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A la Basilique de l'Immaculée Conception, Washington, 16 avril - ma traduction (17/4)

Texte original en anglais sur le site http://whispersintheloggia.blogspot.com/


Mieux vaut lire directement le Saint-Père, plutôt que ce que la presse en rapporte.
Car sa pensée est si fluide, exprimée si simplement, qu'il n'est pas nécessaire de la commenter.

J'ai passé 3 heures, ce matin à le traduire, et je ne le regrette pas.
Il n'est pas question, loin de là, que des prêtres pédophiles (alors que c'est ce que suggèrent les médias), mais ce qu'il dit aux évêques est très clair: "Témoignez par votre vie".
Chacun de nous, d'ailleurs, est concerné, et pas seulement les évêques.
Surtout quand il a des mots très forts, comme ici (et ceux qui se sentent visés n'ont pas manqué de jouer les vierges effarouchées):

« Les enfants méritent de grandir avec une bonne compréhension de la sexualité et de sa place dans les relations humaines. Ils devraient être épargnés par les manifestations dégradantes, la manipulation grossière de la sexualité, si répandue aujourd'hui. Ils ont le droit d'être éduqués dans les valeurs morales authentiques, enracinées dans la dignité de la personne humaine. Cela nous ramène à notre examen de la centralité de la famille et la nécessité de promouvoir l'Evangile de la vie. Que signifie le fait de parler de la protection de l'enfance lorsque la pornographie et la violence peuvent être visualisées dans tant de foyers à travers les médias largement disponibles aujourd'hui? »

Disons que c'est un texte à portée morale, plus encore que religieuse. Mais c'est la dimension religieuse qui donne la conclusion, dans ce message aux pasteurs:

"Le temps consacré à la prière n'est jamais perdu, aussi urgentes que soient les tâches qui nous pressent de tous côtés."

Chers frères Evêques...

C'est pour moi une grande joie de vous accueillir aujourd'hui, au début de ma visite dans ce pays, et je remercie le Cardinal George pour les aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je tiens à remercier chacun d'entre vous, en particulier le bureau de la Conférence épiscopale, pour le travail acharné qu'elle a accompli dans la préparation de cette visite. Ma gratitude va également au personnel et aux bénévoles du sanctuaire national, qui nous accueillent ici ce soir. Les catholiques américains sont connus pour leur fidèle dévouement à la Chaire de Pierre. Ma visite pastorale est ici l'occasion de renforcer davantage les liens de communion qui nous unissent. Nous avons commencé par la célébration de la prière du soir dans cette basilique dédiée à l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, un temple qui a une importance particulière pour les catholiques américains, en plein cœur de votre capitale. Réunis en prière avec Marie, Mère de Jésus, nous confions avec amour à notre Père céleste, le peuple de Dieu dans toutes les parties des États-Unis.

Pour les communautés catholiques de Boston, New York, Philadelphie et Louisville, cette année est une année de célébration particulière, car elle marque le bicentenaire de la création de ces Églises locales comme diocèses. Je m'unis à vous pour rendre grâce pour les nombreuses grâces accordées à l'Église pendant ces deux siècles. Alors que cette année marque également le bicentenaire de l'élévation au statut d'archidiocèse du siège de Baltimore, cela me donne l'occasion de rappeler avec admiration et gratitude la vie et le ministère de John Carroll, le premier évêque de Baltimore - un digne guide de la Communauté catholique dans votre nation nouvellement indépendante. Ses efforts inlassables en vue de la diffusion de l'Evangile dans le vaste territoire dont il avait la charge ont jeté les bases de la vie ecclésiale de votre pays et permis à l'Eglise d'Amérique d'arriver à maturité. Aujourd'hui, la communauté catholique que vous servez est une des plus grandes au monde et l'une des plus influentes. Comme il est important, donc, de laisser votre lumière briller devant vos concitoyens et devant le monde, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est aux cieux »!(Mt 5,16).

