"Soyez virils, évêques et cardinaux"...

ne vous pliez pas aux diktats du monde! L'injonction de la blogueuse italienne Constanza Miriano aux évêques qui participent au sommet sur les abus (21/2/2018)

>>> Pour savoir qui est Constanza Miriano, lire ici: benoit-et-moi.fr/2018 .

Son commentaire, écrit juste avant l'ouverture des débats, est intéressant parce que c'est celui d'une catholique lambda, qu'elle n'a rien d'une extrêmiste, ou d'une militante homophobe.

Il nous faut un Sommet de vérité


costanzamiriano.com
19 février 2019
Ma traduction

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Le Sommet pour la protection des mineurs commence ces jours-ci: du 21 au 24, le Pape, les présidents des conférences épiscopales et des dicastères concernés entendront les témoignages de plusieurs survivants des abus et élaboreront les lignes de conduite à adopter face à cette tragédie. Le Pape veut la plus grande transparence, c'est le point sur lequel on a le plus insisté à la conférence de presse d'hier pour présenter l'événement, devant la foule des grandes occasions (la presse s'intéresse à l'Eglise presque uniquement quand elle peut remuer la boue), et il veut aborder les choses avec beaucoup de sérieux, comme le montre aussi la mesure prise par lui, avec une sentence irrévocable, sur McCarrick (même si, rappelons-le, son cas n'est pas une affaire de pédophilie mais de violence des jeunes hommes, bien que dans certains cas, ils n'avaient pas 18 ans).

François a également dit qu'il ne fallait pas trop attendre de ce sommet. J'imagine qu'il veut dire qu'il faut du temps pour changer certaines choses, qu'il ne suffit pas de claquer des doigts pour que des choses complexes comme les blessures affectives et sexuelles puissent être contenues, mais que pour changer en profondeur il faut déclencher des processus, pour utiliser une expression à la mode,

Il s'est toutefois passé quelque chose d'important, à mon avis, dès hier, dans la Salle de presse du Saint-Siège. Et ce n'est pas bien beau. Un cardinal de l'Église catholique a utilisé un terme de la propagande LGBT, et il l'a fait en disant quelque chose qui, selon le Catéchisme, est faux. Cupich, cardinal de Chicago, répondant à la question de Diane Montagna, a dit que l'homosexualité n'est pas l'une des causes des abus, et à l'appui de cette affirmation, il a apporté une étude d'une commission australienne (il existe une étude pour soutenir pratiquement n'importe quelle thèse). Il a dit que tout cela est une question d'«opportunités, d'occasions, de manque de formation» (opportunités!!!): mais il est évident que ce n'est pas le cas, que les occasions ne produisent des situations d'abus que si un problème antérieur existe. Il a ensuite déclaré que depuis les années soixante jusqu'à aujourd'hui, il y a eu une chute drastique du nombre de cas signalés, «seulement» six l'année dernière, et il a attribué cela à une plus grande sélection à l'entrée du séminaire. Sandro Magister a donc demandé si la sélection signifiait l'exclusion des candidats homosexuels (comme l'a recommandé le Pape), et Cupich a dit que le dépistage est important «non pas pour la question de l'homosexualité mais pour comprendre si on a une attitude envers la sexualité qui n'est pas en ligne avec l'Eglise, parce que les abus n'ont rien à voir avec une orientation sexuelle particulière». Le Cardinal a donc utilisé la terminologie de la propagande LGBT, et ne l'a pas fait d'une manière critique, mais en l'acceptant pleinement.

Avant tout, il est indéniable que les abus dont nous parlons ont aussi une relation avec l'homosexualité: 87 % des victimes sont des hommes. Tant qu'on n'en discutera pas, je doute qu'une solution puisse être trouvée, car la première étape pour résoudre un problème est toujours de le reconnaître, et d'examiner les données de la réalité. Il y a certes aussi le problème du cléricalisme, c'est-à-dire la difficulté pour les victimes de dénoncer les personnes qui jouent un rôle d'autorité spirituelle, et qui mettent donc le mineur dans une situation d'assujettissement, mais ce problème de soumission existe toujours dans le cas d'un abus sur un mineur, même quand il survient dans la famille, ou dans les relations significatives pour un enfant. Presque toujours, ceux qui approchent un enfant pour abuser de lui le font en profitant de leur influence et en le mettant dans un état de soumission. Et presque toujours, l'enfant ne le signale pas. Mais le problème de premier niveau n'est pas l'assujettissement, mais l'abus.

Ce qui est encore plus grave, c'est qu'un Cardinal parle d'«orientation sexuelle particulière», comme s'il y en avait plusieurs possibles, et comme si l'Église n'avait pas formulé un jugement très clair à ce sujet. Pour l'Église, on naît homme ou femme, et il n'y a pas d'«orientations particulières», comme s'il s'agissait d'un terme neutre. Pour l'Église, il y a une identité sexuelle, et puis il y a des personnes qui «éprouvent des tendances homosexuelles profondément enracinées, qui sont appelées à la chasteté», faute de quoi ils sont dans un «désordre objectif», même s'ils ne doivent pas être injustement discriminés.

L'Église juge donc avec une extrême clarté: il y a une attraction ordonnée et une attraction désordonnée. Si une chose est désordonnée, de par sa nature, elle ne respecte pas l'ordre des choses, les règles. Il n'est pas vrai que cela soit sans importance. Un désordre n'est pas un ordre.

Si l'Eglise ne met pas ce problème à l'ordre du jour - oui, c'est un problème, ce n'est pas une chose indifférente - si elle est effrayée par la mentalité du monde, si elle est conditionnée par les Père Martin (nombreux, très nombreux) qui utilisent de manière ambiguë le thème des ponts et de l'accueil, si elle ne révèle pas la face obscure de l'arc en ciel, si l'on ne crie pas sur les toits que ceux qui nous parlent d'une sexualité gaie, joyeuse, naturelle, omettent de parler de leur souffrance profonde, non seulement elle ne résoudra pas le problème des abus, mais elle cessera d'être mère pour ces personnes qui ont besoin de vérité dans l'accueil. Ils ont désespérément besoin de la vérité. Jusqu'à il y a quelques années encore, l'Église demeurait le seul espoir pour les homosexuels. Maintenant qu'elle se plie, de manière si peu virile, avec si peu de courage, aux impératifs de la mentalité commune de peur d'être impopulaire, elle a ôté sa maternité aux personnes qui se sentent attirées par le même sexe, cessant d'appeler les choses par leur vrai nom.

Soyez virils, évêques et cardinaux, n'écoutez pas ce que les journaux diront contre vous, dites la vérité, n'ayez pas peur: vous croyez que vous vous attirez le consensus, alors qu'au contraire, les lobbies gay veulent juste que vous disiez que l'homosexualité est une variante normale de la sexualité humaine, ils ne s'intéressent pas au Christ, à la vérité, à vous. Ne vous laissez pas utiliser et ne leur permettez pas d'utiliser l'Église, que vous servez et qui ne vous appartient pas. Surtout, n'enlevez pas à ceux qui souffrent le seul chemin vers le bonheur: nous sommes heureux non pas quand quelqu'un nous dit que nous allons bien comme nous sommes, quand nous cédons à l'homme charnel et obéissons à notre moi, nous sommes heureux quand nous obéissons à l'Esprit qui vit en nous, et qui nous annonce la vérité. Si cela doit vous coûter une perte de consensus, en supposant que vous en ayez encore, c'est mieux ainsi (il me semble que l'Evangile est de cet avis).

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