Jeûne catholique et Ramadan

... ce n'est pas du tout la même chose. AM Valli rappelle certaines vérités non poliquement correctes, qu'il est utile d'avoir en tête en ce temps de Carême (9/3/2019)


J'ai déjà traduit un des épisodes de la série humoristique d'Aldo Maria Valli "Uomini giusti al posto giusto" (Une provocation de François?): le protagoniste était le cardinal Farrell, dont rien que le nom illustre bien le ton choisi par l'auteur, celui de l'ironie.
Dans le numéro XIV de la série, publié hier, il attribue la palme d'or au porte-parole du Pape pour l'anglosphère, le Père Rosica, qui vient d'être pris la main dans le sac... plus exactement en flagrant délit de plagiat, sans parler d'un cv "bidonné" où il s'attribue des diplômes qu'il n'a jamais eus.

Commentaire d'Aldo Maria Valli:
Mais comment Thomas Rosica a-t-il fait pour devenir porte-parole du Vatican, étant donné sa propension à copier et à mentir? Ah, allez savoir. Mystère des hommes juste à la place juste.

Ce XIVe épisode se termine par une réflexion intéressante, spécialement en ce temps de Carême. Elle est inspirée par la lecture de La Dominica, une "feuille" disponible en ligne, qui commente chaque dimanche et jour de fête les lectures de la messe du jour. A noter, cette feuille est éditée par les éditions San Paolo, qui ne sont pas vraiment (pour ne pas dire vraiment pas...) "proches de la Tradition" - disons les choses ainsi - mais plutôt (très) proches de François:


www.aldomariavalli.it
8 mars 2019
Ma traduction

* * *

Terminons cet épisode par la feuille pour la messe La domenica sur laquelle écrivent plusieurs hommes justes au poste juste. Ici, je fais référence au bibliste qui, le mercredi des Cendres, dans son discours intitulé "Le jeûne", explique: «Le temps du Carême nous propose chaque année la pratique du jeûne, bien que désormais limitée à deux jours seulement: le mercredi des Cendres et le vendredi saint. Dans les communautés islamiques, le jeûne comprend un mois entier - celui du Ramadan (l'aride) - et est l'un des cinq piliers de l'Islam».

Il n'y a rien d'incorrect dans ces lignes. Sauf que, dit ainsi, il semble que le jeûne des catholiques et le jeûne des musulmans sont la même chose et même que les musulmans sont meilleurs que nous, puisqu'ils jeûnent pendant un mois entier alors que nous nous limitons à seulement deux jours dans l'année.

Mais notre jeûne et celui des musulmans ne sont pas la même chose. Tout d'abord, si pour les musulmans le Ramadan rappelle la remise du Coran au Prophète par Allah, les quarante jours de pénitence avant Pâques (Carême) sont un signe des quarante jours que Jésus a passés dans le désert, en prière et pénitence, avant de prêcher.
Et puis il y a une différence intrinsèque. Le père Samir Khalil Samir l'explique très bien: dans l'Islam, où il y a une identité entre éthique et légalité, «celui qui ne jeûne pas pendant le mois du Ramadan commet un crime et va en prison (dans de nombreux pays). S'il observe le jeûne prévu, de l'aube au crépuscule, il 'est parfait, même si après le crépuscule il mange jusqu'à l'aube du jour suivant, plus et mieux que d'habitude: vous mangez les meilleures choses et en abondance, comme me l'ont dit des amis égyptiens musulmans. Il ne semble pas y avoir d'autre sens au jeûne que d'obéir à la loi même du jeûne. Le Ramadan devient le temps où les musulmans mangent plus et mangent les mets les plus délicieux. Le lendemain, étant donné que pour manger, personne n'a dormi, personne ne travaille. Cependant, d'un point de vue formel, tous ont jeûné pendant quelques heures. C'est une éthique légaliste: si vous faites cela, vous êtes dans le juste. Une éthique extérieure. Le jeûne chrétien est au contraire quelque chose qui a pour but de s'approcher du sacrifice de Jésus, de la solidarité avec les pauvres et il n'y a pas le moment où l'on récupère quand quelqu'un n'a pas mangé».

Que dire? Le Père Samir lui non plus, selon toute évidence, n'est pas un homme juste au poste juste.

Aldo Maria Valli

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