Beaucoup de ceux dont John Carroll et ses collègues évêques étaient il y a deux siècles les ministres, avaient voyagé depuis des terres lointaines. La diversité de leurs origines se reflète dans la grande variété de la vie ecclésiale dans l'actuelle Amérique. Frères dans l'épiscopat, je tiens à vous encourager vous et vos communautés, pour continuer à accueillir les immigrants qui rejoignent vos rangs aujourd'hui, pour partager leurs joies et leurs espoirs, pour les soutenir dans leurs tristesses et épreuves, et les aider à s'épanouir dans leur nouvelle maison. Cela, en réalité, est ce que vos compatriotes ont fait pendant des générations. Dès le début, ils ont ouvert leurs portes aux épuisés, aux pauvres, «tous ces gens entassés aspirant à respirer librement» (cf. Sonnet inscrit sur la statue de la Liberté). Ce sont les gens dont l'Amérique s'est faite elle-même.

Parmi ceux qui sont venus pour construire une nouvelle vie ici, beaucoup ont réussi à faire bon usage des ressources et des possibilités qu'ils avaient trouvées, et à atteindre un haut niveau de prospérité. En effet, les habitants de ce pays sont connus pour leur grande vitalité et leur créativité. Ils sont aussi connus pour leur générosité. Après l'attaque contre les Tours jumelles en septembre 2001, et de nouveau après l'ouragan Katrina en 2005, les Américains ont affiché leur volonté de venir en aide à leurs frères et sœurs dans le besoin. Sur le plan international, la contribution apportée par les peuples de l'Amérique à des opérations de sauvetage et de secours après le tsunami de décembre 2004 est une autre illustration de cette compassion. Permettez-moi d'exprimer toute ma gratitude pour les nombreuses formes de l'assistance humanitaire fournie par les catholiques américains par le biais de charités catholiques et d'autres institutions. Leur générosité a porté des fruits dans les soins montrés aux pauvres et aux nécessiteux, et dans l'énergie qui a été investie dans la construction du réseau national de paroisses catholiques, des hôpitaux, des écoles et des universités. Tout cela est une grande source de remerciements.

L'Amérique est aussi une terre de grande foi. Vos peuples sont remarquables par leur ferveur religieuse, et ils sont fiers d'appartenir à une communauté d'adoration. Ils ont confiance en Dieu, et ils n'hésitent pas à apporter des arguments moraux enracinés dans la foi biblique dans leur discours public. Le respect de la liberté religieuse est profondément enraciné dans la conscience américaine - ce qui a contribué à cette attraction du pays pour les générations d'immigrés, la recherche d'une maison où ils peuvent librement prier conformément à leurs convictions.

À cet égard, je reconnais avec joie la présence parmi vous des Evêques de tous les vénérables Églises orientales en communion avec le Successeur de Pierre, que je salue avec une joie particulière. Chers frères, je vous demande d'assurer vos communautés de ma profonde affection et de ma prière continue, à la fois pour eux et pour les nombreux frères et soeurs qui restent dans leur pays d'origine. Votre présence ici est un rappel du courageux témoignage du Christ par tant de membres de vos communautés, souvent au milieu de la souffrance, dans leurs pays respectifs. C'est aussi un grand enrichissement de la vie ecclésiale d'Amérique, donnant l'expression vivante de la catholicité de l'Eglise et de la variété de ses traditions liturgiques et spirituelles.

C'est dans ce terrain fertile, nourri à tant de sources différentes, que vous tous, frères évêques, êtes appelés à semer les graines de l'Evangile aujourd'hui. Cela m'amène à demander comment, au XXIe siècle, un évêque peut le mieux répondre à l'appel de «rendre toutes choses nouvelles dans le Christ, notre espérance"? Comment peut-il conduire son peuple à «une rencontre avec le Dieu vivant», la source de cette transformation de l'espérance dans la vie dont parle l'Evangile (cf. Spe Salvi, 4)? Peut-être lui faut-il commencer par éliminer certains des obstacles à une telle rencontre. S'il est vrai que ce pays est marqué par un véritable esprit religieux, l'influence subtile de la laïcité peut néanmoins colorer la manière dont les gens permettent à leur foi d'influencer leur comportement. Est-il cohérent de professer notre foi en l'église le dimanche, et ensuite au cours de la semaine de promouvoir des pratiques commerciales ou des procédures médicales contraire à ces croyances? Est-il cohérent pour les catholiques pratiquants d'ignorer ou d'exploiter les pauvres et les défavorisés, de promouvoir un comportement sexuel contraire à l'enseignement moral catholique, ou d'adopter des positions qui contredisent le droit à la vie de chaque être humain depuis la conception jusqu'à la mort naturelle? Toute tendance visant à considérer la religion comme une affaire privée doit être combattue. Ce n'est que lorsque leur foi imprègne chaque aspect de leur vie que les chrétiens deviennent véritablement ouverts à la puissance transformante de l'Evangile.

