Mgr Georg vient d'avoir 95 ans

Le frère du Pape Emérite a accordé pour l'occasion une interviewe au portail germanophone <Kath.net>. Un concentré de sagesse, rafraîchissant dans le sombre contexte ecclésial que nous connaissons. Et une occasion d'avoir indirectement des nouvelles de Benoît XVI (19/1/2019)

Photo actuelle, <kath.net>

L'interview a été traduite en anglais par mon amie Teresa, et c'est cette traduction que je traduis à mon tour en français.

Georg Ratzinger a 95 ans: Une simple journée de réflexion


Interview par Harald Beitler, Claudia Bresky et Jakob Schötz
16 janvier 2019
D'après kath.net
Ma traduction
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Le 15 janvier 2019, Mgr Georg Ratzinger, pronotaire apostolique, ex-Domkapelllmeister du chœur d'enfants de Ratisbonne et frère du Pape émérite Benoît XVI, a célébré son 95e anniversaire.
Mgr Rudolf Voderholzer, l'évêque de Ratisbonne, célébrera les Vêpres pontificales en l'honneur de Mgr Ratzinger le dimanche 20 janvier à la cathédrale Saint-Pierre (le "Dôme").

Nous avons discuté avec le jubilaire, qui est revenu sur sa carrière musicale et nous a dit ce qui était important pour lui aujourd'hui.


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Alors, comment allez-vous célébrer le grand jour?

En fait, je voulais passer la journée seul. D'habitude, je ne pense pas à ces choses. Mais il y aura une Messe dans ma maison, avec Mgr Rudolf Voderhlzer concélébrant, ce qui me rend particulièrement heureux. Je ne sais pas ce qui se passera d'autre ce jour-là - j'espère le moins possible.

Quel est votre souhait personnel pour cette journée?

Je souhaite autant de repos et de calme que possible. Juste une journée pour penser, pour réfléchir. Je ne m'intéresse pas aux questions matérielles. J'ai de quoi manger, de quoi boire, des vêtements. J'ai besoin qu'on me fasse la lecture, et Dieu merci, j'ai des gens qui viennent régulièrement pour le faire. Sinon, je n'ai pas d'autres souhaits.

Pouvez-vous revenir sur la vie que vous avez vécue et sur votre carrière musicale?

Toute la vie est une unité, chaque élément a sa place. Bien sûr, j'ai passé la plus longue période de ma carrière chez les Domspatzen. Je dois avouer que ma mémoire commence à souffrir beaucoup, et je ne me souviens plus exactement des détails.
Nous avons donné beaucoup de beaux concerts. Surtout les concerts de Noël. Les grandes tournées avec le chœur d'enfants - tout cela est du passé, et j'ai évidemment confié la tâche et les privilèges aux collègues qui m'ont succédé. Bien sûr, les voyages que j'ai faits avec la chorale m'ont beaucoup enrichi - sans doute un peu fatigants, mais très enrichissants. Travailler avec des jeunes signifie que chaque jour apporte quelque chose de différent. Et chaque personne a ses propres particularités, ce qui peut aussi entraîner des problèmes.
Mon ordination et ma première messe ont été des événements spéciaux dont je me souviens toujours avec joie. Auparavant, il y a eu l'école, le service de travail, le service militaire, la captivité dans le sud de l'Italie au pied du Vésuve. Et en tant que prêtre, des études théologiques et divers lieux de travail. Chacune de ces étapes a ses bons côtés, même si, bien sûr, il y a eu aussi des difficultés, mais je ne voudrais en souligner aucune.
L'important pour moi, c'est d'avoir eu un bon foyer qui m'a indiqué la bonne direction. Cela m'a permis d'avoir un bon départ, un départ clair - la voie de la foi catholique. C'est la direction qui était indiquée.

Quel rôle la musique joue-t-elle dans votre vie aujourd'hui?

Quand je n'ai plus été capable de lire par moi-même, j'ai écouté beaucoup de musique. Malheureusement, je ne peux même plus utiliser un lecteur de CD, alors j'écoute surtout de la musique classique sur Bayern 4, la chaîne culturelle. Ce n'est pas entièrement satisfaisant, mais c'est quand même une excellente ressource - il y a beaucoup de choses que l'on peut y entendre. J'aime surtout la musique des maîtres de la Renaissance Palestrina et Lasso, et plus tard, les maîtres viennois Haydn, Mozart et Beethoven. J'aime particulièrement la musique de Franz Schubert et celle d'Anton Bruckner.

