Vendredi Saint 2008

Je publie avec plaisir ce long, et très documenté article de mon ami François H. (4/9/2010)

Il est en passe de devenir une plume récurrente de ce blog, ce dont je me réjouis.
Voir ici:
-> Une lettre à Mgr Rouet
-> Dictionnaire des idées reçues...
-> Une Conférence des "Baptisés" de France?

Il ne s'agit nullement de régler les comptes (même si... il y aurait parfois de quoi, voir par exemple ici, et ) mais de regarder les faits.

Pour des raisons de mise en page, j'ai seulement reproduit l'introduction et la conclusion, l'ensemble de l'article ayant été converti en un fichier PDF: lecatholicismedelacroix.pdf [321 KB] [où j'ai essayé de détacher clairement, par la couleur l'article lui-même (noir) des nombreuses citations du journal (bleu), et où je me suis permise de mettre en gras quelques paragraphes significatifs].

Une précision importante. L'article n'est pas une "tribune", en ce sens que j'en partage totalement le contenu (sinon, je ne le publierais pas).
L'auteur écrit en effet à juste titre:
-----------
"Si le ton pondéré de la fausse neutralité prévaut dans la plupart des articles « Religion » de l’édition papier ... qui évitent d’ailleurs souvent les questions directement discutées, La Croix dispose de trois moyens pour faire entendre une parole plus affirmée, plus engagée dans les débats actuels du catholicisme français :
le recours à des tribunes, les blogues « Religion » sur internet et la critique de livres religieux, qui sont autant de manières de dissocier ces textes de la responsabilité du journal."
-----------

Il est évident pour moi qu'une "tribune" est un artifice journalistique destiné officiellement à se démarquer des opinions exprimées, en restant dans une prudente et hypocrite neutralité. Cette pratique existe dans tous les "grands" journaux. Mais il est non moins évident que ces journaux ne publient que les tribunes qui confortent la ligne éditoriale. Par exemple, Le Monde, qui relaie très complaisamment les "tribunes" de Hans Kung, avait refusé une réponse du Père Michel Viot . Et le NYT avait refusé un texte de l'archevêque de New York, Mgr Nolan, à propos des affaires de pédophilie dans l'Eglise.
Il en va de même dans le choix des dépêches de l'AFP publiées sur le site internet...

Au chapitre de la critique des livres religieux (encore que je ne suis pas sûre qu'on puisse les ranger dans cette catégorie), il faudrait ajouter la recension très bienveillante par Michel Kubler des oeuvres de "Pietro de Paoli" (qui intervenait d'ailleurs directement, sous anonymat, sur le blog ouvert spécialement pour le voyage en Terre Sainte), notamment Vatican 2035, et La confession de Castelgandolfo, bien en évidence dans les gondoles de la librairie La Procure, avec un bandeau sans équivoque "recommandé par La Croix"!!
(Pietro de Paoli dispose désormais d'une notice sur wikipedia, dont je constate qu'elle vient tout juste d'être mise à jour...)

 

Introduction


Depuis l’agitation médiatique du début de l’année 2009, il est devenu habituel, dans certains milieux catholiques, de pointer les insuffisances supposées de la « communication vaticane ». C’est notamment la thèse d’un ouvrage assez remarqué de Bernard Lecomte, Pourquoi le Pape a mauvaise presse. Mais c’est également la thèse d’une bonne partie de la presse catholique française, et tout d’abord de son titre le plus célèbre, le quotidien La Croix. Voici ce qu’on pouvait y lire dans un article du 2 mai 2010 :

La communication du Saint-Siège avait fait l’objet de nombreuses critiques au printemps 2009 après les différentes affaires qui avaient secoué l’Église. Dans la tourmente des affaires de pédophilie, les récents propos non contrôlés du P. Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, les explications autour de l’homosexualité du cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, ou des confidences de cardinaux émérites alimentant la théorie du complot contre l’Église ont allumé de nouveaux incendies.