Pour une société d'abondance, un obstacle supplémentaire à une rencontre avec le Dieu vivant réside dans la subtile influence du matérialisme, qui peut trop facilement attirer l'attention sur le centuple, que Dieu promet maintenant, en ce moment, au détriment de la vie éternelle qu'il promet pour une ère à venir (cf. Mc 10:30). Les gens d'aujourd'hui ont besoin qu'on leur rappelle l'objectif ultime de leur vie. Ils doivent reconnaître qu'il y a, enracinée dans leur être, une profonde soif de Dieu. Ils doivent avoir la possibilité de boire dans le puits de son amour infini. Il est facile d'être enivré par la quasi-infinité de possibilités que la science et la technologie placent devant nous, il est facile de faire l'erreur de penser que nous pouvons obtenir par nos propres efforts, la réalisation de nos besoins les plus profonds. Il s'agit là d'une illusion. Sans Dieu, qui seul peut nous concéder ce que nous ne pouvons pas atteindre (cf. Spe Salvi, 31), nos vies sont en fin de compte vides. Les gens ont besoin d'être constamment rappelés à cultiver une relation avec lui qui est venu pour que nous puissions avoir la vie en abondance (cf. Jn 10,10). L'objectif de toutes nos activités pastorales et catéchétiques, l'objet de notre prédication, et l'objectif de notre ministère sacramentel devraient être d'aider les gens à créer et entretenir cette relation vivante avec Jésus-Christ, notre espérance "(1 Tm 1,1).

Dans une société qui valorise la liberté individuelle et l'autonomie, il est facile de perdre de vue notre dépendance à l'égard des autres, ainsi que les responsabilités que nous assumons à leur égard. Cet accent mis sur l'individualisme a aussi touché l'Eglise (cf. Spe Salvi, 13-15), donnant lieu à une forme de piété qui parfois met l'accent sur notre relation privée avec Dieu, au détriment de notre vocation à être membres de la communauté de rédemption. Pourtant, dès le commencement, Dieu vit que "il n'est pas bon que l'homme soit seul» (Gn 2,18). Nous avons été créés comme des êtres sociaux qui ne se réalisent que dans l'amour - de Dieu et de notre prochain. Si nous sommes vraiment attentifs à Celui qui est la source de notre joie, nous avons besoin de le faire en tant que membres du peuple de Dieu (cf. Spe Salvi, 14). Si cela paraît contre-culturel, c'est tout simplement une preuve supplémentaire de l'urgence d'une nouvelle évangélisation de la culture.

Ici, en Amérique, vous êtes bénis avec un laïcat catholique de considérable diversité culturelle, qui place ses vastes dons au service de l'Eglise et de la société en général. Ils se tournent vers vous pour que vous leur offriez des encouragements, un guide, une direction. Dans une époque qui est saturée d'informations, l'importance de fournir une solide formation dans la foi ne peut pas être surestimée. Les catholiques américains ont toujours accordé une grande importance à l'éducation religieuse, à la fois dans les écoles et dans le contexte des programmes de formation des adultes. Ces actions doivent être maintenues et développées. La générosité de nombreux hommes et femmes qui se consacrent à des activités caritatives a besoin d'être aidée à renouveler leur engagement par le biais d'une "formation du cœur": une "rencontre avec Dieu dans le Christ qui éveille leur amour et ouvre leur esprit à autrui" (Deus Caritas Est, 31). À une époque où les progrès de la science médicale apportent un nouvel espoir à de nombreuses personnes, ils donnent aussi lieu à des défis éthiques auparavant inimaginables. Il est donc plus important que jamais d'offrir une formation approfondie de l’enseignement moral de l'Eglise aux catholiques engagés dans les soins de santé. Une sage direction est nécessaire dans tous ces apostolats, afin qu'ils puissent porter des fruits abondants, et si ils servent réellement à promouvoir le bien intégral de la personne humaine, ils ont aussi besoin d'être renouvelés dans le Christ, notre espérance.

