Inimaginable, ce qui se passe dans l'Eglise...

Marco Tosatti reprend un texte écrit il y a un mois par Tommaso Scandoglio (La Bussola). Il s'agit d'une sorte de poème, librement inspiré du film-culte de Ridley Scott, "Blade Runner" - qui donne d'ailleurs envie de le revoir (1er/11/2018).

Et pour ceux qui comprennent l'italien, et qui aiment sa musique harmonieuse, il y a même une version audio...

Blade Runner dans l'Eglise de 2018


www.marcotosatti.com
1er novembre 2018

* * *

Il y a quelque temps, la Nuova Bussola Quotidiana a publié un texte de Tommaso Scandroglio que j'avais trouvé génial. D'abord, parce qu'il me rappelait un film que j'avais beaucoup aimé, Blade Runner. Et puis parce que l'opération de transposition faite par Scandroglio - à partir de Blade Runner de Ridley Scott, un récit dystopique se déroulant à Los Angeles en 2019 (nous y sommes!!) et la situation de l'Eglise catholique, et de notre société est impressionnante.
J'en parle maintenant parce que le texte a été transposé en vidéo, récité par Antonio Bianco, que vous pouvez voir ici.

EGLISE, AN 2018, J'AI VU DES CHOSES QUE VOUS, BELLES ÂMES....
Tomaso Scandoglio


Que se passerait-il si un réplicant décrivait comme dans le film Blade Runner ce qui se passe aujourd'hui dans l'Église. Il pourrait probablement dire qu'il a vu des choses que nous humains ne pouvons même pas imaginer.........

J'ai vu des choses que vous, belles âmes, ne pouvez imaginer.
J'ai vu des hommes d'Eglise conclure des pactes avec Pilate.
J'ai vu Pilate se laver les mains parce qu'elles étaient souillées de sang innocent.
J'ai vu le loup inviter la brebis à sa table et manger de la viande d'agneau.
J'ai vu des prêtres crucifier des chrétiens par peur d'être crucifiés par les sans Dieu.

J'ai vu des croyants harcelés par ceux qui ne croient plus et violentés pour se convertir à leur athéisme religieux.
J'ai vu des catholiques s'enrichir de trente deniers à la fois.
J'ai vu des catholiques adultes qui sont des nourrissons à sevrer du lait de la vérité.
J'ai vu des avorteurs dans des académies pour la vie et des défenseurs de la vie en prison.
J'ai vu des bébés génétiquement modifiés et des tomates biologiques.

J'ai vu des éprouvettes générer des vies et des sentences générer la mort.
J'ai vu des pilules pour ne pas avoir d'enfants, des pilules pour en avoir et des pilules pour s'en débarrasser.
J'ai vu deux hommes s'accoupler et vouloir un enfant.
J'ai vu du sexe sans enfants et des enfants sans sexe.
J'ai vu la miséricorde sans justice se prostituer pour un peu d'argent.
J'ai vu discerner au cas par cas (caso per caso) et donc par hasard (per caso) le mal devenir bient.
J'ai vu des divorcés remariés communier et des fidèles à genoux sans communion.

J'ai vu des hommes qui se croyaient des femmes, et des femmes qui se croyaient des hommes.
Je n'ai vu la désertification, la fonte des glaciers et un trou dans la couche d'ozone que dans les yeux des adorateurs de l'utopie.
J'ai vu l'Église s'inquiéter du changement climatique, mais pas des changements schismatiques.
J'ai vu des hommes transpirer l'été et frissonner l'hiver et être la risée des écologistes.
J'ai vu un petit garçon qui veut devenir astronaute et une fillette qui veut devenir princesse, une mère qui accouche et un couple qui s'aime depuis 50 ans et les fous me traiter de fou.

J'ai vu construire des ponts pour les lointains, et des voisins dormir sous ces ponts.
J'ai vu le sacrifice de l'autel se transformer en fête et les églises en restaurants.
J'ai vu des cohortes d'hommes écouter à l'église les ambassadeurs de mort et des églises vides quand le Saint Sacrement parlait.
J'ai vu le Verbe qui s'est fait papier ["carta", jeu de mot en italien avec "carna", chair] et des théologiens avoir foi dans le doute.

J'ai vu deux papes, beaucoup de doctrines et une seule grande confusion.
J'ai vu des politiciens catholiques voter selon leur conscience avec une conscience coupable.
J'ai vu la justice, déesse aux yeux bandés, juger à l'aveugle parce qu'veuglée par le fanatisme.
J'ai vu la loi ne pas savoir lire la réalité.
J'ai vu la liberté d'expression ôter la parole à de nombreuses personnes.
J'ai vu les "ismes" du siècle dernier devenir des droits incivils.

J'ai vu la tolérance se transformer en clé et l'accueil en tamis fin.
J'ai vu "le tort de l'oppresseur, le mépris de l'orgueilleux, les spasmes de l'amour méprisé, le retard de la loi, l'insolence des fonctions officielles et le mépris que l'indignité porte au mérite patient" [Shakespeare, Hamlet].
J'ai vu la morgue et l'arrogance des savants "confus [?] dans les pensées de leur cœur".
J'ai vu la stupidité qui n'a pas conscience d'être stupide.
J'ai vu l'espoir des jeunes ne pas aller au-delà de l'horizon et des adultes pleurer pour eux parce qu'ils ne savent même pas qu'ils sont tristes.
J'ai vu des enseignants mettre une grenade sur le cœur des étudiants parce que l'espoir de les rendre à une vie de réflexion est le dernier à mourir.

J'ai vu des tapisseries de prières entrelacées avec les fils du chapelet resplendir sur la bouche des vieux.
J'ai vu des pères et des mères de l'aube au crépuscule transpirer, prier et espérer pour leurs enfants et ne pas réaliser qu'ils sont saints.
J'ai vu des prêtres inconnus du monde, mais bien connus de Dieu.
J'ai vu l'Église éblouissante dans ses vêtements immaculés.
J'ai vu des choses que vous, belles âmes, ne pouvez imaginer.
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