Intéressante interviewe de Mgr Koch, nouveau président du conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, sur le site espagnol Gaudium Press. Il s'exprime en particulier sur le thème de la prochaine rencontre du "Ratzinger Schülerkreis", l'herméneutique de Vatican II. Traduction de Carlota (31/7/2010)
Texte original en espagnol ici: http://es.gaudiumpress.org/view/show/17642

-> Lire ici: Mgr Koch chargé de l'unité des chrétiens (http://tinyurl.com/2caesfp)



« Pour moi, l’unité dans la foi c’est l’unité dans le Corps du Christ » : Monseigneur Kurt Koch
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La correspondante de Gaudium Press à Rome s’est entretenue récemment avec le nouveau président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, Mgr Kurt Koch, nommé à cette charge par le Pape au début du mois. L’évêque de Bâle, qui depuis 2002 était déjà conseiller (consultant) du dicastère, a pris cette fonction, en remplacement du cardinal Walter Kasper, qui y a renoncé au motif de son âge.

Mgr Kurt Koch est né le 15 mars 1950 à Emmenbrücke, en Allemagne. Il a été ordonné prêtre le 20 juin 1982 et nommé évêque le 21 août 1995 puis ordonné en janvier 1996 toujours pour le diocèse de Bâle .

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Gaudium Press (GP)
– Comment avez-vous réagi quand le Saint Père vous a demandé de remplacer le Cardinal Kasper?
- J’ai été très surpris car c’est un immense honneur pour moi de faire cela. D’un autre côté j’en suis très heureux parce que je m’intéresse depuis fort longtemps au dialogue œcuménique. Depuis 2002 je suis membre de ce Conseil. J’ai participé également à la Commission Internationale Théologique entre le Vatican et les Églises Orthodoxes. Et également à la Commission internationale avec les Luthériens. Nous sommes chargés de tous les dialogues et également des relations religieuses avec le Judaïsme. Pour moi c’est un grand défi. Un défi que j’affronte, que je désire toujours avec toutes mes forces et avec l’affection du cœur.

GP - Quelles expériences vous seront utiles aujourd’hui dans votre nouvelle charge de président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens?
- C’était un désir du Saint Père lui-même que le successeur du Cardinal Kasper fût de nouveau un théologien, un évêque qui connût les Églises et les Communautés ecclésiales nées de la Réforme. Qu’il ne les connût pas seulement à travers les livres mais aussi des expériences personnelles.

GP -
Le Card. Kasper, dans sa dernière conférence de presse comme président a souligné que le dialogue entre les Églises et les Communautés Protestantes avaient perdu « son enthousiasme ». De même le dialogue avec l’Église orthodoxe sur certains points n’est pas facile. D’après vous, quelles sont les premières exigences ?
- Durant ces quarante ans d’œcuménisme depuis le Concile Vatican II, nos partenaires ont beaucoup changé. Par exemple, dans les Églises Réformées, on ne voit plus ce désir d’unité comme c'était le cas avant et après le Concile. J’observe quelques tensions pour un retour à une théologie libérale, non à une théologie dogmatique. C’est un grand défi qui ne se satisfait pas de la réalité d’aujourd’hui. J’ai l’impression que beaucoup de membres de la Réforme veulent une acceptation globale (?) des Églises, et la concélébration eucharistique. Avec cela, ce serait la fin de l’œcuménisme. Pour moi, ce n’est pas cela. Parce que l’Église que nous professons dans la Confession Apostolique « une, sainte, catholique et apostolique », ce n’est pas la somme de toutes les Églises qui sont dans le monde. De leur point de vue, l’unité de l’Église est une œuvre de l’homme pour construire la somme de toutes les Églises. Pour moi, l’unité en la foi est l’unité dans l’organisme du Corps du Christ. Parce que je crois plus en l’oecuménisme que quelques représentants des Églises Réformées. Parce qu’il est nécessaire d’approfondir aussi la spiritualité de l’oecuménisme. Parce que Jésus a dit que tous doivent être unis pour que « le monde puisse croire ». Et cela veut dire que la réalité dans l’unité des Églises doit être visible, et une réalité invisible.
Et la seconde chose est que dans ces 40 années ont surgi de nouvelles différences. Au début du dialogue, nous avions des différences sur la foi, sur les confessions de la foi. Aujourd’hui nous avons des différences, principalement au niveau éthique. Toutes les questions de la bioéthique, également le phénomène de l’homosexualité. Il y a un grand défi dans tout l’oecuménisme. On voit le cas des Anglicans qui sont sur le point d’une division pour cela.

GP – Alors ce qui divise plus en ce qui concerne le dialogue oecuménique c’est l’éthique et non la théologie dogmatique?
- Oui

GP – Vous avez été invité à présenter deux discours à la "Schülerkreis" (cf: Le séminaire estival du Pape) en présence du Saint Père.
- J'ai été très surpris par cette invitation. Parce j’ai un peu la sensation qu’il faut que je joue du piano en face de Mozart. C’est comme être un étudiant en piano devant Mozart. Mais c’est aussi un grand défi que j’affronte avec beaucoup de plaisir car je vais être en contact avec cette atmosphère des disciples de Ratzinger. Je sais que le Pape est très ouvert à la discussion sur ces choses. C’est un grand défi parce qu’aujourd’hui il y a un conflit entre deux interprétations du Concile Vatican II. Une interprétation dit que la tradition a pris fin avec le Concile et qu’avec ce Concile est arrivé une nouvelle ère. Elle n’est plus liée au passé, à la tradition. Ma vision est que le Concile est un grand évènement dans le fleuve de la tradition vivante. Et que le Concile Vatican II est ouvert vers le futur et le passé.
Je pense que c’est aussi la vision des Pères du Concile.
Aujourd’hui, nous avons une certaine instrumentalisation de Vatican II à travers les pensées personnelles de quelques théologiens. Et ils ne sont pas sincères dans leur présentation du Concile. Je pense aussi que beaucoup de gens parlent du Concile et veulent que le Pape « revienne dessus » mais les gens ne connaissent pas le Concile. Principalement la grande constitution sur l’Église « Lumen Gentium », avec les huit chapitres. Les gens connaissent seulement le thème du second chapitre : « L’Église et le peuple de Dieu ». Mais le second chapitre ne peut pas être compris sans le premier chapitre sur le mystère de l’Église. Pour moi, principalement le cinquième chapitre, sur la vocation à la sainteté, est le thème fondamental de cette Constitution.

GP – Ces deux visions influencent aussi le comportement dans la liturgie. Comment doit se comprendre la liturgie aujourd’hui ?
- Ce que les gens ont vu comme des nouveautés du Concile n’était pas dans la Constitution sur la Liturgie. Par exemple, célébrer l’eucharistie face aux fidèles ne fut jamais un thème de la tradition. La tradition fut toujours de célébrer en direction de l’orient, parce que c’est la vision de la résurrection. Dans la Basilique Saint Pierre, on célébrait depuis longtemps face au peuple parce cette direction était celle orientée à l’est. La seconde chose est la langue vernaculaire. Le Concile a voulu que le latin restât la langue de la liturgie.
Mais toutes les choses très profondes, fondamentales de la Constitution liturgique, sont encore inconnues de beaucoup. Par exemple, toute la liturgie, et la liturgie de la Pâque. La Pâque du mystère, de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. On ne peut célébrer la Pâque sans sacrifice, et c’est un thème qui se trouve dans la théologie. Aussi parce que la Constitution sur la révélation n’est pas encore la bienvenue dans l’Église. Nous avons encore beaucoup à faire pour nous approprier le Concile.