Mgr Vigano répond au cardinal Ouellet.

Mgr Vigano

Il réfute point par point les accusations de ce dernier, et il est plus que convaincant (19/10/2018).

Voici ma traduction (en attendant la traduction complète, qui ne saurait tarder) des passages de sa dernière lettre qu’à une première lecture j’ai trouvé les plus significatifs.
Marco Tosatti donne les versions en italien et en anglais de la lettre complète ICI.

 

J'ai été accusé d'avoir créé la confusion et la division dans l'Église par mon témoignage. Cette déclaration ne peut être crédible que pour ceux qui croient que cette confusion et cette division étaient négligeables avant août 2018. N'importe quel observateur impartial, cependant, aurait déjà vu la présence prolongée et significative des deux, ce qui est inévitable lorsque le successeur de Pierre renonce à sa mission principale, qui est de confirmer les frères dans la foi et dans la saine doctrine morale. Quand ensuite la crise est exacerbée par des messages contradictoires ou des déclarations ambiguës, la confusion s'aggrave.

--

Il y a un point sur lequel je dois absolument nier ce que le cardinal Ouellet écrit. Le cardinal affirme que le Saint-Siège n'avait connaissance que de simples "voix", insuffisantes pour pouvoir prendre des mesures disciplinaires contre McCarrick. J'affirme au contraire que le Saint-Siège avait connaissance d'une multiplicité de faits concrets et disposait de pièces justificatives et que, malgré cela, les responsables ont préféré ne pas intervenir ou ont été empêchés de le faire. Les réparations aux victimes des abus sexuels de McCarrick dans l'archidiocèse de Newark et dans le diocèse de Metuchen, les lettres du P. Ramsey, des nonces Montalvo en 2000 et Sambi en 2006, de M. Sipe en 2008, mes deux notes sur la question à mes supérieurs du Secrétariat d'Etat qui décrivaienr en détail les accusations concrètes contre McCarrick, tout cela ne serait que des voix? Il s'agit de correspondance officielle, pas de ragots de sacristie. Les délits dénoncés sont très graves, il y avait aussi ceux de l'absolution des complices d'actes scandaleux, avec la célébration sacrilège de la messe. Ces documents spécifient l'identité des auteurs, celle de leurs protecteurs et la chronologie des événements. Ils sont conservés dans les archives appropriées; et il n'y a besoin d'aucune enquête extaordinaire pour les retrouver.

--

Le cardinal Ouellet m'objecte qu'il est faux de présenter les mesures prises contre McCarrick comme des "sanctions" décrétées par le pape Benoît XVI et annulées par le pape François. Vrai. Il ne s'agissait pas techniquement de "sanctions" mais de dispositions, "conditions et restrictions". Discuter pour savoir s'il s'agit de sanctions, de dispositions ou d'autre chose, c'est du pur légalisme. D'un point de vue pastoral, c'est exactement la même chose.

---

Dans les accusations publiques contre moi, j'ai remarqué deux omissions, deux silences dramatiques. Le premier silence est sur les victimes. Le second porte sur la cause principale de toutes ces victimes, c'est-à-dire sur le rôle de l'homosexualité dans la corruption du sacerdoce et de la hiérarchie.
Pour ce qui concerne le premier silence, il est bouleversant qu'au milieu de tant de scandales et d'indignation, si peu de considération soit accordée à ceux qui ont été victimes de prédateurs sexuels par ceux qui ont été ordonnés ministres de l'Evangile. Il ne s'agit pas de régler des comptes ou de questions de carrières ecclésiastiques. Il ne s'agit pas d'une question de politique. Il ne s'agit pas de savoir comment les historiens de l'Église peuvent évaluer telle ou telle papauté. Il s'agit d'âmes! Beaucoup d'âmes ont été mises et sont encore en danger pour leur salut éternel.
Pour ce qui est du deuxième silence, cette crise très grave ne peut être correctement affontée tant que nous n'aurons pas appelé les choses par leur nom. C'est une crise due au fléau de l'homosexualité, chez ceux qui la pratiquent, dans ses motivations, dans sa résistance à la réforme. Il n'est pas exagéré de dire que l'homosexualité est devenue un fléau dans le clergé et qu'elle ne peut être éradiquée qu'avec des armes spirituelles. C'est une énorme hypocrisie que de déplorer les abus, de dire que nous pleurons pour les victimes, mais de refuser de dénoncer la cause principale de tous ces abus sexuels: l'homosexualité. Il est hypocrite de refuser d'admettre que ce fléau est dû à une grave crise dans la vie spirituelle du clergé et de ne pas recourir aux moyens pour y remédier.

---

En conclusion, je réitère mon appel à mes frères évêques et prêtres qui savent que mes déclarations sont vraies et qui sont en mesure de témoigner, ou qui ont accès à des documents qui peuvent résoudre cette situation au delà de tout doute. Vous aussi, vous êtes confrontés à un choix. Vous pouvez choisir de vous retirer de la bataille, de continuer dans la conspiration du silence et de détourner le regard de l'avancée de la corruption. Vous pouvez inventer des excuses, des compromis et des justifications qui retardent le jour de l'épreuve de force. Vous pouvez vous consoler avec la duplicité et l'illusion qu'il sera plus facile de dire la vérité demain et après-demain.
Ou bien vous pouvez choisir de parler. Faites confiance à Celui qui nous a dit: "La vérité vous rendra libres". Je ne dis pas qu'il sera facile de choisir entre le silence et la parole. Je vous exhorte à considérer quel choix sur votre lit de mort et devant le juste Juge vous ne regretterez pas d'avoir pris.

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.