Le Pape qui aime les jeunes leur dit "choisis la vie". Mais ils ne l'ont pas entendu (27/7/2010)

Après l'Angelus du dimanche 25 juillet (cf Le Pape et la catastrophe de Duisburg), nous avions pu constater combien étaient généreuses la pensée du Saint-Père, et sa prière, pour les victimes de la dramatique bousculade de Duisbourg, en marge d'une "love" parade, qui a fait 19 morts et de nombreux blessés. Surtout parce qu'il ne fait aucun doute que ces jeunes hyper-violents font partie de ceux qui rejettent haineusement tout ce que le Pape représente.

Dans son éditorial du n° du 28 juillet dans Présent, Caroline Parmentier en donnait une preuve saisissante, qu'on ne pourra hélas guère lire qu'en cercle fermé! On y voit cette inversion diabolique du sens d'un mot, amour, qui, de don de soi pour les autres, est réduit à sa plus vile expression sexuelle, et devient par là égoïsme, et mépris de la vie , jusqu'à celle du voisin.

19 morts et 342 blessés dont plusieurs dans un état grave : la Love Parade de Duisbourg en Allemagne « pour revendiquer l’égalité des droits pour les homos et célébrer la musique techno », s’est terminée dans un indescriptible et sanglant chaos. Les manifestants se piétinant et s’écrasant mutuellement, sans que les organisateurs ne mettent fin au défilé ni à la danse pour ne pas provoquer une émeute ni une nouvelle panique chez les teuffeurs alcoolisés et drogués… Tandis que les secours relevaient les morts, « la fête continuait ».
C’est dans un goulet d’étranglement, un tunnel de 200 m de long sur 20 m de large, passage obligatoire pour le cortège, que des milliers de ravers se sont bousculés, compressés et piétinés, laissant près de 20 d’entre eux sur le carreau, morts étouffés.
« J’ai vu des morts dans le tunnel le visage bleu », témoigne une « love manifestante » néerlandaise. « D’autres étaient vivants mais inconscients par terre, d’autres pleuraient. Comme j’ai une formation de secouriste, j’ai essayé d’aider un peu. Les gens souffraient de déshydratation, certains avaient trop bu ou pris de la drogue ». Et conclusion pour le moins déconcertante de la « teuffeuse » : « Finalement, je suis allée danser au festival parce que je voulais décompresser ». La jeune raveuse danse sur les morts sans que cela ne paraisse l’émouvoir outre mesure.
De même les organisateurs et les autorités de la ville, de peur de devoir faire face à un nouveau mouvement de cette foule qu’ils ne contrôlent pas, décident malgré le massacre de ne pas « interrompre la fête ». Allant même jusqu’à déclarer à la fin : « Nous vous remercions pour cette belle journée ».
Les organisateurs ont une lourde part de responsabilité certes, mais leur principale responsabilité est dans la Love Parade tout court. Car c’est toute la Love Parade elle-même qui porte en elle la décomposition de cette foule dégénérée, buvant, se dénudant et se shootant sur des rythmes techno particulièrement abrutissants. Le Figaro une fois de plus est particulièrement lâche et complaisant lorsqu’il décrit des « jeunes gens partis écouter de la musique techno ». Les témoignages affluent pour décrire la grosse orgie qu’est devenue au fil des années cette manifestation créée en 1989 à Berlin quelques mois après la chute du mur. Beaucoup de Berlinois décrivant chaque année les nuisances de ces fêtards sous l’emprise de l’alcool et de la drogue qui saccageaient le Tiergarten, le grand parc du centre de la capitale. Les images outrées et se voulant provocantes de ces « ravers » paumés en plein « trip » techno, ont fait le tour du monde.

Le propriétaire de la marque Love Parade a de son côté annoncé mais un peu tard, que c’était la dernière

(Caroline Parmentier, Présent du 27/7/2010)

Terrible illustration du vide d'une jeunesse paumée, pour laquelle pourtant Benoît XVI ne cesse de manifester une sollicitude inquiète et paternelle.
Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre sur le site du Vatican, à la page consacrée aux messages pour les JMJ (http://tinyurl.com/39gem6c ):
Ou encore à celle consacrée aux voyages, en particulier, en Italie (http://tinyurl.com/2u5ltbg ).
A presque chacun de ses voyages, en effet, il se ménage une rencontre avec les jeunes.

