La presse nous a tellement bassinés avec les prétendues gaffes du pape que cela fait du bien de lire sous la plume de Jean Madiran, dans Présent, un récapitulatif en forme de mise au point indispensable (14/8/2010).
Relire, par exemple, l'affligeante analyse d'Alain Duhamel, qui ose parler de "maladresse pathologique" à propos de ce qu'il nomme de façon inepte "le quinquennat de Benoît XVI"!!!
Lu ailleurs -> 19 avril 2010 -> Un dinosaure vous parle.
Les grandes maladresses du pape Benoît XVI
Jean Madiran (Présent du 13/8)
-------------------
Selon un refrain pour lequel Catherine Panzoni (1) avait esquissé quelques titres de noblesse littéraire, Benoît XVI accumulerait dans son gouvernement de l’Eglise les « maladresses », les « faux pas répétés », les « énièmes bourdes grossières ».
En voici donc le rappel des principaux exemples.
- Discours à la Curie du 22 décembre 2005. – Disqualification radicale du prétendu « esprit du Concile » : tout ce qui a été dit et fait en son nom est sans valeur normative, voire sans valeur du tout. La critique en est donc libre. Sur le moment la quasi-totalité des évêques ne tient aucun compte de cette disqualification. Mais sur les réalisations post-conciliaires la parole est libérée de la dictature anonyme qu’imposait l’odieux « religieusement correct » conciliaire. Et cette liberté retrouvée va peu à peu déployer ses ailes les années suivantes.
- Discours de Ratisbonne du 12 septembre 2006. – On y trouve une sévère rectification de l’œcuménisme. La Croix s’en est aussitôt aperçue avec regret (15 septembre) et l’a un peu sommairement indiqué sous la plume d’Isabelle de Gaulmyn notant qu’« à Ratisbonne le Pape a largement développé une vision du dialogue avec les autres religions différente de celle de son prédécesseur ». La plupart des évêques n’y prêtent aucune attention, mais la parole est libérée désormais pour rejeter un soi-disant dialogue œcuménique qui fait de la religion catholique une simple opinion parmi les autres. D’autre part ce discours a récusé la déshellénisation philosophique qui voudrait détacher le catholicisme de sa culture d’origine, la langue latine et la philosophie grecque.
- Discours du Latran du 12 février 2007. – Restauration de la loi (morale) naturelle, oubliée dans la société et trop souvent méconnue dans l’Eglise. Benoît XVI rétablit la réalité objective de cette loi écrite par Dieu dans le cœur de l’homme, révélée dans le Décalogue et connaissable par la raison naturelle. Les théologiens sont instamment invités à y revenir.
- Motu proprio du 07.07.07. – La messe traditionnelle n’a jamais été valablement interdite : l’interdiction qui en fait a lourdement pesé sur elle était donc un abus de pouvoir criminel. Les complices actuels de cette interdiction, qui s’appliquent à la faire survivre d’une manière ou d’une autre, sont eux aussi des criminels (cf. Le rendez-vous de septembre 2010, dans Présent du 23 juillet dernier).
- Discours d’ouverture au Synode romain des évêques (4 octobre 2008). – La Croix gémit que Benoît XVI y « critique durement » l’actuelle exégèse catholique : « Le courant principal de l’exégèse en Allemagne [et ailleurs !] nie que le Seigneur ait institué la Sainte Eucharistie et déclare que le corps de Jésus serait resté dans le tombeau ». C’est-à-dire que le courant principal dans le catholicisme actuel a perdu la foi. Et ces docteurs qui ont perdu la foi sont les plus arrogants à vouloir nous imposer leur dévotion superstitieuse au soi-disant « esprit du Concile ». Ils méritent bien d’être « durement critiqués ». D’autant plus qu’avec le prestige usurpé de leur érudition creuse ils manipulent intellectuellement les évêques.
- Levée d’excommunication du 21 janvier 2009. – Benoît XVI lève l’excommunication (latae sententiae, c’est-à-dire automatique, et en outre promulguée par Jean-Paul II) des quatre évêques que Mgr Marcel Lefebvre avait ordonnés en 1988 malgré l’interdiction du Pape. Cette excommunication a été levée sans rien qui ressemble à une rétractation, à une repentance ou à une absolution. Le simple fidèle ne peut s’empêcher de pressentir que dans ces conditions la levée d’excommunication a forcément des implications et conséquences d’une grande portée.
- Lettre aux évêques du 10 mars 2009. – Face à l’émeute médiatique mondiale contre le Souverain Pontife, celui-ci observe la part qu’ont prise à une telle émeute un grand nombre d’évêques, de prêtres, de fidèles. « A certains de ceux qui se proclament les grands défenseurs du Concile », écrit alors Benoît XVI, il doit être rappelé qu’il faut « accepter la foi professée au cours des siècles » et « l’entière histoire doctrinale de l’Eglise ».
C’est en effet la vraie question.
-------------------
(1) Nom de code pour une "vaticaniste" bien connue (et peu appréciée) de ce site, dont les initiales sont effecticemment "CP", et qui sévit dans un magazine à gros tirage, où le poids des mots s'efface de plus en plus devant le choc des ragots.