Il faut un Synode sur les abus sexuels du clergé

Le pape refuse de recevoir le président de la Conférence épiscopale US, alors que des évêques américains de plus en plus nombreux réclament un synode sur les abus pour remplacer celui sur les jeunes prévu le mois prochain (12/9/2018)

Il faut un synode des évêques consacrés aux abus


Marco Tosatti
11 septembre 2018
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Après Chaput et d'autres prélats, le front des évêques qui demandent au Pape de reporter le synode des jeunes et de convoquer une assemblée consacrée aux abus sexuels du clergé s'est élargi. Ainsi s'exprime Mgr Strickland (ndt: évêque de Tyler, Texas): "Cette crise doit être affrontée". La requête du président des évêques américains pour une audience avec le Pape reste sans réponse.


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L'absence de réponse du Souverain Pontife aux questions dramatiques soulevées par le témoignage de Mgr Viganò n'est pas le seul élément extraordinaire et inquiétant dans cette affaire. Que la garde prétoriennne du Pape Bergoglio, de la presse et d'internet, voudrait réduire à une simple affaire locale ne concernant que l'Église américaine; mais qui au contraire est un cyclone qui touche toute l'Église de l'Australie au Chili et au Honduras, sans parler de la Belgique ou de la Grande Bretagne. En attendant que d'autres abcès crèvent et que d'autres preuves soient découvertes.

La tentation des dirigeants du Vatican semble être de continuer comme si de rien n'était, comme s'il y avait des choses plus importantes (le climat, les migrants, a dit le cardinal Cupich il y a quelques jours) que d'établir si le chef de l'Eglise catholique a volontairement et consciemment réhabilité un cardinal prédateur homosexuel et en a fait son principal référent pour les nominations et promotions dans l'Eglise américaine. Il s'agit d'une question dramatique; et elle est vécue en tant que telle, surtout aux États-Unis, mais pas seulement. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité personnelle de Jorge Mario Bergoglio, déjà entachée par les déclarations malheureuses sur les abus chiliens (récupérées in extremis) et par le soutien apporté au cardinal Maradiaga, au centre des scandales financiers et de gestion de son diocèse, avec la démission de son bras droit pour les histoires d'homosexualité au séminaire. Et c'est quelque chose qui concerne la crédibilité de l'Église et de la figure du Vicaire du Christ.

Business as usual: l'expression a été utilisée par l'évêque américain Joseph Strickland. "Je soutiens l'archevêque Chaput, l'évêque Edward Burns et d'autres évêques qui ont demandé que le Synode des jeunes soit annulé et remplacé par un Synode extraordinaire des évêques pour affronter la crise des abus dans l'Église. Il faut s'attaquer à cette crise !!! NON au Business as usual".

Le 28 juillet, le cardinal McCarrick n'était plus cardinal. A la suite de l'enquête de la magistrature américaine. Le 26 août, le témoignage de Mgr Viganò a explosé sur La Vérità, Infovaticana, Lifesitenews, National Catholic Register et Stilum Curiae. Entre-temps, le Grand Jury de Pennsylvanie avait rendu public un rapport dévastateur qui mettait directement en cause l'actuel archevêque de Washington, le Cardinal Wuerl, celui qui était censé surveiller McCarrick. Wuerl ment, a dit le procureur général Shapiro. Une pétition pour demander que Wuerl - qui à déjà dépassé le terme [l'âge de la retaite] depuis deux ans - quitte son poste a obtenu des milliers de signatures. Ces derniers jours, huit autres États ont commencé, ou annoncé qu'ils allaient bientôt commencer d'autres enquêtes sur les abus commis dans l'Église catholique. Dans ce contexte, l'idée d'un Synode des jeunes - juste au moment où les jeunes ont été les principales victimes de pasteurs pervers - comme si de rien n'était, apparaît surréaliste.

Face à ce tableau dramatique, dont nous ne nous rappelons peut-être pas de certains éléments, nous avons le Pape qui choisit le silence, et déclare: "Je ne dirai pas un mot". Mais ce n'est pas tout. En l'absence de toute mesure ou initiative de la part de Rome, autre que la campagne dénigrement lancée contre Viganò et ceux qui lui font confiance par des journalistes plus ou moins directement liés à Sainte Marthe, la demande d'audience que le président de la Conférence épiscopale américaine, Daniel Di Nardo, a présentée à Rome pour une audience avec le Pape, reste toujours sans réponse. Une audience à laquelle le Cardinal de Boston, Sean O'Malley, a offert de l'accompagner. Mais le pape a trouvé le temps de voir Wuerl et le cardinal de Chicago Cupich, tous deux liés à McCarrick.
Pourquoi ne veut-il pas voir Di Nardo? Hasardons une supposition. Parce que Di Nardo lui demanderait que le Saint-Siège ouvre une enquête sur McCarrick et son réseau d'amitiés. Et peut-être demanderait-il aussi - comme le font déjà des évêques et des laïcs - que le dossier McCarrick soit rendu public. Et cela, le Souverain Pontife pourrait n'en vouloir à aucun prix...

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