Un miracle pour Alfie

Depuis avant-hier, l'assistance respiratoire a été débranchée. Et le petit respire tout seul! (25/4/2018)

Depuis avant-hier lundi 23 avril à 22h17, le ventilateur qui était censé maintenir Alfie en vie a été débranché sur ordre du juge. Les médecins de l'Alder Hey Hospital avaient annoncé qu'ils ne pourrait pas survivre plus de quelques minutes après l'interruption de l'assistance respiratoire. Et pourtant, l'enfant est encore en vie, et respire de façon autonome, contredisant la sentence de ces modernes épigones des médecins ignorants de Molière. On pense malheureusement (même s'il n'est pas question de nier que la médecine a fait d'énormes progrès depuis!) à la réplique de son frère Béralde à Argan (dans "Le Malade imaginaire"): "Si vous n'y prenez garde, [votre médecin] prendra tant de soin de vous, qu'il vous enverra en l'autre monde".

Certains esprits chagrins objecteront que l'histoire d'Alfie est insignifiante si on la rapporte aux innombrables enfants dans le monde qui souffrent, et même qui meurent chaque jour de maladie, de malnutrition, de mauvais traitements, ou à cause des guerres. Certes, mais Alfie, c'est nous tous, et son combat, c'est la lutte du bien contre le mal, du respect de la sacralité de la vie contre la "culture de mort". Et c'est ce qui le rend emblématique.

Voici, pour alimenter la réflexion de très beaux articles de la blogosphère catholique italienne: le premier issu du site <Riscossa Cristiana>, qui nous dit qu'en respirant par ses propres moyens, Alfie oblige à remettre en cause les certitudes des médecins sur la fin de vie, notamment la respiration assistée , et même à actualiser le magistère de l'Eglise sur la question; le second, de Benedetta Frigeria (la journaliste de La Bussola envoyée à Liverpool, celle qui s'est impliquée personnellement avec passion pour sauver Alfie) est particulièrement impressionnant car il date du vendredi 20 avril - soit 3 jours avant le moment où l'on a débranché la ventilation d'Alfie - et il semble que le miracle espéré par l'auteur se soit effectivement produit. Et le troisième, de Riccardo Cascioli, le directeur de la Bussola.

Alfie est plus fort que le pouvoir qui le veut mort.

Alessandro Corsini et Cristiano Lugli
www.riscossacristiana.it
24 avril 2018
Ma traduction

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Quelle splendide créature du Seigneur est Alfie! Heure après heure, souffle après souffle, il a démantelé toutes les faussetés de la nécroculture dominante qui le définissait comme un "légume" ou en phase terminale. Les deux images d'Alfie et de sa mère montrent, d'après la position des mains, que ses lésions cérébrales ne sont pas aussi graves que celles décrites par l'Alder Hey: Alfie contrôle ses membres supérieurs, ce qu'un légume ne ferait certainement pas, et pas non plus un enfant dans un état comateux grave.

Il embrasse sa mère, ce qui est la meilleure thérapie, reconnue même dans les services de réanimation les plus avancés au monde; catégorie dont, à l'évidence, l'hôpital de Liverpool ne fait pas partie. D'après les photos, on ne voit rien d'autre qu'un enfant normal, plein d'amour, de force et de persévérance contre la machine de mort qui n'abandonne pas son emprise mais qui perd, parce qu'elle est faite d'un feu incapable de brûler Alfie: comme Ananias, Azarias et Misaël, qui chantaient, tout en marchant, un hymne de louange à Dieu parmi les flammes dans lesquelles Nabuchodonosor II les avait jetés (cf. DEUTÉRONOME, 3 et fr.wikipedia.org).

Le petit Alfie a déjà gagné sur un front bioéthique fondamental. Pas même Evangelium Vitæ - qui est le document magistériel le plus récent et le plus à jour dans le domaine de la bioéthique - n'a été actualisé en fonction de la réalité qu'Alfie nous a montrée: le thème de la ventilation a toujours été difficile et les contours ne sont pas bien définis. Alfie, qui respire sans aucun soutien depuis de nombreuses heures, a montré une fois pour toutes que la ventilation aide et ne remplace pas. Elle devient donc un soutien ordinaire et non extraordinaire: il n'y a plus d'excuses pour parler d'"acharnement thérapeutique" là où justement on ne s'acharne sur personne. Ils ne pourront plus faire comme avant. La ventilation était leur unique argument, et Alfie, enfant malade mais bien vivant, l'a détruit.

Il est essentiel de souligner que les médecins de ce matin ne l'ont pas hydraté par magnanimité, mais parce qu'en le voyant lutter victorieusement dans sa respiration autonome, ils ont craint qu'il ne meure déshydraté, rendant évidente la cruauté de leur soi-disant "euthanasie", qui se manifesterait dans sa nature authentique de meurtre prémédité.

Entre-temps, il se bat toujours et, quoi qu'il arrive, il a déjà gagné contre tout et contre tout le monde.

C'est le miracle que nous demandons pour Alfie.

