Synode: les réserves de Mgr Chaput

Il partage ses impressions à l'issue des 3 semaines de débat. Globalement, il n'est pas (trop) critique, mais il faut peut-être lire entre les lignes (30/10/2018)

>>> Dossier Synode sur les jeunes

 

Synode. Quelques pensées de conclusion


Charles J. Chaput
www.firstthings.com
29 octobre 2018
Ma traduction

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Les synodes sont des événements importants dans la vie de l'Église, mais près de quatre semaines de discussions sur toutes sortes de sujet peuvent devenir fatigantes. C'est bon d'être à la maison, et je suis reconnaissant à tous ceux qui ont offert leurs prières et leur soutien pour le succès de la rencontre. Comme par le passé, le vote des évêques sur le document final a eu lieu paragraphe par paragraphe, et comme la plupart des délégués, j'ai voté "oui" sur la plupart des paragraphes.

Le synode a eu ses problèmes: notamment une ambiguïté des règles et du processus, et un manque de traductions nécessaires. Mais le document final, bien que non dénué de défauts, est une amélioration par rapport au texte original de l'instrumentum laboris. Les délégués ont également élu quelques hommes de bien au conseil permanent du synode. Cela a des implications prometteuses pour l'avenir.

Avant de passer à des questions plus urgentes en tant qu'Église locale, cependant, je voudrais mentionner quelques points, par simple honnêteté. Le 27 octobre, dans une interview avec Frank Rocca du Wall Street Journal, j'ai dit ce qui suit, et je veux le répéter ici.

Sur la question de l'abus sexuel des mineurs:
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Il y a eu de bonnes discussions [par les pères synodaux] sur la question, mais pas assez, et le document final du synode est franchement inadéquat et décevant sur la question des abus. Les dirigeants d'Églises en dehors des États-Unis, et de quelques autres pays concernés par le problème ne comprennent clairement pas sa portée et sa gravité. Il y a très peu d'excuses sincères dans le texte. Le cléricalisme, par exemple, fait partie du problème des abus, mais ce n'est absolument pas la question centrale pour beaucoup de laïcs, surtout les parents.

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En ce qui concerne l'enseignement de l'Église sur la sexualité:
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La clé de tous les débats sur la sexualité est anthropologique. L'un des problèmes subtils et inquiétants du texte du synode à différentes étapes [était] ses références à la nécessité d'"approfondir" ou de "développer" notre compréhension des questions anthropologiques. Évidemment, nous pouvons, et devrions toujours, apporter plus de prière et de réflexion aux questions humaines compliquées. Mais l'Église a déjà une anthropologie chrétienne claire, riche et articulée. Il n'est pas utile de créer un doute ou une ambiguïté sur des questions d'identité humaine, but et sexualité, à moins de préparer le terrain pour changer ce que l'Église croit et enseigne sur ces trois sujets, à commencer par la sexualité.

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En évaluant l'expérience du Synode de 2018 dans son ensemble:
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Beaucoup d'évêques ont été frustrés par le manque de traductions préalables pour les questions importantes sur lesquelles ils devaient se prononcer. Comme l'un des pères synodaux l'a fait valoir, il est en fait immoral de voter "oui" sur des questions importantes si vous ne pouvez même pas lire et réfléchir à ce que dit le texte.
Beaucoup de délégués ont également été surpris et mécontents de l'introduction de la synodalité comme thème dans un rassemblement ayant pour thème les jeunes. Ce n'est pas naturel. La synodalité a des implications sérieuses. Elle mérite une réflexion théologique sérieuse et une discussion sérieuse entre les évêques. Cela ne s'est pas produit, ce qui ne semble pas compatible avec une rencontre du Pape et des évêques dans un esprit de collégialité.

Dans les mois à venir, j'espère que tous les membres de la communauté catholique américaine prieront spécialement pour le Saint-Père, et aussi pour la mission de l'Église tandis qu'elle navigue vers le futur.

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