Lettre de Benoît XVI, réactions (I)

La mesquinerie et la rage des "progressistes" . Et le beau commentaire de Riccardo Cascioli sur la lettre de Benoît XVI (12/4/2019)

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¤ Benoît XVI, l'Eglise et les abus sexuels (I)
¤ Benoît XVI, l'Eglise et les abus sexuels (II)

 

Comme le dit à juste titre le directeur de la Bussola dans son bref et beau commentaire, les ennemis de Benoît XVI «écument de rage» derrière leur clavier, sur les réseaux sociaux et les blogs, et même dans la presse dite catholique. Nous aurons certainement l'occasion d'y revenir.
Dans ce concours d'hostilité sans surprise (celle-là même dont Benoît XVI a été la cible durant tout son ponfificat, à cela près que la critique vient moins du monde laïc que de l'intérieur de l'Eglise, essentiellement la frange progrssiste, mais aussi les tradis irréductibles et aigris), la palme (ou plutôt le bonnet d'âne) de l'abjection revient au plumitif... euh, à l'envoyé de La Croix (si mal nommée!) à Rome, qui ose écrire, faute de meilleurs arguments, et toute honte bue:

Ce texte, dérangeant à bien des égards, Benoît XVI en a prévenu le pape François, affirme-t-il. Au Vatican, où l’on confirme que le pape actuel a bien été mis «au courant» de la publication, – ce qui ne signifie pas qu’il l’a approuvée –, on rappelle aussi qu’il s’agit là de «réflexions qui n’ont aucune valeur magistérielle».
Certains vont toutefois jusqu’à mettre en doute la paternité d’un texte dans lequel ils ne reconnaissent pas la plume habituelle de l’ancien pape qui, à 92 ans la semaine prochaine, leur apparaît plus que jamais sous la coupe de son entourage.

Ce sont des réactions très proches de celles qui avaient suivi le fameux "Rapport Ratzinger" de 1984 (en français: "Entretiens sur la foi") où le cardinal Ratzinger s'entretenait avec Vittorio Messori des suites néfastes de Vatican II. Ce n'est pas surprenant car au fond, ce dernier texte peut apparaître comme une nouvelle mouture du "Rapport Ratzinger", plus condensée, certes, mais tout aussi percutante.

Mais, dit la sagesse populaire arabe, «les chiens abboient, la caravane passe»: indifférent au tumulte et aux cris d'orfraie de ces nains aigris, Benoît XVI, comme le préfet de la CDF d'alors, regarde bien plus loin...
Et ne soyons pas trop négatifs: les hommages sont nombreux et appuyés, bien résumés par ce post d'Antonio Socci, sur sa page Facebook:



Vicaire du Christ
La parole puissante et sage du pape éclaire l'église et le monde sur la situation tragique du présent.

La route est balisée, on peut marcher en toute sécurité


Riccardo Cascioli
12/4/2019
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Ce que Benoît XVI propose n'est pas une alternative au Pape François, au sens mondain du terme; il ne joue pas à être l'antagoniste du pape régnant, il tomberait dans une vision purement horizontale, typique de ses détracteurs. Lui, au contraire, regarde plus loin, au-delà de François, il montre la route vers la renaissance de la foi.


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Le thème est la pédophilie dans l'Église, mais seul un aveugle ne se rendrait pas compte que l'enjeu est bien plus élevé et concerne les fondements même de l'Église. Les "notes" du Pape émérite Benoît XVI sont la voix de la tradition bimillénaire de l'Église du Christ qui émerge à nouveau d'une épaisse couverture de mots d'ordre dictés par ceux qui aspirent à une "Église nouvelle" ; elles sont le témoignage d'une continuité de vie qui brise la croûte qui l'a asphyxiée.

Par sa réponse indirecte aux Dubia; par la re-proposition d'une théologie morale pleinement catholique, synthétisée dans l'encyclique de Saint Jean Paul II Veritatis Splendor; par la restitution de sa dignité à l'Eucharistie; par la valorisation de petites communautés qui vivent selon ce que l'on appelle l'option bénédictine, le pape émérite offre une référence et un encouragement à ceux qui, en ces années, sont restés fidèles à une expérience de foi irréductible à la logique mondiale.

Dans ses paroles, on peut percevoir combien il est en phase avec le vécu des cardinaux qui, durant ces années, sont apparus isolés, ciblés par les nouveaux "gardiens de la révolution": les quatre des Dubia (dont seulement deux sont encore vivants, Raymond Burke et Walter Brandmuller); l'ex-Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi Gerhard Muller, qui a publié il y a deux mois le "Manifeste de la Foi"; Robert Sarah, qui justement ces jours-ci, a publié un livre et accordé en France des interviews qui apparaissent en parfaite harmonie avec les paroles du Benoît XVI. Et ceci pour ne citer que les plus en vue. Mais il y a beaucoup d'évêques, de prêtres et de laïcs qui ont certainement trouvé et trouveront du réconfort dans ces pensées du pape émérite, qui se sentiront confirmés dans la foi dans un moment de grande confusion.

Le jugement est clair: il y a une crise profonde, mais on n'en sort qu'en retournant vers ce Dieu qu'on a voulu éloigner, avec une décision qui est à la racine des péchés graves qui infestent aussi l'Église. Au contraire, «l'idée d'une Église meilleure créée par nous-mêmes - écrit Ratzinger - est en vérité une proposition du diable avec lequel il veut nous éloigner du Dieu vivant, selon une fausse logique dans laquelle nous tombons trop facilement».

Ce que Benoît XVI propose n'est pas une alternative, au sens mondain du terme, au Pape François - que par ailleurs, à la fin, il remercie «pour tout ce qu'il fait» - ; il ne joue pas à être l'antagoniste du pape régnant, il tomberait dans une vision purement horizontale, typique de ses détracteurs, qui en effet depuis hier matin écument de rage dans les réseaux sociaux et les sites web. Le regard de Ratzinger va plus loin, comme le note Massimo Franco dans son commentaire sur le Corriere della Sera: «On a l'impression est que, de l'ermitage du Vatican où il vit depuis sa démission en 2013, Benoît XVI regarde déjà au-delà de cette phase; et du pontificat de François lui-même». Il y a l'Église du Christ à construire et il indique la route, qui est la même depuis deux mille ans et que pourtant l'on perd si facilement. Peut-être parce qu'elle implique des choix radicaux, sans compromis, où le témoignage est le martyre.

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