Réflexions de l'archevêque de Boston



J'ai trouvé le lien vers cet article, encore, dans Whispers in the Loggia.
Décidément une mine!
Il y est question une fois de plus (de trop?) de la rencontre du Saint-Père avec les victimes des prêtres pédophiles.
Mais puisqu'il faut en parler, autant le faire à travers un témoin direct, et fiable, puisque l'interviewe émane du journal de l'archidiocèse de Boston, The Pilot.
Il y apparaît que l'entourage du pape n'était pas chaud pour cette rencontre.
Je les comprends, qui sait ce que pense le Saint-Père, mais je ne pense pas qu'il s'agisse, comme je l'ai lu ici ou là d'une "forte pression du Vatican".
C'est d'ailleurs la thèse soutenue par Whispers in the Loggia, qui relève heureusement cela:
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For all the public moments and visuals of The Visit, it seems that the event that'll be most remembered took place in private: B16's emotional meeting with the small group of abuse survivors from Bost
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Précisons que Mgr O'Mailey est archevêque de Boston, et il a été créé cardinal en 2006 par Benoît XVI.
Voir ici: http://www.cardinalrating.com/...


Le cardinal O' Malley Site The Pilot

Réflexions du Cardinal sur la visite apostolique, rencontre avec les victimes
Antonio Enrique

Dans une interviewe du 23 avril avec The Pilot (journal officiel de l'archi diocèse de Boston), le cardinal Sean P. O'Malley, fait part de ses réflexions sur le voyage de six jours aux États-Unis du Saint-Père.
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Q: Comment pourriez-vous résumer le voyage du Saint-Père?

R: Le Saint-Père a choisi comme thème de son voyage apostolique, "Le Christ notre Espérance." Je pense qu'il nous a amenés plus près du Christ, par sa présence, et rempli nos cœurs d'espérance dans les promesses du Christ et dans notre avenir comme son peuple.

Q: Le consensus dans les médias est que la visite du Saint-Père a été un grand succès pour l'Eglise aux Etats-Unis. Êtes-vous surpris par cette évaluation? Vous attendiez-vous plutôt à une attitude plus critique dans les médias laïques?

R: Eh bien, je sais que certaines personnes dans les médias aiment être très critiques vis-à-vis de l'Eglise. Toutefois, je ne doute pas que les gens ayant vu le Saint-Père de près ne pouvaient qu'être impressionnés par sa personnalité, par son intelligence, par sa sainteté évidente. Dans ce sens, je ne suis pas surpris que les gens aient été à ce point désarmés par la possibilité de le voir comme il est vraiment et d'écouter ses paroles.

Q: Ce fut un voyage très intense...

R: J'étais heureux que le Saint-Père semble tenir si bien le coup pendant le voyage. Ce fut un voyage épuisant. Beaucoup de gens ont commenté combien il grimpait vite les marches, et son enthousiasme évident. Pour quelqu'un de 81 ans qui n'a pas toujours eu la meilleure santé, ce fut un véritable «tour de force."

Q: Quelle a été votre interaction personnelle avec le Saint-Père?

R: J'ai eu l'occasion d'être à une paire de repas - évidemment en petits groupes - à la nonciatures à Washington et à New York. J'ai pu parler brièvement avec le Saint-Père à ces occasions. Il était très heureux de la visite et je sais qu'il était très ému à la réunion avec les victimes. J'ai mangé avec lui à New York le lendemain, après notre réunion à Washington, et là, il a commenté combien l'expérience avait été émouvante pour lui.

Q: Pouvez-vous expliquer votre participation à la réunion non prévue, à Washington, qui a rassemblé le Saint-Père et cinq (?) victimes d'abus sexuels par le clergé?

R: Après qu'il ait été annoncé que le Saint-Père allait à Washington et à New York et que Boston n'était pas inclus, les évêques de la région se sont joints à moi pour écrire une lettre au Saint-Père pour lui demander de reconsidérer la question et lui parler des besoins pastoraux que nous avons en Nouvelle-Angleterre. Ensuite, la réponse est arrivée que, compte tenu de la nature très éprouvante du voyage, eux (les fonctionnaires du Vatican) hésitaient vraiment à ajouter quoi que ce soit d'autre. J'ai donc écrit de nouveau pour demander si le Saint-Père rencontrerait les victimes et après cela le Saint-Père a répondu et m'a demandé de prendre les dispositions nécessaires.

Q: Pourquoi cette réunion ne faisait-elle pas partie du programme officiel?