Comme prédicateurs de l'Evangile et dirigeants de la communauté catholique, vous êtes également appelés à participer à l'échange d'idées sur la place publique, en contribuant à façonner les attitudes culturelles. Dans un contexte où la liberté d'expression est une valeur et où un débat vigoureux et honnête est encouragé, votre voix est une voix respectée qui a beaucoup à offrir à la discussion sur les questions sociales et morales pressantes du moment. En faisant en sorte que l'Evangile soit bien entendu, vous ne formez pas seulement les gens de votre propre communauté, mais en raison de la portée mondiale de la communication de masse, vous aidez à diffuser le message de l'espérance chrétienne dans le monde.

Il est clair que l'influence de l'Eglise sur le débat public se déroule sur plusieurs niveaux différents. Aux États-Unis, comme ailleurs, il y a un fort courant et des projets législatifs qui sont préoccupants du point de vue de la morale, et la communauté catholique, sous votre direction, a besoin d'offrir un témoignage clair et uni sur ces questions. Encore plus important, cependant, il y a l'ouverture progressive de l'esprit et du cœur de la communauté la plus large à la vérité morale. Ici il reste beaucoup à faire. Crucial à cet égard est le rôle des fidèles laïcs, d'agir comme un «levain» dans la société. Pourtant, on ne peut présumer que tous les citoyens catholiques pensent en harmonie avec l'enseignement de l'Eglise sur les questions-clés d'éthique. Encore une fois, il vous revient de faire en sorte que la formation morale fournie à tous les niveaux de la vie ecclésiale reflète l'authentique enseignement de l'Evangile de la vie.

À cet égard, un sujet de profonde préoccupation pour nous tous est l'état de la famille au sein de la société. En effet, le Cardinal George a mentionné tout à l'heure que vous avez inclus le renforcement du mariage et la vie de famille parmi les priorités de votre attention au cours des prochaines années. Dans le message de cette année pour la Journée mondiale de la Paix, je parle de la contribution essentielle qu'une vie de famille saine apporte à la paix au sein des nations et entre elles. Dans la maison familiale, nous faisons l'expérience de "quelques-uns des éléments fondamentaux de la paix: la justice et l'amour entre frères et sœurs, le rôle d'autorité exprimé par les parents, la préoccupation aimante pour les membres qui sont plus faibles en raison de la jeunesse, de la maladie ou la vieillesse, l'aide mutuelle dans les nécessités de la vie, la volonté d'accepter les autres et, si nécessaire, de leur pardonner » (n ° 3). La famille est aussi le lieu privilégié pour l'évangélisation, la transmission de la foi, pour aider les jeunes à apprécier l'importance de la pratique religieuse et le respect du dimanche. Comment ne pas être consterné au moment où nous observons le fort déclin de la famille comme élément fondamental de l'Eglise et de la société? Le divorce et l'infidélité ont augmenté, et beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes choisissent de reporter le mariage ou d'y renoncer purement et simplement. Pour certains jeunes catholiques, le lien sacramentel du mariage semble difficilement discernable du lien civil, ou même purement informel et ouvert à tout arrangement pour vivre avec une autre personne. Par conséquent nous avons une diminution alarmante du nombre de mariages catholiques aux États-Unis, combinée à une augmentation de la cohabitation, dans laquelle le don mutuel des époux, scellé par une promesse publique à prendre l'engagement indissoluble d'une vie commune , est tout simplement absent. Dans de telles circonstances, les enfants sont privés de l'environnement sécuritaire dont ils ont besoin afin de s'épanouir véritablement en tant qu'êtres humains, et la société se voit refuser les murs porteurs dont elle a besoin si on veut maintenir le moral et la cohésion de la communauté.

Comme mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II l'enseigne: «Le principal responsable dans le diocèse pour la pastorale de la famille est l'évêque ... il doit lui consacrer son intérêt personnel, ses soins, son temps, du personnel et des ressources, mais surtout son soutien personnel pour les familles et pour tous ceux qui… l'aident dans la pastorale de la famille »(Familiaris consortio, 73). Il est de votre devoir de proclamer hardiment les arguments de la foi et la raison en faveur de l'institution du mariage, entendu comme un engagement à vie entre un homme et une femme, ouvert à la transmission de la vie. Ce message doit résonner auprès des gens d'aujourd'hui, car il s'agit essentiellement d'un "oui" inconditionnel et sans réserve à la vie, un "oui" à l'amour, et un «oui» à l'aspiration au cœur de notre humanité commune, alors que nous nous efforçons de remplir notre profonde aspiration à l'intimité avec les autres et avec le Seigneur.