Par exemple, en recherchant au hasard, le 10 mai 2007, à Sao Polo (http://tinyurl.com/39ddwwc) , il leur disait:
"J'ai toujours ressenti une joie très particulière au cours de ces rencontres."
Et, plus loin:
"Très souvent, j'entends trembler nos cœurs de pasteurs, lorsque nous constatons la situation de notre époque. Nous entendons parler des peurs de la jeunesse d'aujourd'hui. Elles nous révèlent un énorme manque d'espérance: la peur de mourir, au moment où la vie est en train d'éclore et tente de trouver la voie de sa réalisation; la peur d'échouer, pour ne pas avoir découvert le sens de la vie; et la peur de rester à l'écart, face à la rapidité déconcertante des événements et des communications. Nous constatons le pourcentage élevé de morts parmi les jeunes, la menace de la violence, la prolifération déplorable des drogues qui bouleverse jusqu'à sa racine la plus profonde la jeunesse d'aujourd'hui. C'est donc pour cette raison que l'on parle de jeunesse égarée."

Un mois plus tard, à Assise (http://tinyurl.com/2w9sdcz), méditant avec son jeune auditoire sur les jeunes années de Saint-François, il disait:

"L'on trouve un portrait évocateur de sa façon de vivre dans la Légende des trois compagnons, où l'on lit: "François était très gai et généreux, se consacrant aux jeux et aux chants, il errait dans les rues d'Assise jour et nuit, avec des amis de son espèce, si généreux à la dépense qu'il dissipa en repas et autres choses tout ce qu'il pouvait avoir ou gagner". De combien de jeunes pourrait-on dire la même chose de nos jours également? De plus, aujourd'hui, il y a la possibilité d'aller se divertir bien au-delà de sa propre ville. Les initiatives de divertissement au cours des week-ends rassemblent de nombreux jeunes. On peut "errer" également virtuellement en "naviguant" sur Internet, en recherchant des informations ou des contacts en tout genre. Malheureusement, ne manquent pas - et ils sont même hélas trop nombreux! -, les jeunes qui cherchent des paysages mentaux aussi vides que destructeurs dans les paradis artificiels de la drogue. Comment nier qu'il y a tant de jeunes et de moins jeunes qui sont tentés de suivre de près la vie du jeune François, avant sa conversion? Derrière cette façon de vivre, il y avait le désir de bonheur qui habite tout cœur humain. Mais cette vie pouvait-elle apporter la joie véritable? François ne la trouva certainement pas. Vous-mêmes, chers jeunes, vous pouvez vérifier cela à partir de votre propre expérience. La vérité est que les choses finies peuvent apporter des lueurs de joie, mais seul l'Infini peut remplir le cœur.

Et encore, en février 2008 , répondant à la question d'un prêtre du diocèse de Rome (Père Graziano Bonfitto, vicaire paroissial de la paroisse d'Ognissanti, http://tinyurl.com/36fg5lg ):

'(...) aujourd'hui c'est la grande règle fondamentale, pas seulement pour le Carême, mais pour toute la vie chrétienne: choisis la vie. Tu as devant toi la mort et la vie : choisis la vie. Et il me semble que la réponse est naturelle.
Ils sont peu nombreux, ceux qui nourrissent au fond d'eux une volonté de destruction, de mort, à ne plus vouloir l'"être", la vie... Malheureusement, pourtant, il s'agit d'un phénomène qui prend de l'ampleur. Avec toutes les contradictions, les fausses promesses, en fin de compte la vie apparaît comme une contradiction, elle n'est plus un don mais une condamnation et ainsi il y en a qui veulent plus la mort que la vie. Mais normalement l'homme répond : oui, je veux la vie.
La question reste cependant de savoir comment trouver la vie, que choisir, comment choisir la vie.
Et les propositions qui d'ordinaire sont faites, nous les connaissons : aller en discothèque, prendre tout ce qui est possible, considérer la liberté comme la possibilité de faire tout ce qu'on veut, tout ce qui nous vient à l'esprit à un instant précis. Mais nous savons aussi - et nous pouvons le prouver - que cette route est une route de mensonge, parce qu'on ne trouve pas la vie au bout, mais on trouve réellement l'abîme du néant. "

Les exemples sont innombrables. Ce Pape, sans gestes dramatiques, sans éclats de voix, aime les jeunes, même ceux qui ne l'aiment pas (parce qu'ils ne le connaissent pas), il se soucie d'eux, et il leur dit: Chers jeunes, soyez ma joie comme vous avez été celle de Jean-Paul II. (Assise, http://tinyurl.com/2w9sdcz )

Quel dommage (pour eux, et pour la société toute entière) que personne n'ait fait écouter aux 19 jeunes qui ont trouvé la mort à l'issue de la mascarade de dimanche, la voix du pape leur disant "choisis la vie". Et pour les autres, quel dommage que cette voix soit étouffée par celle des mauvais bergers.