Une interviewe du cardinal Müller

Le 17 mai était la journée internationale de lutte contre l'Homophobie... L'ex-préfet de la CDF met en garde contre le vocabulaire de la propagande homosexualiste (19/5/2018)

 
On peut avoir des problèmes pour différentes causes, mais la réalité est que l'on est seulement ou homme ou femme. Il y a deux sexes, c'est la réalité. Le reste, ce sont des interprétations.

Cardinal Müller

Constanza Miriano tient un blog très lu en Italie (costanzamiriano.com). Elle se présente elle-même comme catholique fervente, mère de famille, journaliste (elle travaille à la RAI, mais collabore aussi à différentes revues catholiques, Il Foglio, Il Timone - dirigé par Riccardo Cascioli -...), écrivain, et elle participe activement à des initiatives en faveur de la vie.
Ici, elle interviewe le cardinal Müller. L'occasion est un livre-témoignage, qui paraît ces jours-ci en Italie, préfacé par le cardinal Sarah, et dont l'auteur, Daniel C. Mattson est un homosexuel qui refuse de se définir comme "gay" et qui, à travers son histoire, dénonce la propagande homosexualiste. Le livre est présenté dans différentes villes italiennes, et le cardinal Müller doit prochainement le présenter à Milan.
Le billet qui suit a été posté avant-hier, journée internationale de lutte contre l'homophobie, que nos voisins italiens nomment élégamment par son acronyme anglo-saxon (IDAHTB: International Day Against Homophobia, Transphobia & Biphobia) - mais c'est bien la même journée dont nos propres médias nous ont servilement tympanisés le 17 dès potron-minet ...

 

"L'homophobie est un instrument de la domination totalitaire sur l'esprit d'autrui".
Une interview exclusive du cardinal Müller


costanzamiriano.com
17 mai 2018
Ma traduction

* * *

Si vous n'avez pas encore ouvert les journaux peut-être n'êtes-vous pas au courant, mais bientôt, on vous le dira à toutes les sauces, c'est aujourd'hui l'IDAHTB, acronyme des mots anglais pour dire que c'est la Journée internationale contre l'homophobie, et toutes ces myriades d'acronymes pour indiquer la même chose. Le blabladay. Eh oui, parce que l'homophobie n'existe pas, il n'y a aucune phobie, aucune pathologie. Il y a en revanche des positions culturelles qui peuvent légitimement ne pas être partagées, mais qui ont un large fondement scientifique, une longue histoire, et des motivations sérieuses, de ceux qui croient que l'attirance pour le même sexe n'est pas une variante de la sexualité humaine. Mais comme personne ne peut imposer à une autre personne ce qu'elle doit penser, le sujet devrait être clos, sans avoir besoin de journées mondiales.

Mais l'IDAHTB sert aussi à quelque chose: c'est une excellente occasion pour parler d'un livre qui sort dans une semaine, un grand livre de Daniel C. Mattson intitulé "Perché non mi definisco gay, Come mi sono riappropriato della mia realtà sessuale e ho trovato la pace" (Pourquoi je ne me définis pas gay, Comment je me suis réapproprié ma réalité sexuelle et ai trouvé la paix), publié en Italie avec la préface du Cardinal Robert Sarah et présenté à Rome et Milan à différentes dates...

C'est avant tout l'histoire passionnante et intime d'un homme qui a le courage de se mettre vraiment à nu, sans épargner les détails, et de cela, nous lui sommes très reconnaissants. C'est un grand service pour ceux qui vivent des histoires semblables à la sienne, et je devine ce que son sacrifice lui a coûté. C'est l'histoire d'un enfant qui se sent inférieur aux autres, mal à l'aise, mais qui n'est pas effleuré par l'idée d'être homosexuel ou d'avoir des relations avec des hommes:

"La principale raison pour laquelle je refuse de me qualifier dde gay est simple: je pense que ce n'est pas objectivement vrai. Se focaliser sur les sentiments éloigne les gens de leur réalité en tant que fils de Dieu, nés garçons et filles. Nous devons apprendre à distinguer notre identité de notre attirance sexuelle, de notre comportement. Ce n'est pas ce que nous "ressentons" qui doit réguler notre vie, sinon nous passerions au feu rouge juste parce que, précisément, nous le "sentons". Il existe une vérité objective qui nous protège, faite pour notre bien".

Voir comment cette histoire évolue est aussi intriguant qu'un roman, et sans gâcher le plaisir de la lecture, je peux dire que le contexte culturel et les fortes pressions ont eu une grande influence sur l'histoire de Daniel, et comment les blessures de son histoire personnelle l'ont amené à choisir une conduite pour "réparer". C'est précisément pour cette raison que s'ensuit une section du livre consacrée à l'analyse très fine, très informée et intelligente des outils de la propagande homosexualiste, qui se joue principalement sur le choix des mots - gay et homophobie sont parmi ceux-ci. Enfin, il y a la proposition de la foi, à travers laquelle nous pouvons avoir l'intuition de la façon dont, dans chaque chemin, même ceux qui semblent vraiment lourds à parcourir, il y a la possibilité d'une intimité privilégiée avec Dieu.

