L'imposture du racisme

Dans le sillage d'une fausse agression raciste en Italie, et de la mise au pilori en conséquence du gouvernement "populiste" par une gauche autoproclamée "morale", Marcello Veneziani nous gratifie d'une belle réflexion sur l'antiracisme devenu religion d'État (7/8/2018)

Daisy Osakue

Depuis l'avènement du gouvernement dit populiste, il semble que le peuple italien soit à longueur de journée accusé de xénophobie et de racisme (et villipendé, montré du doigt, dénoncé, menacé) par la gauche morale (pléonasme!) d'Italie et d'ailleurs relayée unanimement par les médias qui lui servent de caisse de résonnance.
En somme, c'est encore pire qu'en France...
Dernier épisode en date, une athlète italienne, Daisy Osakue, d'origine nigérienne, s'est dite victime de racisme après avoir été blessée à la cornée par un oeuf lancé depuis une voiture dans la nuit du 29 au 30 juillet, dans une petite ville du Piémont. Divine surprise pour les bien-pensants (y compris de France, l'information a fait l'objet d'un débat le lendemain de l'"agression" sur France Info, où des "spécialistes" ont disserté doctement pendant de longues minutes sur le retour inquiétant des vieux démons des italiens!!), évidemment, qui se sont déchaînés contre le ministre de l'intérieur liguiste italien. Manque de chance pour eux, c'était une fake new. Les agresseurs ont été démasqués, ils n'en étaient pas à leur coup d'essai, ayant déjà pris pour cibles aussi des blancs, c'étaient simplement des vitelloni en quête de sensations fortes, l'un d'eux étant même le fils d'un élu du PD (socialiste).

C'est dans le prolongement de ce fait divers imbécile honteusement exploité par les antiracistes, qui ne se sont même pas excusés, que Marcello Veneziani nous gratifie de cette remarquable réflexion sur le racisme, qui vaut évidemment bien plus largement pour l'ensemble du monde Occidental.

Le racisme imaginaire


Marcello Venziani
6 août 2018
Ma traduction

* * *

Mais quelle race de bête est le racisme? Essayons de sortir des polémiques grossières qui submergent la politique et les médias et font du racisme le seul thème du jour. Avec sa misérable suite de controverses cas après cas, le décompte des victimes réelles et présumées du racisme et vice versa les victimes des migrants.

Donc, pour commencer, les races existent-elles vraiment ou ne sont-elles que des pseudo-concepts, des idéologies, des aberrations masquées d'ethnologie? J'ignore si elles existent ou non et je refuse de prendre part à un conflit qui devrait avoir des traits scientifiques et qui n'a que des connotations idéologiques et politiques. Je ne me contente pas de ce que la science a attesté pendant des siècles, que les races existent et différencient l'humanité. C'est la science positiviste qui l'a soutenu en premier, non pas liée à des canons réactionnaires ou à des dogmes religieux ou nationalistes, mais en général évolutionniste, laïciste, parfois politiquement radicale, voire "de gauche". C'était l'époque où l'on étudiait les races, les différences entre les peuples, la physionomie, avec des résultats parfois cruels. Je ne me contente pas de leurs études parce que la science évolue plus que les civilisations et ses connaissances peuvent être réfutées, chamboulées au fil du temps. Pour la même raison, je me méfie de ceux qui aujourd'hui proclament l'inexistence des races parce que le message idéologique et politique qu'ils veulent transmettre est transparent. Si dans la classification des races d'hier on doit aussi considérer l'humus psychologique et idéologique de l'époque, les dominations coloniales; dans le déni d'aujourd'hui, il faut considérer le même background en sens inverse, y compris l'hégémonie idéologique d'une vision égalitaire, tiers mondiste, europhobe.

En tout cas, que les races existent ou non - qu'il s'agisse d'une vérité scientifique, d'une authentique évidence ou d'une imposture, d'un forçage de la réalité - la reconnaissance des races implique les différences entre les groupes ethniques et non la supériorité ou l'infériorité raciale. Cela devient du racisme lorsqu'on impose la primauté d'une race et qu'on décide la persécution d'une autre, jusqu'à l'aberration extrême de l'extermination. Dans le monde, le seul pays qui a aujourd'hui inséré une clause raciste dans son ordre constitutionnel est Israël, qui se définit comme «l'État national souverain du peuple juif», et considère donc les non-juifs, à commencer par les Palestiniens, comme des étrangers, des hôtes ou des sujets.