Benedetta Frigeria
lanuovabq.it
20 avril 2018
Ma traduction

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Alors que tous les chemins humains pouvant être parcourus sont sur le point d'être épuisés, il ne reste plus qu'à demander à Dieu d'intervenir directement. Demandons qu'Alfie commence à respirer en nous rappelant ce que Jésus a promis : «Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit? Les fait-il attendre? Je vous le déclare: bien vite, il leur fera justice.» (Luc, 18)
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S'il est clair que c'est Dieu qui conduit toujours l'histoire à travers ceux qui Le servent, quand tous les instruments humains sont épuisés, il devient plus évident que le seul qui peut sauver le monde est Lui.

Ces derniers mois, beaucoup ont essayé, et essaient encore, de parcourir toutes les voies possibles pour sauver Alfie Evans, depuis son père Thomas, à la fillette de Liverpool - qui a passé des heures avec sa mère à l'extérieur de l'hôpital Alder Hey pour demander la libération du petit - jusqu'au Pape.

Mais il semble qu'il n'y ait pas moyen, l'orgueil de la justice et de la santé anglaises semble ne pas vouloir céder, au point de presque intimider la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH): «C'est la loi de notre pays. Aucun recours devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg ne peut ou ne devrait la modifier».

Le recours présenté aujourd'hui à la CEDH représente en effet le fragile dernier espoir humain, en même temps qu'un accord entre médecins, comme le propose le Bambino Gesù dans une lettre remise aujourd'hui à l'Hôpital Alder Hey. Après quoi il ne reste plus que le miracle qu'Alfie, après le retrait des soutiens vitaux, continue à respirer de façon autonome.

Ce serait la plus grande victoire, la démonstration de la seule gloire de Dieu et de sa toute-puissance sur toute présomption humaine.
Cela prouverait qu'aucun effort humain, sans l'effort divin, ne peut réussir. Ce serait une leçon pour tout le monde, médecins, juges. Mais aussi pour tous ceux qui ont essayé d'aider Alfie, afin qu'ils répètent les paroles de Jésus: «...vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites: “Nous sommes de simples serviteurs (/des serviteurs inutiles) : nous n’avons fait que notre devoir.”» (Luc, 17).

Demandons ce miracle à la Vierge, à saint Joseph et au cardinal Carlo Caffarra, qui avant de mourir nous a exprimé son chagrin à la mort de Charlie Gard, l'enfant anglais tué cet été avant Alfie et Isaiah Haastrup. Et nous a dit qu'avec notre travail nous avions la tâche prophétique de dire que la vie n'était à personne, «ni aux parents, ni à l'État, ni aux médecins, ni même de l'homme à qui elle a été donnée, mais seulement de Dieu».

Demandons, après avoir vu l'effort, la ténacité, l'insistance, la foi des parents d'Alfie de pouvoir répéter avec joie et de pouvoir nous interroger avec Jésus: «Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit? Les fait-il attendre? Je vous le déclare: bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?».

Depuis lors, le juge anglais chargé de statuer sur le sort d'Alfie a rendu son verdict... définitif (peut-être jusqu'au prochain coup de théâtre, avec l'aide de Dieu): Alfie n'ira pas en Italie. Ce qui inspire à Riccardo Cascioli cette réflexion en forme de jugement sans appel:

Des assassins, il n'y a pas d'autres mots!

Riccardo Cascioli
lanuovabq.it
25 avril 2018
Ma traduction

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Assassins. Ce ne sont que des assassins. Il n'y a pas d'autre façon de les définir. Médecins, juges, politiciens et même ecclésiastiques. Tous des assassins. Quiconque a vu ce qui s'est passé hier, avec Alfie continuant à respirer malgré le débranchement du ventilateur, et même avant, avec ses yeux en mouvement, et réagissant aux stimuli qui lui arrivaient d'autour, ne peut échapper à cette évidence: on veut tuer un enfant clairement vivant. Gravement handicapé, bien sûr. Presque certainement sans espoir de guérison ou d'amélioration significative, bien sûr. Mais vivant. Une personne dont la vie est sacrée. Et ils veulent le tuer. Les hommes se sont emparés de ce qui est à Dieu. Un enfant qui n'a besoin que de sentir l'amour autour de lui, l'amour que ses parents n'ont jamais cessé de lui donner. Un amour qu'il a lui-même contribué à générer par sa présence.

Avec Alfie, ils veulent enlever un morceau d'amour de ce monde. Avec Alfie, ils veulent aussi tuer l'espoir, cet espoir que même beaucoup d'hommes d'Eglise - à commencer par l'Angleterre - semblent ne plus avoir depuis un certain temps.

Mais l'amour qu'Alfie, aidé par ses indomptables parents Tom et Kate, a su faire renaître dans le cœur de millions de personnes ne sera pas perdu. Bien que les ténèbres cherchent à prendre le dessus, la Lumière est là, plus resplendissante que jamais. Pour ceux qui veulent la voir et la suivre.

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