C'est une lecture possible de son extravagante demande d'indemnisation, suivie d'un retro-pédalage assez ridicule (14/7/2010)

Pourquoi en parler ici? Simplement parce que, deux ans plus tôt, à peine libérée de ses six années de captivité, elle avait ébloui la planète catholique par sa foi très ostensible, jugée "incandescente", et réclamé une audience immédiate du Saint-Père... obtenue finalement un mois plus tard. Le Pape l’a écouté raconter son histoire “en élevant la réflexion“ de façon à rendre son expérience “utile aux autres“ (cf http://tinyurl.com/2dmecgj ).

J'avoue que sa personnalité, son appartenance affichée à la jet-set mondiale, qui revendique de n'avoir de racines nulle part - Paris, New York, Bogota... - (et aussi l'emballement médiatique inimaginable qu'elle a suscité en France, y compris chez les pires ennemis de l'Eglise) m'ont d'emblée gênée...
Depuis, l'icône des medias s'est quelque peu ternie. L'idole d'hier est redevenue un être humain comme les autres, ce qu'on lui pardonnera bien volontiers. Il n'empêche qu'elle a fort bien utilisé à son profit, à un moment, cette image idéalisée montée de toutes pièces par un habile système de communication.

Lire en particulier: http://tinyurl.com/2as6tsr (Ingrid Betancourt chez le Saint-Père?) et http://tinyurl.com/2bltnqz (la tournée italienne d'IB, et les images de la visite).

Le 9 juillet, on apprenait:

Ingrid Betancourt a déclenché vendredi une nouvelle polémique autour de sa personne en Colombie, après avoir déposé une requête dans laquelle elle exige de l'Etat 6,5 millions de dollars de réparation pour son enlèvement par les Farc, estimant que sa sécurité a été négligée.
L'ex-candidate à l'élection présidentielle en Colombie, enlevée en pleine campagne en février 2002 et otage de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) jusqu'à sa libération le 2 juillet 2008 lors d'une opération militaire, a déposé cette requête le 30 juin, a annoncé vendredi le ministère de la Défense.
(Le Parisien.fr)

Comment expliquer une prétention aussi exhorbitante?
Eh bien, la réponse pourrait se trouver dans cette autre information.

(...) elle ne souhaite pas trop parler de sa vie privée, mais des otages, qu'elle espère encore défendre à travers son ouvrage, "Même le silence a une fin", qui sera publié (le 23 septembre prochain, c'est-à-dire très bientôt!) chez Gallimard, ou encore du film sur son histoire en cours de préparation (avec la réalisatrice américaine Kathleen Kennedy).

Une partie des bénéfices qui en seront tirés seront consacrés à ce combat. (AFP et Le Figaro)

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Question: comment faire parler de soi quand on a eu une ambition démesurée, ayant rêvé d'être ambassadeur de l'UNESCO ou prix Nobel de la Paix (à quel titre?), qu'on est restée silencieuse depuis trop de temps, que le monde vous a oubliée, ou n'a eu de vous dans un passé récent que des images très négatives et que votre impuissance dans le combat que vous prétendiez mener est de plus en plus avérée (1) ?

Evidemment, les milliards ne seront pas destinés à son usage personnel, mais seront reversés à une association caritative ou une fondation quelconque. Au moins "en partie". C'est toujours chic de faire la charité, surtout avec l'argent des autres...

Il semble que la stratégie choisie n'était pas d'une grande subtilité. Elle pourrait bien se révéler un véritable boomerang.

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(1) Selon Le Figaro, Yannick Villardier, coordinateur de la FICIB (Fédération internationale des comités Ingrid Betancourt) en Ile-de-France, interrogé pour savoir si Ingrid Betancourt continue à se battre pour la libération des quelques 80 otages encore prisonniers des FARC, répond: «Pas vraiment... Quand nous lui demandons un conseil par mail, elle y répond de bonne grâce, bien qu'il faille souvent insister. Mais elle ne peut pas faire beaucoup plus, il serait malvenu qu'elle s'ingère dans la vie politique colombienne».