Le tour de passe-passe de François

Quand on refuse de nommer le mal... on ne peut pas lutter contre. Dans sa lettre au Peuple de Dieu sur la "pédophilie" cléricale (lettre unanimement saluée par les médias, ce qui est en soi éminemment suspect!), le Pape réalise l'exploit de ne pas citer une seule fois la vraie cause du problème: l'homosexualité (21/8/2018)

>>> La lettre de François:
w2.vatican.va

 


Marco Tosatti résume joliment tout cela dans le titre de son commentaire: "Il ne voit pas l'éléphant dans la sacritie!"

A la gravité sans précédent de la situation s'ajoute la gravité encore plus inédite du silence, qui recouvre en fait la gravité de la situation, la cachant en détournant l'attention vers d'autres choses importantes mais non centrales. Sans appeler mal le mal, comment peut-on le combattre? Et en évitant d'appeler mal le mal, n'est-on pas déjà complices, même sans rien faire?

L'homosexualité dévaste l'Église, mais elle n'est plus mentionnée.


Stefano Fontana
www.lanuovabq.it
21 août 2018
Ma traduction

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Arrive la "Lettre du Pape au Peuple de Dieu", confirmant un fait désormais sans équivoque: l'Église d'aujourd'hui ne veut plus parler d'homosexualité, le thème est formellement exclu de la prédication. Si nous regardons autour de nous, nous voyons que tous dans l'Église ont depuis longtemps cessé d'évaluer moralement l'homosexualité et même évitent d'en parler. Le thème a disparu des homélies, des discours, de la presse catholique. L'expression ne reste que dans quelque initiative pastorale visant à inclure les couples homosexuels dans le tissu ecclésial, avec des modalités d'expression qui ne parlent que d'accueil et jamais d'évaluation.


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Finalement, la "Lettre du Pape au Peuple de Dieu" est arrivée, confirmant un fait désormais sans équivoque : de l'homosexualité, l'Eglise d'aujourd'hui ne veut plus parler, le thème est formellement exclu de la prédication.
En effet, même dans la lettre écrite par le Pape François hier, concernant la "dévastation" de l'Église américaine causée par l'exercice de l'homosexualité dans le clergé, pas un mot sur l'homosexualité. On ne parle que d'"abus", comme si les relations homosexuelles habituelles d'un cardinal avec des prêtres et des laïcs pouvaient être passées sous silence compte tenu de la majorité et du consentement des protagonistes. Comme s'il n'avait pas encore été établi que l'homosexualité est la cause de la propagation des abus et non les abus qui suscitent l'homosexualité. Comme si seuls les abus, et pas aussi l'homosexualité, étaient une forme de déchirement de la conscience que le Pape François dénonce dans sa Lettre, l'illustrant d'un "cléricalisme" non identifié et sans l'attribuer à l'homosexualité.

Le scandale qui a submergé le cardinal McCarrick, qui a objectivement effleuré le cardinal Farrell, et qui a récemment explosé avec le rapport sur la Pennsylvanie, a pour objet l'exercice de l'homosexualité dans l'Église et rien d'autre. Un exercice de l'homosexualité qui a largement investi l'Église américaine et qui a monté très haut dans les hiérarchies ecclésiales et du Vatican. Mais face à la situation dévastatrice qui, nous le répétons, a pour objet l'homosexualité et rien d'autre, on dit tout, mais pas que l'homosexualité est un désordre, un mal intrinsèque, une violence inacceptable, une pratique toujours gravement immorale, un péché, le déni du plan de la création. A la gravité sans précédent de la situation s'ajoute la gravité encore plus inédite du silence, qui recouvre en fait la gravité de la situation, la cachant en détournant l'attention vers d'autres choses importantes mais non centrales. Sans appeler mal le mal, comment peut-on le combattre? Et en évitant d'appeler mal le mal, n'est-on pas déjà complices, même sans rien faire?

Si nous regardons autour de nous, nous voyons que tous dans l'Église ont depuis longtemps cessé d'évaluer moralement l'homosexualité et même évitent d'en parler. Le thème a disparu des homélies, des discours, de la presse catholique. L'expression ne reste que dans quelque initiative pastorale visant à inclure les couples homosexuels dans le tissu ecclésial, en utilisant des expressions qui ne parlent que d'accueil, et jamais d'évaluation. Tout au long de l'affaire Staranzano, il me semble que je n'ai jamais lu une déclaration de l'évêque de Gorizia qui réaffirme l'évaluation négative de l'homosexualité toujours exprimée par les Écritures et le Magistère de l'Église. Dans le cas du curé de Vérone qui a "épousé" son compagnon, l'évêque a dit et écrit de belles choses sur le mariage et la famille, mais n'a pas expressément confirmé la doctrine catholique sur l'homosexualité.

Tous se taisent sur l'homosexualité, mais ensuite, le Père James Martin est autorisé à en parler au Congrès de la Famille à Dublin et à en parler non seulement comme d'un problème pastoral mais aussi comme d'une opportunité pour la vie de grâce. Les protestations s'élèvent, des cardinaux ont démissionné, d'autres ont dit qu'ils ne participeraient pas... mais on ne touche pas au Père Martin. Je comprends que, par opportunité politique, certains éminents hommes d'Église, aujourd'hui très compromis et qui siègent à la présidence d'importants dicastères, pourraient peut-être être déplacés après Dublin. Inversement, le fracas serait trop important. Mais le père Martin pourrait être retiré du programme.

C'est à ce stade que le simple fidèle de l'Église catholique élabore deux idées à lui qui résument la situation. La première chose qui lui semble évidente, c'est qu'il y a une forte présence homosexuelle dans l'Église, la seconde est que cette forte présence oeuvre à changer la doctrine de l'Église sur l'homosexualité. C'est pour dissiper cette hypothèse qu'on ressent l'urgence que le Pape, les cardinaux et les évêques appellent l'homosexualité par son nom, sans la conserver sous vide dans le silence.

Eh bien, dira-t-on, dans le Catéchisme et dans d'autres milliers de documents du Magistère - sans parler de Saint Paul - la question est clarifiée, et pour toujours. C'est vrai, mais nous connaissons le climat théologique d'aujourd'hui: ne plus parler de l'homosexualité, ou en parler sans condamnation et dans un contexte pastoral ouvert et dialoguant, avec l'intention de construire des ponts et non des murs, de se concentrer sur ce qui unit et non sur ce qui divise, dans l'impossibilité de juger parce que seul Dieu juge et d'autres slogans similaires.... tout cela signifie laisser les portes ouvertes, permettre l'acceptation de fait sur laquelle les théologiens construiront ensuite l'acceptation de droit, à tel point qu'ils y travaillent déjà depuis un certain temps. On ne parle plus d'homosexualité dans l'Église parce qu'elle est désormais comprise comme une situation "imparfaite" [si ce n'est un modèle!!] à accueillir et à purifier en valorisant ses aspects positifs.
Mais alors le silence cache déjà une nouvelle doctrine.

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