Vous avez rendu visite à votre frère à Rome à Noël dernier. Comment cela s'est-il passé?

Tout à fait comme d'habitude. Sœur Christine, qui est autrichienne, s'occupe de moi quand je suis là-bas, parce que par moi-même, je ne peux rien faire. Le jour de Noël, nous avons célébré la messe le matin, ensuite le petit déjeuner. La sœur m'a ensuite lu divers textes. Puis le déjeuner, et une sieste. Tous les jours, nous marchons à travers les Jardins du Vatican pour réciter le chapelet. Après le dîner, nous écoutons tous ensemble un bulletin de nouvelles allemand. Et là, la journée se termine.

Les gens quittent l'Église catholique. Quelles en sont les causes et comment y remédier?

Il est probablement difficile à ce stade de contrer cette tendance. L'homme est de plus en plus sous l'emprise des choses de la vie quotidienne, surtout maintenant qu'il y a beaucoup de choses que l'homme est capable de faire par ses propres moyens. Ainsi, le monde de l'au-delà est exclu - l'homme n'est plus concerné par l'au-delà.

Vous avez vécu la Seconde Guerre mondiale en tant que soldat. Aujourd'hui encore, il y a des guerres. Que conseilleriez-vous aux politiciens, et que peut faire l'Église au sujet des guerres ?

Les problèmes du monde sont si nombreux et si variés. Je ne veux pas donner de conseils aux politiciens. Pourtant, tant de choses se passent que l'on peut dire : "Il doit y avoir de meilleures solutions". Les politiciens doivent donc utiliser leurs propres ressources pour trouver des solutions décentes.
Quant à l'Église, sa première tâche est d'annoncer le message du Christ. La tâche de l'Eglise est de rendre son message plus clair et plus intensément entendu.

Le Domkapellmeister Roland Büchner [qui a succédé à Mgr Ratzinger en 1994] prend sa retraite en 2019. Que doit apporter le directeur des Regensburger Domspatzen à son office?

Tout d'abord, il doit être un catholique fidèle. Pour qui la foi est la base de sa vie, et qui doit aussi avoir une relation spéciale avec la liturgie.
Bien sûr, il lui faut de bonnes compétences éducatives et musicales. Il doit être capable de s'occuper d'enfants de différents groupes d'âge - entre 9 et 20 ans, à peu près. Il a besoin d'une éducation musicale qui doit inclure le jeu de l'orgue lui-même et la capacité d'interpréter des partitions qui ont été créées il y a des siècles.
Mon opinion personnelle, peut-être démodée, est qu'il vaut mieux qu'un homme dirige la chorale des garçons. Même si ce n'est pas nécessairement vrai pour les chorales de filles. Les chefs de chœur masculins se sont avérés excellents pour les chœurs de femmes.

Comment est votre vie quotidienne actuellement?

Dieu merci, j'ai une petite chapelle privée à la maison. Le matin, je dis la messe, à laquelle assiste Sœur Laurente, qui s'occupe de moi. Puis des amis viennent me lire à haute voix, à commencer par le journal. J'écoute la radio jusqu'au déjeuner, puis la sieste. Et puis, très important pour Sœur Laurente, nous allons nous promener, l'air frais est incroyablement sain, comme la sœur me le répète constamment. À 4 heures, un autre lecteur arrive. A 6 heures, dîner. Je prie pour les deux derniers offices (Vêpres et Complies) avec mon infirmière. Puis un homme ou une femme de Caritas vient me mettre au lit. Le soir, je passe un coup de fil à mon frère. Quand j'avais 6 ans, il n'avait que 3 ans - ce qui était une grande différence à l'époque.
Mais aujourd'hui que j'ai 95 ans et qu'il en a presque 92, il n'y a plus d'écart important. Pour l'instant, lui et moi sommes dans le même état de santé. Bien sûr, lui aussi éprouve quelques limitations physiques, mais dans l'ensemble il est en bonne santé, et surtout présent et vif mentalement.

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