Je n’ai pu, à la lecture de ces lignes, réprimer un certain sentiment de malaise. On peut noter tout d’abord le soin que met le journaliste à conserver le ton de la prudence et de la réserve : qu’y a-t-il de plus vague, de plus imprécis, de plus apparemment incontestable que ces « nombreuses critiques » dont parle le journaliste ? L’expression a ceci de commode, qu’elle permet d’éluder aussitôt d’une part l’ampleur réelle des critiques, de l’autre l’origine elle-même de ces critiques. Plus précisément, l’origine de ces critiques est attribuée aux maladresses des uns et des autres. Ce qu’élude vraiment le journaliste, c’est le fond de la question. Le P. Cantalamessa, le Cardinal Bertone ou les cardinaux émérites sont désignés comme les responsables des « incendies » médiatiques : ce que refuse absolument et catégoriquement La Croix, c’est la simple idée d’un « complot » contre la sainte Eglise et le vicaire du Christ, le Saint-Père Benoît XVI.
Surtout, je n’ai pu m’empêcher de me poser une question : pourquoi, si Céline Hoyeau et Frédéric Mounier, auteurs de cet article, déplorent à ce point les insuffisances de communication, pourquoi ne s’emploient-ils pas à entreprendre la clarification qui selon eux fait défaut ? Pourquoi, par exemple, n’ont-ils pas justifié les propos du Cardinal Bertone par les faits, qui lui donnaient raison ?
Pourquoi sont-ils restés eux-mêmes à ce que l’affaire avait de plus superficiel, savoir : une simple controverse médiatique ; si l’on peut parler de controverse, alors que toute la parole est laissée à un seul camp, celui des détracteurs de l’Eglise du Christ ?
J’avais déjà été frappé, au début de l’année 2009, par le peu d’ardeur qu’avait mis La Croix à défendre le Saint-Père, alors attaqué par une horde unanime de journalistes désireux d’en découdre avec l’Eglise catholique.
Rappelons que La Croix est la propriété du groupe Bayard, dirigé par des religieux assomptionnistes. Il s’agit d’un journal catholique, du journal qui aurait dû être le premier à pallier par l’information les carences supposées de la communication vaticane. Une question s’impose donc : pourquoi, s’il n’y a pas de complot contre l’Eglise catholique, si les médias n’ont a priori aucune malveillance envers elle, pourquoi donc ces controverses ont-elles éclaté ? Si la grande presse n’a pour le fait religieux qu’indifférence ignorante, pourquoi le Pape a-t-il été à ce point attaqué ? Involontairement, La Croix, en refusant l’hypothèse d’une hostilité systématique des médias envers l’Eglise catholique, ne montre que trop clairement la responsabilité de la presse chrétienne : et si ce défaut d’information que déplorent sans cesse les journalistes de La Croix n’était que leur propre fait ?
C’est en me posant de telles questions que j’ai décidé de lire, aussi attentivement que possible, des articles de ce quotidien. On pourra me trouver inutilement sévère, ou dire que je prête aux journalistes des intentions qu’ils n’ont pas. Je n’entends en fait leur prêter aucune intention particulière, mais seulement analyser le contenu de leurs textes en vue d’en dégager le sens. On pourra aussi me trouver injuste : il m’arrive, parfois, de lire dans La Croix de beaux articles ; je me souviens de deux textes de Frédéric Mounier, l’un sur la messe de Noël du Saint-Père, l’autre sur la clôture de l’année sacerdotale, qui m’ont paru beaux et justes, illuminés par la foi en Jésus-Christ et en l’Eglise qu’Il a instituée. D’autres textes, en revanche, laissent gravement à désirer. Ce qui frappe, à la lecture de La Croix, c’est ce ton de pondération, de mesure, de réserve et presque de retrait qui y prévaut. (...)

* * * * * *

Conclusion:



Des questions s’imposent : pourquoi, mais pourquoi un journal catholique, le journal qui aurait dû réparer les dommages causés par les mensonges de la grosse presse, pourquoi ce journal s’est-il « dérobé devant les loups », comme le dirait Benoît XVI, quand il n’a pas hurlé avec eux ?
Pourquoi tant de mensonge, tant d’hypocrisie, tant de partis pris sous le couvert d’une fausse pondération ? Pourquoi tant de pitié dédaigneuse pour le Saint-Père Benoît XVI ?
Pourquoi si peu d’amour pour l’Eglise du Christ, si peu de bienveillance sincère ou au moins de franc respect pour le Successeur de Pierre, pourquoi tant de désinvolture pour le dépôt de la foi, la doctrine sacrée, la sainte Tradition de l’Eglise ?
Pourquoi ce journal, qui porte le nom de la Croix de Notre-Seigneur, crucifie-t-il sans arrêt la sainte Eglise en la livrant au jugement d’une multitude de Pilate ?

Une seule chose est certaine : par souci d’honnêteté intellectuelle et par respect pour ses lecteurs chrétiens, La Croix devrait se demander, à l’image de La Vie ex-catholique, qui a au moins pour elle le mérite de la franchise, si elle ne devrait pas elle aussi changer de nom.

Tout le reste est à lire ici: lecatholicismedelacroix.pdf [321 KB]