Cela dit, peut-on dire que l'Italie d'aujourd'hui ou l'Europe d'aujourd'hui sont la proie du racisme? Les populistes et les gouvernements souverainistes sont-ils racistes, comme le suggère chaque jour à toutes les sauces l'appareil médiatico-politique dominant? Si nous considérons le nombre, la présence de millions de migrants noirs venant de pays lointains, avec d'autres religions ou superstitions, d'autres façons de vivre et de considérer la vie humaine; si nous considérons que des millions de jeunes déracinés viennent ici sans travail, sans femme, sans conditions minimales de stabilité, à commencer par un toit, nous sommes assis sur une poudrière. Je vais même jusqu'à dire que compte tenu de ces prémisses, les crimes commis par ces mêmes personnes, entre violence, viol, vol, agression et désordre social sont relativement peu nombreux. Et envers ces personnes, les épisodes d'intolérance de la part des Italiens, que l'on peut vraiment attribuer au racisme sont encore plus limités. Des cas d'incivilité, de cohabitation difficile, de violence éclatent chaque jour, surtout dans les lieux les plus dégradés ou dans les espaces publics encombrés de migrants. Si on n'isole dans les nouvelles quotidiennes et ne monte en épingle que celles qui ont eu des Noirs comme antagonistes ou victimes, on fabrique le racisme. Chaque jour, on assiste à des épisodes variés d'intolérance, de conflits, d'insultes entre personnes; si dans un grand nombre, on n'amplifie que ceux qui sont arrivés aux Noirs, nous trouverons chaque jour, une phrase, une gifle, une insulte considérée comme xénophobe. Il s'agit de petits épisodes parmi des millions de situations difficiles, en grande partie sans rapport avec le racisme ou non imputables au mépris racial: affrontements privés, antipathie, espaces vitaux piétinés, femmes harcelées, jalousies, accidents, conflits de voisinage, etc. Parmi eux, il y a des épisodes d'intolérance raciale: mais ils concernent une petite minorité d'imbéciles non intégrés, généralement peu politisés, qui agissent avec des réflexes conditionnés: ils sont poussés à la violence ou à l'intolérance à la fois par des préjugés répandus sur les dommages produits par les migrants et par des préjugés opposés, de l'antiracisme dominant, qui suscite des réactions ou des désirs pervers de protagonisme.

Mais parler de racisme et le faire de façon aussi obsessionnelle, même lorsqu'il s'agit d'événements qui n'ont rien à voir avec le racisme, c'est simplement creuser des fossés de haine, diviser les peuples, inciter les gens à se mépriser et à des formes de racisme auto-infligé. Aujourd'hui, le pire racisme est exercé par une minorité contre la majorité des Italiens. C'est le racisme de l'antiracisme. Aujourd'hui, le racisme le plus oppressant et intimidateur, c'est le racisme éthique, et non ethnique; c'est le racisme culturel, politique, idéologique d'une "race élue" par rapport au petit peuple qui choisit le souverainisme par ses tripes, et est donc étiqueté "naturaliter raciste". Le racisme des antiraciste devient délinquence lorsqu'il identifie l'amour de la patrie, le lien identitaire et national, avec le racisme qui, dans le pire des cas, est sa dégénérescence. C'est comme si on identifiait la liberté avec l'anarchie violente ou l'égalité avec le totalitarisme communiste et la terreur jacobine.

Ce qui confine à la démence, c'est l'accusation rétroactive de racisme à l'encontre d'auteurs, d'œuvres, d'événements et de personnalités du passé. On censure des chefs-d'œuvre, manipulés et adaptés au Canon dominant, on étiquette comme honteux des classiques et des géants parce qu'aux yeux de l'idéologie actuelle ils seraient infectés par le racisme. Le résultat de cette révision moralisatrice de l'histoire, de l'art, de la philosophie et de la littérature, au-delà du résultat grotesque, est une incitation à l'ignorance, mais au nom de l'humanité et de l'antiracisme.

Le racisme souffle également depuis un certain temps dans les tribunaux, parce qu'il est facile de passer d'une accusation idéologique à une accusation pénale. Il ne manque pas de magistrats pleins de bonne volonté pour soutenir la chasse au racisme. Il est absurde de maintenir en vie des lois spéciales, comme la loi Mancino [punissant la haine raciale, l'équivalent de notre loi Gayssot, ndt], pour s'attaquer au racisme. Les lois ordinaires de notre code qui punissent toute violence et oppression perpétrées contre toute personne de quelque race, couleur, âge ou condition que ce soit suffisent. Les lois spéciales sapent la force des lois et l'autorité du droit, qui est dans leur universalité. Finissons-en avec cette féroce Imposture qui empoisonne le climat et le prédispose à l'exaspération, à la haine et à la violence. Le racisme est vomi, même chez ceux qui l'ont constamment à la bouche.

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