmes d'information de l'autre côté de l'Atlantique, Associated Press et le New York Times, expressions de l'idéologie libérale contre laquelle Jean Paul II et Joseph Ratzinger se sont battus.

C'est un grand mérite du livre d'offrir en une succession précise et prenante les différentes étapes dans lesquelles s'est développée l'offensive, motivée par ce que l'auteur appelle «une intention ignoble», «un carnage malhonnête», en utilisant «l'arme de la généralisation». C'est le New York Times qui mène la campagne, là où Maureen Dowd demande «Faut-il une Inquisition pour le Pape?».
Valli se souvient: «La propriété du New York Times étant entre les mains d'une famille juive (les Sulzberger), l'archevêque de New York Timothy Dolan, reprochant au journal d'avoir adressé au Pape des critiques selon lui "incorrectes et inexactes", ne manque pas de mettre le doigt là où ça fait mal: "Le New York Times use deux poids, deux mesures", dans le cas de la pédophilie, selon que sur le banc des accusés se retrouve un prêtre ou un rabbin newyorkais"». Dolan a été critiqué, mais il a raison: il se référait à une histoire scabreuse qui avait impliqué la communauté juive.

Des pages du livre d'Aldo Maria Valli émerge avec clarté ce qui fut sans aucun doute un calvaire, pour le théologien et cardinal qui, à la mort de son grand ami, aurait aimé se retirer dans une petite maison dans les Castelli [ndt: donc dans les environs de Castelgandolfo], et se consacrer à ses livres. Au lieu de cela, par esprit de devoir, il s'est chargé du poids d'un navire, celui de Pierre, de plus en plus chahuté par les vagues. L'impression que l'on tire de la lecture, de l'enchaînement ordonné des événements, c'est que toute une série de forces, retenues avant la mort de Jean-Paul II, se sont ensuite déchaînés contre son héritier, avec une fureur renouvelée. Il n'est pas possible de traiter dans les quelques lignes d'une présentation le problème, à mon avis central, de l'équipe de gouvernement de Benoît XVI. Ce qui est certain, c'est que nous avons assisté au spectacle inédit d'un pape qui doit s'employer à défendre un secrétaire d'État, alors que la nature, la raison et l'histoire nous amènent à penser que cela aurait dû être tout le contraire.

Et si nous voulons accepter pour bonne l'explication donnée par le Pape lui-même et ses collaborateurs les plus proches pour sa démission troublante et extraordinaire (et le SI est vraiment énorme): eh bien, il est évident que si un pape âgé avait été appuyé et soutenu par quelqu'un de plus solide et plus compétent, peut-être nous serions-nous épargnés le drame du pas de côté, et la scène inédite de deux papes, dont l'un obligé, en priant et en attendant la fin de son voyage terrestre, d'assister à la dévastation systématique de son œuvre, scientifiquement accomplie par son successeur, à la jubilation de tous ceux qui , bien ou mal, avaient été tenus à distance par Benoît. Ici, l'image que nous retirons de l'ouvrage de Valli est l'image héroïque d'un homme assailli par des forces ennemies de toutes sortes, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église, unies contre lui. Le pourquoi de tout cela, nous pouvons le voir et l'imaginer aujourd'hui.

Benoît XVI dérangeait. Tout comme Jean-Paul II avait dérangé. Mais quand, lors du Conclave de 2005, les différents lobbies, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église, qui proposaient un pape en harmonie avec la modernité, ont été vaincus, l'affrontement est devenu encore plus féroce. Benoît rappelait sans concession, et malheureusement parfois sans l'habileté médiatique nécessaire, que beaucoup de ce que proposent le monde et ses maîtres, visibles ou cachés, est contre l'homme, sa vérité existentielle et que sous la bannière trompeuse de la liberté marchaient des esclavage, nouveaux et anciens. Benoît XVI n'a pas caressé le monde dans le sens du poil, et surtout, n'a permis ni à lui-même ni à l'Église les ambiguïtés dans lesquelles cette dernière se débat aujourd'hui. Et ce livre est un document précieux, dans sa brièveté, précisément pour cette raison.
Quelques années se sont écoulées, et elles semblent un siècle....

Marco Tosatti

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.