Parmi les "contre-témoignages" de l'Evangile de la vie en Amérique et ailleurs, il en est un qui cause une honte profonde: l'abus sexuel des mineurs. Beaucoup d'entre vous m'ont parlé de l'immense douleur que vos communautés ont soufferte lorsque des clercs ont trahi leurs obligations et fonctions sacerdotales par un comportement si gravement immoral. Quand vous vous efforcez d'éliminer ce mal partout où il se produit, vous pouvez être assurés de la prière de soutien du peuple de Dieu dans le monde entier. À juste titre, vous donnez la priorité à montrer compassion et attention aux victimes. C'est votre responsabilité de pasteurs, que Dieu vous a confiée, de panser les blessures causées par tous les abus de confiance, de favoriser la guérison, de promouvoir la réconciliation et de tendre la main avec amour à ceux qui ont été si gravement lésés.

Il n'a pas été facile de faire face à la situation, et, comme le Président de votre Conférence épiscopale l'a dit, elle a été "parfois très mal gérée». Maintenant que l'ampleur et la gravité du problème sont mieux comprises, vous avez été en mesure d'adopter des mesures correctives et de mieux cibler les mesures disciplinaires et de promouvoir un environnement sûr qui accorde une plus grande protection pour les jeunes. Même s'il ne faut pas oublier que l'écrasante majorité des prêtres et des religieux en Amérique fait un travail remarquable en apportant le message libérateur de l'Evangile aux personnes confiées à leurs soins, il est extrêmement important que les personnes vulnérables soient toujours protégés par ceux qui pourraient causer des torts. À cet égard, les efforts que vous déployez pour soigner et protéger, portent leurs fruits non seulement pour ceux qui sont directement confiés à vos soins pastoraux, mais pour l'ensemble de la société.

Si elles veulent atteindre pleinement leur but, cependant, les politiques et les programmes que vous avez adoptés doivent être placés dans un contexte plus large. Les enfants méritent de grandir avec une bonne compréhension de la sexualité et de sa place dans les relations humaines. Ils devraient être épargnés par les manifestations dégradantes, la manipulation grossière de la sexualité, si répandue aujourd'hui. Ils ont le droit d'être éduqués dans les valeurs morales authentiques, enracinées dans la dignité de la personne humaine. Cela nous ramène à notre examen de la centralité de la famille et la nécessité de promouvoir l'Evangile de la vie. Que signifie le fait de parler de la protection de l'enfance lorsque la pornographie et la violence peuvent être visualisées dans tant de foyers à travers les médias largement disponibles aujourd'hui? Nous avons besoin de toute urgence de réévaluer les valeurs qui sous-tendent la société, de sorte qu'une bonne formation morale puisse être proposée aux jeunes et des adultes. Tous ont un rôle à jouer dans cette tâche - et pas seulement les parents, les leaders religieux, les enseignants et les catéchistes, mais l'industrie du spectacle et des médias ainsi. En effet, chaque membre de la société peut contribuer à ce renouveau moral et en tirer profit. Se soucier véritablement des jeunes et de l'avenir de notre civilisation, c'est reconnaître notre responsabilité de promouvoir et de vivre des authentiques valeurs morales qui seules permettent à la personne humaine de se développer. Il revient à vous, en tant que pasteurs modelés sur le Christ, le Bon Pasteur, de proclamer ce message haut et clair, et ainsi d'aborder le péché de l'abus dans le contexte plus large des mœurs sexuelles. De plus, en reconnaissant le problème, quand il survient dans un cadre ecclésial, vous pourrez prendre l'initiative à d'autres, car ce fléau ne se trouve pas uniquement dans vos diocèses, mais aussi dans tous les secteurs de la société. Il appelle une réponse collective, déterminée.