Le grand chantage émotionnel des personnes qui éprouvent des problèmes avec leur sexualité est: "si vous ne m'acceptez pas comme je suis, vous ne m'aimez pas. Donc vous êtes homophobe". Le fait que nous devons tous être acceptés tels que nous sommes, cependant, est l'un des grands mensonges d'aujourd'hui, de ce grand marais dans lequel il semble que l'inconscient doit nécessairement et toujours avoir libre cours. Pendant des millénaires, l'homme a eu en quelque sorte la conscience de devoir faire un grand travail sur lui-même, de devoir s'améliorer: avant l'année zéro, cela se traduisait par l'impératif de l'héroïsme, de l'honneur, du dépassement des colonnes d'Hercule. Après l'année zéro, grâce à la rédemption et à la vérité que le Christ est venu apporter à l'homme, tout cela s'est traduit par "renie toi-même" si tu veux vraiment la "joie pleine". Aimer, ce n'est donc jamais dire "garde tes problèmes" en te tapotant l'épaule. Cela, ce n'est pas de l'amour. Aimer, c'est accompagner, mais sur le chemin de la vérité de chacun, non dans le néant. Aimer une personne qui a de l'attirance pour le même sexe ne signifie pas endosser ses convictions, mais lui être proche dans l'amitié et lui annoncer la vérité - si elle nous le demande.

Nous avons demandé au Cardinal Gerhard Ludwig Müller, Préfet émérite pour la Congrégation de la Doctrine de la Foi, la plus haute autorité dans la doctrine de l'Église, quelques mots clairs. Le Cardinal présentera le livre de Mattson à Rome le 25, et nous a reçus chez lui, entre deux voyages.

* * *

Votre Éminence, partons de l'actualité: demain est la journée mondiale contre l'homophobie. Nous savons que le mot a été inventé en Amérique en 1971, mais nous savons aussi que les personnes qui éprouvent une attraction pour le même sexe vivent parfois vraiment dans la souffrance. Nous, chrétiens, appelés à aimer tout le monde, comment devrions-nous nous comporter sur cette question ?

- L'homophobie n'existe tout simplement pas, c'est clairement une invention, un instrument de domination totalitaire sur l'esprit des autres. Le mouvement homosexuel manque d'arguments scientifiques, c'est pourquoi ils ont construit une idéologie qui veut dominer, en essayant de construire une réalité qui leur est propre. C'est le schéma marxiste, selon lequel ce n'est pas la réalité qui construit la pensée, mais la pensée qui construit la réalité. Par conséquent, ceux qui n'acceptent pas cette réalité doivent être considérés comme malades. Comme si, entre autres choses, la maladie pouvait être traitée par la police ou par les tribunaux. D'autre part, en Union soviétique, les chrétiens étaient enfermés dans des asiles: ce sont les moyens des régimes totalitaires comme le national-socialisme et le communisme. Aujourd'hui, en Corée du Nord, le même sort est réservé à ceux qui n'acceptent pas la pensée dominante.

Il y a des évêques qui ont soutenu des veillées [de prières] ou d'autres initiatives "catholiques" contre l'homophobie. Je connais personnellement certains d'entre eux et je peux donc comprendre beaucoup d'adhérents à la doctrine. Pourquoi pensez-vous qu'ils acceptent de jouer à ce jeu, puisque accepter le mot homophobie signifie déjà accepter une certaine vision idéologique?

- Certains évêques aujourd'hui n'ont pas le courage de dire la vérité et se laissent intimider: ils ne comprennent pas que l'homophobie est une tromperie qui sert à menacer les gens. Mais nous, chrétiens, nous ne devons pas avoir peur des menaces: dans les premiers siècles, les disciples du Christ ont été jetés en prison ou déchiquetés par les bêtes. Aujourd'hui, les gens sont déchiquetés par le psychoterrorisme, profitant de l'ignorance. Mais d'un évêque, d'un prêtre, on peut attendre qu'il soit capable de ne pas aller derrière ces idéologies. Nous sommes ceux qui cherchent, avec la grâce de Dieu, à aimer tous les hommes, y compris ceux qui se sentent attirés par le même sexe, mais il doit être clair que l'amour n'obéit pas à la propagande "gender".

Le livre de Mattson consacre un grand chapitre précisément à démonter les mots de la propagande, à commencer par le titre: "Perché non mi definisco gay"?). Serez-vous présents à la présentation du livre à Rome, avec l'auteur. Qu'en pensez-vous ?

