Quand le Pape exprime tendresse et humanité


Dans la soirée du 20 juillet, des choeurs montagnards ont offert un concert au pape: c'est le soir où je suis moi-même arrivée à Lorenzago, j'ai vu les choristes se rassembler devant la mairie, mais j'ignorais ce qui allait se passer, faute d'avoir osé les interroger.

Ma traduction, texte original en italien dans L'amico del Popolo du 28 juillet


Le Saint-Père a apprécié le concert du choeur de la montagne cadorine, qui lui a été offert le 20 juillet

Dans une ambience familière et détendue, Benoît XVI a montré son affection pour la terre où il se repose en ce moment.
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Monter au chateau de Mirabello signifie parcourir une longue route étroite, aux virages très serrés qui se déroulent dans l'épaisseur de la forêt. Vendredi 20 juillet, à l'heure du couchant, le ciel s'obcurcit lentement en d'enchanteresses vapeurs rosée, mais le bois est déjà sombre, sévère, tandis que, plus loin, les montagnes cendrées retiennent encore la lumière jusqu'au bout.

La route est toute encombrée d'une foule: ce sont les forces de l'ordre, des trois postes de garde; ce sont les choristes qui montent à pied, bien visibles dans le bel uniforme qui les distingue.

Le chateau de Mirabello est une belle et imposante construction. Les sièges pour les invités sont répartis sur deux endroits séparés pour laisser libre l'espace entre les choeurs et la loge de laquelle le Pape assiste au concert.
Beaux sont ces choeurs, qui chantent l'admiration et l'amour pour nos montagnes, la nostalgie de notre terre, la vie des montagnards. Belles sont ces voix que, toutefois, l'air assourdit légèrement..

De temps en temps, on tourne spontanément le regard vers cette loge, de laquelle émerge le visage attentif du Pape. Et la pensée va vers lui, qui, durant ces jours, répète qu'il se sent en extase devant la beauté de la nature qui l'entoure, et admiratif devant les choeurs qui sont "un joyau" de la culture des montagnes, cette culture européenne qui ne doit pourtant pas submerger ces voix qui, en chantant, racontent notre histoire.

Et l'on en vient à penser à tant d'autres aspects de la présence du Pape parmi nous.
Il a rassemblé autour de lui une petite foule, dans un climat familier, dans une ambience absolument naturelle. Il n'a pas changé de vêtement: il porte l'habit blanc, le même qu'il endosse dans les palais du Vatican. Toutefois, il a toujours dans le coeur les grands problèmes de la guerre, de la violence, de la paix, de l'intégrité de la foi. Et tandis qu'il porte ces grands fardeaux dans son coeur, voilà qu'il peut s'arrêter pour prier dans de petites églises, aux abords du village, admirer des panoramas magnifiques, permettant à cette nature enchanteresse et simple d'apaiser les tensions.

Il est légèrement bronzé, rasséréné d'un sourire fin, timide, précieux. Ici, il peut laisser s'exprimer les trésors de tendresse et d'humanité souvent contraints de céder la place aux attitudes formelles imposées par le protocole.
Au terme du concert, beaucoup montent sur cette loge pour le saluer. Nous nous sentons plongés dans une dimension familiale, qui nous fait du bien, et nous paraît irréelle. Les sept choeurs l'attendent le long du chemin qui mène à la petite villa toute proche, et lui se laisse photographier avec chaque groupe. Ce sont des moments où nous partageons la sérénité et la simplicité, l'autorité et la familiarité.

La descente se déroule dans l'obscurité du bois. De providentiels hommes de la sécurité éclairent les courbes serrées mais aussi illuminent les cimes des sapins qui apparaisent comme de minces et solides colonnes, parées d'une certaine solennité.
Il nous vient spontanément à l'esprit les colonnes entre lesquelles, à Rome, vit le Pape: les célèbres colonnes du Bernin, Place Saint-Pierre, imposantes, solennelles. Pour vingt jours, elles leur ont confié la charge d'entourer le Pape Benoît à ces sapins qui, autour de Lorenzago, forment des colonnes vivantes, qui respirent, et offrent leur parfum.
Ici, le Pape ne marche pas sur des pavés de marbre sur lesquels résonnent les pas rythmés des chefs d'état et des gardes suisses; ici, le Pape Benoît marche sur un tapis moëlleux d'herbe fraîche. Il répète qu'il est en extase devant tant de beauté. Nous découvrons avec émotion que nous aussi, quand par exemple nous sommes devant les chef-d'oeuvre de la Chapelle Sixtine, nous nous disons en extase devant tant de beauté.

Ces jours extraordinaires nous font méditer profondément: la beauté issue des mains de l'homme, et la beauté issue des mains du Créateur, font vraiment partie de l'Unique Beauté qui est Dieu lui-même. C'est le grand don que la montagne offre au Pape Benoît.