R: Nous avons fait de notre mieux pour tenir une réunion très discrète parce que nous n'avions pas envie de tourner un cirque médiatique et nous avions peur que si les gens étaient prévenus à l'avance, c'est précisément ce qui se passerait. En outre, certains des survivants qui nous ont accompagnés ont souhaité rester anonymes et il aurait été impossible pour eux de participer sous l'oeil du public. Donc, je suis heureux que nous ayions été en mesure d'organiser cela sans le public.
J'ai été très reconnaissants envers le Saint-Père. Les nombreuses fois où il a parlé de la crise des abus sexuel indiquent à quel point il comprend la situation de notre Eglise et ce qui se passe ici. Il ressent évidemment une grande tristesse sur ce qui s'est passé mais, en même temps, il veut nous encourager sur la voie de la guérison et la réconciliation.

À la messe du jeudi matin au Nationals Stadium il a parlé de la nécessité de donner une attention pastorale aux victimes, puis dans l'après-midi, il nous en a donné un exemple très concret, celui de sa propre rencontre avec eux.

Q: Pourquoi pensez-vous que cela a été une rencontre cruciale?

R: Je pense qu'il est important pour les victimes de sentir qu'elles avaient accès au Saint-Père. De toute évidence, pas toutes les victimes, mais quelques uns qui les représentent et dans un assez petit groupe, dans un contexte qui permettait un échange très personnel entre le Saint-Père et les victimes. Ce n'était pas un discours formel, le Saint-Père a fait son commentaire initial, et puis il s'est entretenu avec chacune des victimes individuellement, il a serré leurs mains, il les a bénis, il a prié avec eux.

Je pense que pour le Saint-Père, du point de vue pastoral, il était très important de faire cette expérience. Certes, il a entendu par les évêques et par d'autres, les ravages des abus sexuel mais c'est autre chose que de rencontrer personnellement les survivants et d'apprendre de première main leurs souffrances et leur peine.

Q: Il y a eu un moment très émouvant lorsque vous avez remis un livre au Saint-Père avec plus de 1000 noms de victimes…

R: Oui, plus de 1000 noms et prénoms, calligraphiés et présentés de manière très belle et artistique , avec des prières et des réflexions intercalés entre les noms. C'était une façon d'essayer de souligner le fait que la rencontre devait être représentative de toutes les victimes, pas seulement ceux qui étaient là, ou même ceux dont les noms figuraient dans le livre, et également de souligner la dimension du problème. Les noms dans le livre représentent les noms qui sont parvenus jusqu'à nous, des cas qui sont venus à notre connaissance au cours des 50 dernières années.
Il est évident par l'attitude du Saint-Père que c'était un moment très poignant de la visite.

Q: Le pape s'est exprimé sur une grande variété de questions au cours de ce voyage. Au-delà des remarques du pape sur les sévices sexuels, quels autres thèmes mettriez-vous en relief?

R: L'appel à une plus grande fidélité, à ce que nous soyions des disciples et à la vie intérieure. L'accent mis sur la prière, la très profonde compréhension que le Saint-Père a de ce qui se passe dans notre monde avec les conflits de valeurs et les dangers de la sécularisation et la dictature du relativisme et la nécessité de présenter la beauté de l'Évangile dans son intégralité de façon convaincante et enthousiaste. La connection qu'il a toujours établie entre notre vie de foi et la joie de l'Evangile. Ce fut particulièrement frappant avec les jeunes et les éducateurs.

Q: Comme vous avez accompagné le Saint-Père à de nombreuses manifestations, quelle a été votre perception de l'affection du peuple américain pour lui?

R: Beaucoup de gens m'ont dit qu'ils l'avaient regardé la télévision et tout suivi de très près.
J'ai été impressionné à New York par le fait qu'à un moment donné, nous étions pris dans les embouteillages - ils avaient fermé les routes et nous sommes restés assis là pendant 20 minutes - et les gens étaient sortis de leur voiture et se parlaient les uns les autres. Mais j'ai été très surpris que les gens ne soient pas en colère. J'étais très gêné que cela se passe à cause du Saint-Père et pourtant, d'autre part, j'ai eu le plaisir de voir comment les habitants de New York l'ont simplement accepté.

Même des choses comme ça ont été une indication pour moi de l'attitude positive que les gens ont eu envers la visite, même ceux qui n'étaient peut-être pas catholiques. Des gens se sont adressés à moi dans la rue et me disant qu'ils n'étaient pas catholiques mais qu'ils étaient tellement heureux de la visite ldu Saint-Père.

Q: Quel impact pensez-vous que cette visite aura sur les catholiques de Boston?

R: Le fait que la visite s'inscrive dans notre année de bicentenaire, est, je pense une grande bénédiction. Même si le Saint-Père n'a pas été à Boston, sa présence dans notre pays, dans le cadre de notre bicentenaire devrait être une grande source d'encouragement pour nous alors que nous luttons avec les défis auxquels nous devons faire face et dans nos tentatives pour approfondir le renouveau spirituel, en particulier en appelant les gens à une plus grande fidélité et à une vie de prière et de célébration du dimanche qui est la pièce maîtresse de notre vie de chrétiens catholiques.


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