La draperie a été créée cette année par un artiste musulman. La courageuse réaction de Mgr Luigi Negri, évêque de San Marino (11/7/2010)

Explication

La draperie du Palio de Sienne
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Le Palio de Sienne est le plus connu des Palii italiens. C'est une course de chevaux, qui se tient deux fois par an dans la ville de Sienne.
La première course, le "Palio di Provenzano", qui se tient le 2 juillet, correspond à l'ancienne date de la Visitation, et à la fête locale en l'honneur de la Madonna di Provenzano, une peinture aux vertus curatives, autrefois propriété d'un noble siennois, Provenzano Salvani.
La seconde course, le "Palio dell'Assunta", le 16 août, se tient le lendemain de l'Assomption et est dédiée à la Vierge Marie.
Chaque couple cavalier/cheval représente un des dix-sept quartiers de la ville. Les chevaux et les cavaliers arborent les couleurs et les armes de leurs quartiers.
Le vainqueur reçoit une draperie en soie peinte, appelée palio, conçue spécialement pour chaque course.
(d'après wikipedia.org/ ).

Cette année, c'est à un artiste libanais de confession musulmane, Ali Hassoun (il faut visiter son site: http://tinyurl.com/2b659zf), qu'a été confiée la création de la draperie.
Il suffit de la regarder pour comprendre qu'elle a de quoi susciter la perplexité... au minimum!! (mais je relève que la forme est plutôt belle, ou au moins figurative, ce n'est pas une excuse, mais ceci explique peut-être cela).
Deux catholiques siennois avaient écrit à l'archevêque, Mgr Antonio Buoncristiano (mal nommé!), pour lui demander de ne pas bénir le palio ("Ne bénissez pas une image qui n'est pas chrétienne, une madonne qui n'est que la mère d'un prophète").
Le diocèse a répondu en parlant de provocation et d'instrumentalisation de la fête, défendant le choix de l'artiste:
"Ce n'est pas à l'Église d'entrer dans la sphère privée de l'artiste auteur du palio , dans sa vie religieuse comme dans sa conduite morale . Comme par le passé , cette interférence n'a jamais été prise en considération : tous les artistes n'ont pas une vie en harmonie avec le travail accompli. Ce qui nous intéresse, c'est uniquement le respect à l'égard de l'iconographie traditionnelle chrétienne: entre autres, cette draperie a une Madone qui reflète parfaitement l'image de la Vierge de Provenzano, qui est une madone douloureuse"

Mgr Luigi Negri, évêque de San Marino, très apprécié dans ces pages (voir ici) pour sa loyauté au Saint-Père, son franc-parler, et ici son grand courage, que je salue, ne partage pas l'opinion de son confrère - que l'on qualifiera charitablement de myope.

Il a envoyé à son diocèse le message suivant, qui a ensuite été transmis à la presse :
(Source: Raffaella)

Le message musclé de Mgr Negri

En communion d'obéissance au Saint Père Benoît XVI , j'ai la responsabilité directe, immédiate et totale du diocèse de San Marino-Montefeltro auquel je dédie toutes mes énergies intellectuelles , morales et physiques .

Mais justement pour ce dévouement à mon Église particulière , je peux accepter de répondre au grand appel que le Magistère fait à chaque évêque d'avoir une affection spéciale pour l'Eglise universelle .

C'est par cette affection et pour cette affection que je ressens le devoir de conscience impératif d'intervenir sur un événement que la presse nationale a placé devant l'opinion publique de la nation toute entière .

La presse a divulgué l'information que la draperie du Palio de Sienne, signe religieux et artistique du grand événement marial et civil qui a lieu dans le Palio , contient cette année des éléments idéologiques qui me semblent inacceptables pour une conscience chrétienne authentique , et aussi sainement civile .

Peinte par un artiste musulman, on y trouve une figure d'un Saint-Georges parfaitement islamisé, et l'image de Marie elle-même, qui est la grande patronne du Palio , est caractérisée par des signes de syncrétisme religieux (dans sa couronne sont juxtaposés des signes chrétiens et musulmans ) et son image se situe dans l'enseignement coranique qui la présente comme la mère du prophète Jésus qui a anticipé la venue de Mahomet.

Ce n'est pas à moi de porter un jugement sur quiconque, ni sur les institutions ni sur les individus, je partage seulement avec chacun ma conscience de chrétien et d'évêque interloqué par cette triste histoire .

Je demande à la Vierge Marie de nous aider à surmonter ce que le pape Benoît XVI a appelé la pollution intérieure de notre foi qui nous rend tous si vulnérables et manipulés par les puissances de ce monde.

Qu'au moins nous n'appelions plus notre silence une vertu évangélique, et que nous ne déguisions pas l'assujettissement à la mentalité du monde en dialogue œcuménique et interreligieux.

En célébrant dimanche la Sainte Eucharistie dans l'antique et vénérable église collégiale de S. Agata Feltria, je confèrerai à cette célébration le caractère d'un geste de réparation .

Avec ma bénédiction .

Pennabilli, 2 Juillet 2010