Les prêtres, eux, ont besoin de vos conseils et de votre proximité au cours de cette période difficile. Ils ont ressenti la honte de ce qui s'est produit, et il y a ceux qui pensent qu'ils ont quelque peu perdu de la confiance et de l'estime dont ils jouissaient autrefois. Ceux qui font l'expérience d'une proximité avec le Christ dans sa passion, en luttant pour venir à bout des conséquences de la crise, ne sont pas rares. L'Evêque, en tant que père, frère et ami, de ses prêtres, peut les aider à tirer les fruits spirituels de cette union avec le Christ, en les rendant conscients de la présence du Seigneur consolant au milieu de leurs souffrances, et en les encourageant à marcher avec le Seigneur Sur le chemin de l'espérance (cf. Spe Salvi, 39). Comme le Pape Jean-Paul II l'a observé il y a six ans, «nous devons être sûrs que ce temps de l'épreuve apportera une purification de toute la communauté catholique", conduisant à "un sacerdoce saint, un saint épiscopat et une Eglise plus sainte" (Discours à la Cardinaux des Etats-Unis, 23 avril 2002, 4). Il existe de nombreux signes indiquant qu'au cours de la période écoulée, cette purification a effectivement eu lieu. La présence permanente du Christ au milieu de notre souffrance transforme progressivement nos ténèbres en lumière: toutes les choses sont en effet renouvelées (made new) dans le Christ Jésus notre espérance.

À ce stade, une partie essentielle de votre mission est de renforcer les relations avec vos prêtres, en particulier dans les cas où les tensions ont surgi entre les prêtres et leurs évêques, dans le sillage de la crise. Il est important que vous continuiez à leur témoigner votre sollicitude, à les soutenir, et à donner l'exemple. De cette façon, vous pourrez sans aucun doute les aider à rencontrer le Dieu vivant, et les aiguiller vers l'espérance qui transforme la vie dont parle l'Evangile. Si vous vous-mêmes vivez d'une manière étroitement configurée au Christ, le Bon Pasteur, qui a donné sa vie pour ses brebis, vous inspirerez à nouveau à vos frères prêtres l'envie de se consacrer à leur troupeau avec une générosité à l'image du Christ. En effet, une orientation plus claire vers l'imitation du Christ dans la sainteté de la vie est exactement ce qu'il faut pour que nous puissions aller de l'avant. Nous devons redécouvrir la joie de vivre une vie centrée sur le Christ, de cultiver les vertus, et de nous immerger dans la prière. Quand les fidèles savent que leur pasteur est un homme qui prie et qui consacre sa vie à leur service, ils répondent avec chaleur et affection, qui nourrissent et soutiennent la vie de l'ensemble de la communauté.

Le temps consacré à la prière n'est jamais perdu, aussi urgentes que soient les tâches qui nous pressent de tous côtés. L'adoration du Christ notre Seigneur dans le Saint Sacrement prolonge et intensifie l'union avec lui, qui s'établit à travers la célébration eucharistique (cf. Sacramentum caritatis, 66). La contemplation des mystères du Rosaire libère outre leur puissance salvifique et nous conforme, unit et consacre à Jésus-Christ (cf. Rosarium Virginis Mariae, 11, 15). La fidélité à la Liturgie des Heures nous assure que l'ensemble de notre journée est sanctifié, et elle nous rappelle sans cesse la nécessité de rester centré sur l'accomplissement de l'œuvre de Dieu, même si de nombreuses pressions et distractions peuvent découler de la tâche à accomplir. Ainsi, notre dévouement nous permet de parler et d'agir in persona Christi, d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, au nom de Jésus, apporter sa réconciliation, sa guérison et son amour à tous ses frères et sœurs bien-aimés. Cette configuration radicale au Christ, le Bon Pasteur, est au cœur de notre ministère pastoral, et si nous nous ouvrons à travers la prière à la puissance de l'Esprit, il nous donnera les dons dont nous avons besoin pour accomplir notre tâche de sorte que nous ne devions ne jamais «nous inquiéter sur ce que nous devons dire, et comment le dire" (Mt 10:19).

En concluant les paroles que je vous adresse ce soir, je recommande l'Eglise de votre pays, plus particulièrement à la sollicitude maternelle et l'intercession de Marie Immaculée, patronne des Etats-Unis. Puisse-t-elle, elle qui porte en son sein l'espoir de toutes les nations, intercéder pour le peuple de ce pays, afin que tous puissent être rendus nouveaux en Jésus-Christ son Fils. Mes chers frères Evêques, j'assure chacun de vous ici présents de ma profonde amitié et de ma participation à vos préoccupations pastorales. A vous tous, et à votre clergé, les religieux et les fidèles laïcs, je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique en gage de joie et de paix dans le Seigneur ressuscité. Merci!