- Mattson est un homme qui fonde ses paroles sur sa propre expérience, et cela vaut plus que toute idéologie. Son histoire montre même que ces idéologies sont fortes et exercent une oppression contre tous ceux qui ont des problèmes avec leur sexualité. On peut avoir des problèmes pour différentes causes, mais la réalité est que l'on est seulement ou homme ou femme. Il y a deux sexes, c'est la réalité. Le reste, ce sont des interprétations. Le pape François est très fréquemment cité pour son interview donnée dans l'avion, ce fameux "qui suis-je pour juger.... ?". Mais le Pape a dit la même chose que dans le Catéchisme: chaque personne mérite le respect parce qu'elle est à l'image de Dieu, et nous ne pouvons pas utiliser les personnes à quelque fin que ce soit. Mais en même temps, François a parlé du lobby gay. C'est vrai, malheureusement. Nous avons eu à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi un collaborateur, on peut le dire publiquement puisque lui a fait un "coming out" fracassant, disant "je suis gay", mais il n'a jamais demandé d'aide ou d'accompagnement. Mattson, au contraire, affirme "je ne veux pas me définir comme gay", parce qu'il sait par-dessus tout que gay est une expression fausse qui exprime du mépris, et ensuite parce que, malgré ce problème d'attraction vers le même sexe, ce n'est pas l'attraction qui définit une personne. Une personne est toujours beaucoup plus que cela. Nous sommes des créatures qui, grâce à la rédemption, ont une vocation à la vie éternelle. Et ceux qui vivent cette attirance doivent vivre dans la chasteté, chose à laquelle sont appelés tous les chrétiens qui ne vivent pas dans un mariage valide et vrai.

-Pourquoi cette question figure-t-elle en tête de l'agenda politique occidental? Il semble que c'est la priorité de tous les gouvernements?

- Nos politiciens en Europe doivent s'occuper de toutes les personnes sans emploi, de la dénatalité, des familles, de tellement de problèmes graves, et au lieu de cela, ils se préoccupent de transformer nos démocraties en systèmes totalitaires. Les idéologies en elles-mêmes sont violentes. Comment un Parlement peut-il établir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas ? Comment pouvez-vous dire que deux plus deux font cinq?

L'un des nombreux passages intéressants du livre établit un lien entre la diffusion massive de la contraception et l'affirmation de l'idéologie du gender. Je profite de l'occasion pour vous poser une question sur un sujet qui me tient à cœur. Vous savez mieux que moi qu'il y a dans l'Église des forces contre Humanae Vitae (HV), qui en demandent une révision. Qu'en pensez-vous? Comment explique-t-il ce phénomène?

- J'explique cela par la mondanisation de l'Église: pour certains pasteurs, l'Église n'est que matérielle, pour faire de la politique, pour plaire. Pour eux, le respect des masses vaut plus que le respect de la Parole de Dieu. Ils sont contre la création. Je compare ceux qui veulent revoir HV pour plaire aux masses avec ceux qui ont fait des compromis pendant les régimes totalitaires. Au contraire, les témoins ont la responsabilité de la vérité révélée. Humanae Vitae était prophétique, tous les dangers qu'elle prévoyait se sont réalisés et sont entrés dans la vie moderne: le nihilisme, le matérialisme. Le sens supérieur de l'existence humaine est absent et, par conséquent, derrière les façades, il y a le vide. Mais le vrai plaisir est chaque mot qui vient de la bouche de Dieu, et si nous cessons d'annoncer où est le vrai plaisir, où est la vraie joie, nous serons responsables du malheur de nombreuses personnes. Si les bergers ne veillent pas, ce sont les loups qui gagnent. Avec les loups, on ne peut faire aucun compromis, même pour sauver quelques moutons. Avec l'illusion de ne perdre personne, on perdz tout le troupeau. Ce n'est pas la logique de Jésus. Lui, pour ne perdre aucun mouton, il s'est sacrifié lui-même, pas les brebis.

Les pasteurs qui ouvrent à la contraception le font généralement en réitérant qu'il s'agit certes d'un mal, mais que dans les cas extrêmes....

- Ce n'est qu'une technique pour ouvrir la route: on fait un raisonnement uniquement émotionnel, basé sur des situations extrêmes. Même dans des situations extrêmes, un bon pasteur trouve une solution unique et particulière pour préserver l'unité intrinsèque entre procréation et sexualité. En revanche, l'astuce des théologiens et des évêques qui attaquent la doctrine est d'"émotionaliser"... Par exemple, ils commencent à dire qu'il y a un père de quatre enfants, qui a perdu son emploi, et sa femme est malade.... et ensuite, on débat sur la vague de l'émotion et du cas individuel. Mais ce n'est pas une façon sérieuse de traiter les problèmes.

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.