18/8/2010

http://www.wmaker.net/eschaton/

Nous l'avons déjà rencontré dans ces pages, en dernier ici: Fin des temps
Une lecture plus approfondie a renforcé ma première impression.
Sur le web, les sites vraiment originaux ne sont pas légion. Je veux parler de ceux qui livrent leur propre réflexion, ou réagissent à l'actualité en partant de documents bruts, c'est-à-dire sans utiliser les réflexions d'autres.
En italien, parmi ceux qui ne sont pas des "institutions" (Messori, Magister, Introvigne, Rodari, Tornielli), je vois le Père Scalese, hélas trop rare (Senza peli sulla lingua), et Francesco Colafemmina, ( Fides et Forma); je ne connais évidemment pas tout, mais en furetant, je n'ai pas trouvé des masses de sites vraiment originaux.
En français, il y en a certainement quelques uns, mais ESCHATON (dont l'auteur est suisse!) se détache du lot.
La longueur des articles, la complexité et la spécificité des sujets abordés le cantonnent peut-être à une audience confidentielle... mais est-ce un mauvais signe?

Il a peut-être aussi plus de visites que moi - je n'en sais rien, mais j'aimerais lui faire de la pub: quand le web sert de caisse de résonnance au meilleur, il remplit sa fonction..
Je conseille donc vivement à mes lecteurs de visiter son site, http://www.wmaker.net/eschaton/, mis à jour quotidiennement.
Pour les mettre en appétit, et avant d'en reparler, voici un article écrit en avril 2009 (sans compter le dessin!!).

Notre Saint Père, un homme de plus de quatre-vingt ans, se mesure presque seul actuellement aux suppôts du monde.
(...)
On parlait d’athlète de Dieu pour qualifier Jean Paul II, Benoit XVI, lui, doit être vu comme son héros.

Des propos qui n'ont pas pris une ride, et dont je ne retrancherai pas une ligne. Il faut prendre en compte, pourtant, qu'ils ont été écrits bien avant que n'éclate les affaires d'abus sexuels par des prêtres.



Editorial: Ça suffit!
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Oui ça suffit ! Assez de reptation, assez de propos feutrés, assez de retenue et, soyons francs, assez de lâcheté ! Cela fait bien longtemps maintenant que la stratégie destinée à nous faire honte, à nous ramollir, a été mise en place. Force est de constater qu’elle a produit ses effets. Elle consiste à faire de notre foi une option privée, parmi d’autres, et, souterrainement, à nous reléguer dans une sorte de parc animalier imaginaire, au milieu des licornes et des vouivres. Se dire catholique, cela revient à faire l’aveu que l’on vit dans un autre âge quand ce n’est pas dans un autre monde. Entre gens instruits, entre personnes ayant un brin de lucidité, la foi catholique ne peut être, c’est l’évidence, qu’un avatar de la croyance au Père Noël. Pour peu que vous fassiez le dos rond lorsque ces considérations s’abattent sur vous, pour peu que vous tendiez la joue, on vous regardera encore avec une bienveillance mâtinée de condescendance. Mais si vous secouez le joug de la bien-pensance et sortez du rôle de gentil idiot naïf et crédule qui vous est assigné, si vous osez défendre le catholicisme intégral, alors vous vous exposerez à toutes les avanies, à toutes les calomnies, à toutes les manœuvres diffamatoires. Alors les « cymbales du monde » retentiront dans vos oreilles pour tenter de vous intimider et de vous réduire au silence.
Ça suffit !
Notre Saint Père, un homme de plus de quatre-vingt ans, se mesure presque seul actuellement aux suppôts du monde.
« Si tu peux laisser mentir sur toi toutes les bouches folles sans mentir toi-même d’un mot(…) tu seras un homme mon fils » écrivait Kipling.
Eh bien pour ma part je n’hésite pas à dire en présentant Benoît XVI « Ecce homo », voici « l’homme » !
A l’heure où d’autres goûtent tranquillement à une retraite légitime, ployant sous les ans, il s’avance devant le tribunal des hommes, il ose s’aventurer au milieu de l’arène et tenir des propos de vérité aux aspirants Pilate de notre monde, à tous les détenteurs du magistère de la culture de la mort.
Il se fait donner des leçons de courage par le théologien suisse Hans Kung, cette boursouflure d’égocentrisme, qui ose prétendre que le courage est du côté de ceux qui, comme lui, demandent la levée du célibat des prêtres ou l’ordination des femmes, le droit au divorce, contestent la loi naturelle... Comme si le courage consistait à faire écho aux revendications du monde. Des éditorialistes insanes lui ordonnent de suivre la voie qu’ils lui désignent. Les médias, dans une orgie mimétique - dont nous croyions jusque-là que seuls les marchés financiers avaient l’apanage - reprennent tous les mêmes accusations mensongères, manipulent ses propos, désinforment.
On parlait d’athlète de Dieu pour qualifier Jean Paul II, Benoit XVI, lui, doit être vu comme son héros.
Ça suffit ! Nous autres catholiques avons été menés en bateau. Et nous voici au cœur de la grande épreuve. Elle est semblable à celle qui terrifiait les apôtres sur le lac Tibériade. Naïvement, nous avons cru possible la grande réconciliation avec le monde, mais le monde n’a jamais eu pour autre ambition que de nous retourner comme des crêpes. Et si nous renonçons à le convertir, c’est lui qui nous convertira. En nous complaisant dans une foi invertébrée, donnant des gages à ceux qui la relèguent du côté de la seule subjectivité, nous les avons invités à occuper tout l’espace public, à formuler les lois conformes à leurs propres religion et métaphysique et ils prétendent maintenant nous enseigner le contenu même de notre foi.
Ça suffit ! Nous, catholiques, sommes les dépositaires d’une science (de Dieu, du monde et des hommes) deux fois millénaire. Nous sommes des héritiers dont la mission consiste, comme dans la parabole des talents, à faire fructifier cet héritage. Nous avons à nous tenir droits au milieu des tempêtes, le regard tourné vers le foyer de notre foi : le Christ, notre vigie, toujours tendu de toutes les fibres de son être vers le Père. Même quand notre peu de foi le croit assoupi.

Julien Gunzinger