La leçon d"Alfie

Dans un océan de prières, c'est un trésor d'humanité et de foi à conserver et à faire fructifier qui a émergé grâce à lui, et autour de ses courageux parents . Le bel éditorial de Riccardo Cascioli (27/4/2018)

On ne peut qu'être surpris et ému par le mouvement mondial qui s'est créé autour d'Alfie. Il y a désormais un peuple, sur tous les continents, qui s'inquiéte pour cet enfant, un peuple qui a conscience que le sort d'Alfie nous concerne tous, que ce qui se passe est une question de sens de notre vie, que gagner cette bataille pour la vie est décisif pour nous et pour l'avenir de notre société, et que, de toute façon, quel que soit le sort d'Alfie, la graine a été semée pour préparer l'avenir.

Alfie, une vie futile qui change le monde


Riccardo Cascioli
La Bussola
27 avril 2018
Ma traduction

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Alors que le silence tombe sur ce qui se passe à l'intérieur du Alder Hey Hospital, afin de favoriser une solution positive à l'histoire d'Alfie Evans, il est nécessaire de réfléchir sur le sens de ce qui se passe autour de cet enfant si fragile : de la découverte de ce que sont un père et une mère, à l'émergence d'un peuple qui d'un bout à l'autre du monde s'est réveillé à la vie et à l'amour.


Alors que le silence tombe sur ce qui se passe à l'intérieur du Alder Hey Hospital, l'épilogue de l'affaire Alfie est encore loin. Après la clameur médiatique de ces derniers jours, le silence naît de la nécessité de favoriser - comme l'a dit Thomas, le père d'Alfie - un accord avec les médecins de l'hôpital pour atteindre le premier objectif: ramener Alfie à la maison.

L'état de l'enfant est stable et semble même s'améliorer, même s'il a toujours besoin de l'aide de l'oxygène. Il pourrait être transféré du service de soins intensifs à un autre service, puis renvoyé dans quelques jours, ce qui ne peut être atteint que si les eaux se calment et qu'un climat de collaboration se crée entre la famille Evans et l'Alder Hey. C'est du moins l'espoir qui explique la déclaration lue par Thomas hier soir, 26 avril. Avec toutes les précautions d'usage: Thomas est bien conscient qu'on ne peut pas faire confiance à la parole des médecins qui ont déjà tout fait pour tuer Alfie, et donc la famille n'abandonnera pas un seul instant le petit lit d'Alfie. Et puis dans quelques jours, on verra si la disponibilité soudaine des médecins est réelle - et Alfie pourra rentrer chez lui, et de là, où ses parents le voudront - ou bien si c'est la énième tentative de gagner du temps pour résoudre le problème à leur manière.

S'il est donc juste pour le moment de respecter le silence sur ce qui se passe entre la famille Evans et les médecins de l'Alder Hey, l'accompagnement dans la prière et la réflexion sur ce qui s'est passé et ce qui se passe encore ne peut pas cesser.

Et ici, nous ne pouvons qu'être surpris de ce que cet enfant de quelques mois, gravement malade et sans défense, a pu générer ou du moins faire émerger avec force. A commencer par la paternité et la maternité de ses parents. Fiérement décidé à se battre jusqu'au bout pour le protéger du Dragon qui voulait le manger, Thomas; toujours à ses côtés, communiquant discrètement tout son amour et sa protection de mère, Kate. Un père et une mère qui sont un vrai homme et une vraie femme, et, en plus, très jeunes. Un vrai signe de contradiction dans une société où la guerre contre les prétendus "stéréotypes de genre" est devenue une obligation légale, où c'est devenu un blasphème de dire que les hommes et les femmes ont des rôles différents. Thomas et Kate sont la revanche de la nature sur l'artifice humain, l'imposition de la réalité sur l'idéologie, le signe de Dieu contre Satan.

Élargissant le regard, on ne peut qu'être surpris et ému par le mouvement mondial qui s'est créé autour d'Alfie. Il y a désormais un peuple, sur tous les continents, qui s'inquiéte pour cet enfant, un peuple qui a conscience que le sort d'Alfie nous concerne tous, que ce qui se passe est une question de sens de notre vie, que gagner cette bataille pour la vie est décisif pour nous et pour l'avenir de notre société, et que, de toute façon, quel que soit le sort d'Alfie, la graine a été semée pour préparer l'avenir.

Il y a un peuple incroyable qui, en ces jours, se rassemble devant les cathédrales pour prier, qui montre avec une évidence indéniable combien la prière est le véritable moteur de l'histoire; des centaines et des centaines de milliers de personnes dans le monde entier qui peuvent dire aujourd'hui qu'Alfie a changé leur vie, ouvert les yeux sur la valeur et le sens de la vie et de la douleur, ce que signifie être parents, plus conscients que le sens de nos vies est dans la dépendance; il y a des milliers de familles avec des enfants gravement handicapés qui se sont senties réconfortées par cette soudaine solidarité internationale et qui ont trouvé la force de partager leur expérience en pouvant compter sur des personnes disposées à les écouter.

Il y a un trésor d'humanité et de foi qui a émergé avec force au cours de ces semaines, un trésor qui ne peut être perdu, qui - quelle que soit la conclusion de l'histoire d'Alfie et toujours en priant et luttant pour que ce soit Dieu qui décide de sa vie et non les hommes - doit être dit. Et dire que les médecins et les juges ont statué que la vie d'Alfie est "futile".

Et puis il y a aussi ceux du "la situation est complexe, on ne peut pas juger" ; ceux qui ont du mal à mettre en cause les médecins et les juges ; ceux du "le point important est ailleurs" ; ceux qui sont déçus par la déclaration d'hier ; les papolâtres qui ont "manqué" le passage du Pape sur la défense du droit à la vie d'Alfie et de Vincent ; ceux du "pourquoi Alfie oui et les migrants non?"; ceux du "il est important de seposer des questions". Oui, il y a ausi tous ceux-là, et ils sont peut-être la majorité, et peut-être aussi ceux qui ont le pouvoir. Mais pour eux, l'invitation d'il y a deux mille ans résonne encore : "Laissez les morts enterrer les morts".

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