Pressions sur le Pape pour abolir le célibat

Le week-end dernier s'est tenue à Rome une rencontre au sommet de l'Association des prêtres mariés (eh oui, cela existe!) qui trouve en François un pape tout disposé à accueillir favorablement leurs revendications, et dans le Synode sur l'Amazonie l'occasion rêvée pour ressusciter le marronnier du mariage des prêtres. (27/5/2019)

L'article du Messagero qui fait état de la nouvelle est signé Franca Giansoldati, qu'on peut considérer comme très proche de François, qu'elle a déjà interviewé, en 2014 (benoit-et-moi.fr/2014-I)

Photo "Pleiin Jour"

Nul doute que les prêtres mariés trouveront chez François une écoute bienveillante, toute disposée à accueillir favorablement leurs revendications.
Le site français <Plein Jour> ["soutien des compagnes de prêtres ou de religieux", lit-on dans le bandeau d'identification) rappelle ICI qu'il a invité en 2016 plusieurs d'entre eux à assister à sa messe à Sainte Marthe. Et un peu plus tard, la même année, il s'est rendu dans un faubourg de Rome, «dans la maison où habitait une famille dont le père était un prêtre qui, après quelques années de ministère paroissial, avait choisi une autre orientation de vie. Auprès de lui, de son épouse et de ses enfants, six autres familles semblables étaient là, invitées à cette surprenante rencontre».
«L’entrée du Pape dans l’appartement a été marquée par un grand enthousiasme: les enfants se sont regroupés autour du Pape pour l’embrasser, pendant que les parents n’ont pas retenu leur émotion. La visite du Saint-Père a été très appréciée par toutes les personnes présentes, qui n’ont pas senti un jugement du Pape sur leur choix, mais sa proximité et l’affection de sa présence. Le temps est passé vite: le Pape a écouté l’histoire de chacun et a suivi avec attention les considérations qui lui étaient faites concernant les développements des procédures juridiques pour ces différents cas. Il les a tous assurés de son amitié et de son attention».

Pressions sur le Pape pour abolir le célibat


Il Messagero
Franca Giansoldati
4 mai 2019
Ma traduction

* * *

Avec l'effondrement des vocations qui depuis des années afflige l'Europe et, bien sûr, l'Italie, une réflexion que le Pape François - tôt ou tard - devra faire en considérant qu'aujourd'hui déjà beaucoup de paroisses sont à découvert, elles n'ont plus de curé. A quelques mois du Synode sur l'Amazonie qui, entre autre, abordera aussi la question des "viri probati" - l'ordination d'hommes mariés d'un certain âge et d'une foi avérée pour célébrer dans ces régions maintenant sans curé - l'association des prêtres mariés Vocatio revient à la charge pour signaler que ceux souhaitent être réintégrées dans la gestion des paroisses sont de plus en plus nombreux. Il s'agit de milliers d'ex-prêtres qui se sont mariés ces dernières années et qui seraient bien disposés à retourner à l'exercice effectif du ministère ecclésiastique.

Pour l'instant, le règlement officiel ne permet pas cette possibilité dans l'Église catholique de rite latin, même si les Églises catholiques de rite oriental prévoient depuis des siècles aux côtés du clergé célibataire des prêtres ayant contracté un mariage régulier. Actuellement, dans le monde il y a environ 100 mille prêtres et religieux mariés, et plus de 5000 femmes, anciennes religieuses et personnes consacrées qui ont quitté la vie consacrée. Parmi eux, en Italie, il y a à peu près 5000 ex-prêtres et ex-religieux et 800 femmes (sœurs et consacrées) qui ont quitté la vie consacrée. De ce nombre, environ 1800, toujours en Italie, ont reçu la dispense, c'est-à-dire la réduction à l'état laïc, les autres sont simplement partis. Depuis 1981, l'Association "Vocatio" se bat pour faire entendre la voix des ex-prêtres et compte 394 membres. Samedi et dimanche, l'Association organisera une conférence à Rome pour réfléchir à ce problème et poser au Pape et aux évêques la question cruciale: «Quand nous admettrez-vous?»

«Autrefois - expliquent-ils à Vocatio - cette demande aurait été impossible. Mais, aujourd'hui, à cause de la raréfaction croissante des vocations et du dynamisme donné à l'Église romaine par le nouvel évêque de Rome, la demande n'est plus aussi singulière».

Si, à un moment donné, le thème avait été définitivement clos par Jean-Paul II, une lueur s'est ouverte avec François. Il y a deux ans, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État, dans une interview accordée à un journal américain, réfléchissait sur le célibat, affirmant qu'il ne s'agit pas des tables de Moïse. «Le Magistère n'est pas un monolithe immuable, mais un organisme vivant qui grandit et se développe. Sa véritable identité ne change pas, mais s'enrichit. Par exemple, l'enseignement sur le célibat ecclésiastique, qui remonte à la tradition apostolique, a trouvé au cours de l'histoire différents modes d'expression dans la majorité des Églises catholiques orientales, où la plupart des prêtres sont déjà légitimement mariés».

Parolin a fait référence au fait qu'en Italie aussi, en particulier à Piana degli Albanesi, il y a des prêtres catholiques mariés de rite gréco-byzantin.

Une autre lueur devrait venir en octobre, lorsque le Vatican ouvrira le Synode sur l'Amazonie, un thème qui n'est qu'en apparence loin des réalités européennes. C'est dans ce contexte qu'il faudrait aborder la question des viri probati et du diaconat féminin.

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